La journée a été longue, même très longue, hier à Koulouba. Le président de la République, Ibrahim Boubacar Kéïta, a reçu les deux groupes politiques (majorité présidentielle et opposition). L’objectif de cette série de rencontres était de partager, avec la classe politique, les visions des autorités sur les divers dossiers brulants qui coupent le sommeil au pouvoir. Il s’agit de la rocambolesque affaire de contrat d’achat d’avion présidentiel et de fourniture de matériels militaires à notre armée nationale, la situation épidémiologique du virus Ebola au Mali et le point sur les négociations inter-Maliens à Alger. Sur chacun des dossiers, le locataire de Koulouba a assené sa vérité à ses interlocuteurs.
Si, avec l’opposition, le ton ne pouvait être autrement que conciliant, il a été particulièrement plus amer avec la majorité présidentielle. IBK est très fâché du manque de dynamisme de ses amis. Il s’est dit déçu de leur incapacité à remplir les petites salles du Centre international de conférences de Bamako, notamment à un moment où il a besoin de sentir leur soutien. Le hic est qu’au moment où la majorité s’essouffle, l’opposition remplit la salle pour peu. Le Président de la République, en parlant de la sulfureuse affaire d’acquisition de l’avion présidentiel, a rappelé que beaucoup de choses se disent, mais en un moment, des voix les plus autorisées doivent se lever pour rectifier le tir. Celles-ci ne doivent venir nulle part que de la majorité. Mais, hélas ! Elle est non seulement inaudible mais peu convaincante. Or, une majorité présidentielle doit être active, confiante travaillant en bonne intelligence avec le gouvernement pour expliquer les projets de développement en cours et apporter des réponses à certaines interrogations. IBK a été on ne peut plus clair, il veut une majorité intelligente et non complice, docile et incapable d’apporter sa voix au rendez-vous du débat politique sur des sujets intéressants la vie des citoyens. Malheureusement, il en est ainsi. C’est pour cette raison, que le Chef de l’Etat est sorti de ses réserves pour galvaniser sa troupe à soutenir le gouvernement. Pour lui, le disque de la scandaleuse affaire d’achat d’avion présidentielle, est suffisamment rodé, qu’il faille le changer. A l’en croire, il fallait faire le choix entre l’achat d’un nouvel appareil et la location, qui revenait plus cher. Et, si c’est à refaire, il n’hésiterait pas à le rééditer. Car, c’est une question de souveraineté.
Le chef de l’Etat, au charbon a besoin naturellement des gens qui lui donnent du coup de vent pour avoir plus de souffle à tenir le bateau Mali, qui est en train de tanguer. Mais, pouvait-il en être autrement ? Certainement pas. Car, la majorité présidentielle au Mali a toujours été remplie par des figurants, qui ne représentent parfois que leur seule personne. IBK a dû oublier qu’il était ainsi sous le régime du président Konaré, alors qu’il occupait la Primature. Le bloc présidentiel était constitué des partis à représentativité fabriquée, parfois au gré des événements. C’était le même scénario avec ATT. Aujourd’hui c’est son tour de gérer cette cohorte bande de vautours, qui se déplace d’un cadavre à un autre.
Mohamed. A. Diakité