C’est chaud, même très chaud au sommet de l’Etat après la publication de notre article sur la nomination de 17 ambassadeurs et 3 consuls, le vendredi 16 avril 2021. Cet article qui précise les noms et les postes des promus, a créé la panique au ministère des Affaires étrangères et de la Coopération internationale. Apparemment, le président de la Transition, Bah N’Daw et le vice-président, le colonel Assimi Goïta, n’avaient aucune information sur cette proposition du ministre Zeïni Moulaye. Puisque certains proches collaborateurs directs d’Assimi Goïta figurent sur cette liste comme son conseiller diplomatique, Mme Traoré Binta Diop, pressentie pour être ambassadrice du Mali à Libreville, au Gabon. Face à cette situation, Bah N’Daw et Assimi Goïta étaient apparemment fâchés de cette attitude du ministre Zeïni Moulaye. Selon nos informations, le président de la Transition a finalement décidé de bloquer toutes ses nominations en attendant d’y voir clair. C’est dire que la nomination de beaucoup de personnalités risque d’être remise en cause. Puisque Bah N’Daw ne veut plus entendre parler de cette “fameuse liste”.
Notre article intitulé “Affaires étrangères et Coopération internationale : 17 ambassadeurs et 3 consuls bientôt nommés”, paru dans notre édition n°261 du vendredi 16 avril 2021 a suscité beaucoup de commentaires dans beaucoup de milieux jusqu’au sommet de l’Etat.
De sources proches de Koulouba, le président de la Transition, Bah N’Daw et le vice-président, le colonel Assimi Goïta étaient très étonnés de voir les noms de certains de leurs proches collaborateurs cités aux postes d’ambassadeurs ou de consuls. Surtout que l’article est exhaustif sur les noms et les lieux d’affectation des uns et des autres.
Au département des Affaires étrangères et de la Coopération internationale, ce fut la panique totale à commencer par le ministre lui-même Zeïni Moulaye, selon nos informations. Il a été d’ailleurs interpellé par ses chefs ; à savoir : Bah N’Daw et Assimi Goïta.
Le tout est parti de l’actuelle chargée de mission au cabinet du vice-président, chargé des questions diplomatiques, Mme Traoré Binta Diop dont le nom figure pour être ambassadrice du Mali à Libreville, au Gabon. Le colonel Assimi Goïta (tout comme l’époux de la “promue”, un militaire au front), n’était pas au courant que son conseiller diplomatique est pressenti à un nouveau poste comme ambassadrice.
Face à cette situation, il était dans l’obligation de s’informer auprès du président Bah N’Daw. Apparemment, le chef de l’Etat aussi n’avait aucune information. Et la personne la mieux indiquée pour en savoir plus n’était autre que le ministre des Affaires Etrangères et de la Coopération Internationale, Zeïni Moulaye.
Selon nos informations, cette fameuse liste était une proposition du ministre avec certains de ses proches collaborateurs. Alors question, comment une telle information a pu se retrouver sur la place publique ? C’est cela qui a créé une vive tension au département, le ministre Zeïni Moulaye soupçonnant certains cadres d’être à l’origine de la fuite. Comme il fallait s’y attendre, le ministre était dans tous ses états. Et une enquête est ouverte pour situer les responsabilités et châtier le ou les coupables.
De toute façon, le président de la Transition, Bah N’Daw, et le colonel Assimi Goïta n’ont pas apprécié cette attitude du ministre Zeïni Moulaye. Dès lors, la situation est tendue entre eux.
Pour qui connait Bah N’Daw, reconnu par son intégrité morale, il a finalement décidé d’ajourner les nominations afin de voir clair dans cette affaire. Ce qui prouve à suffisance que beaucoup de personnes risquent de ne plus voir leurs noms pour être ambassadeurs ou consuls.
Déjà, certaines personnes sont aujourd’hui dans la logique de refuser l’offre comme le général de division Oumar Daou dit Baron (ancien chef d’Etat-major particulier d’IBK) dont le nom est cité pour être le futur ambassadeur du Mali à Malabo, en Guinée équatoriale.
C’est dire que cette situation au sommet de l’Etat est très déplorable. Visiblement, le ministre Zeïni Moulaye avait oublié qu’il y a des ministères de souveraineté réservés au président de la Transition. Il s’agit de la Défense, de l’Economie et des Finances, de l’Administration territoriale, de la Sécurité et surtout des Affaires étrangères et de la Coopération internationale.
Notons que 17 postes d’ambassadeur et 3 postes de consul sont présentement vacants. Il s’agit de Paris (France), Tripoli (Libye), Niamey (Niger), Dakar (Sénégal), Ouaga (Burkina Faso), Libreville (Gabon), Riyad (Arabie saoudite) et Koweït au compte des ambassades. Récemment, 9 autres ambassadeurs ont été rappelés après la fin de leur mission. Les ambassades concernés sont Madrid (Espagne), Abu Dhabi (Emirats arabes unis), Malabo (Guinée équatoriale), Brazzaville (Congo), Pretoria (Afrique du Sud), Doha (Qatar), Caire (Egypte) Moscou (Russie) et Unesco à Paris (France).
Et au niveau des consulats, il s’agit de Bouaké (Côte d’Ivoire), Douala (Cameroun) et Guangzhou (République populaire de Chine)
En attendant la nouvelle liste, nous revenons sur les noms cités pour être les futurs ambassadeurs et consuls.
Le général de division Mahamane Touré (son nom était cité pour être le Président de la Transition) est désormais pressenti à Moscou. Cet ancien directeur général des douanes est actuellement directeur du Centre d’études stratégiques des Affaires étrangères.
L’ancien directeur général de la police, l’inspecteur général Moussa Ag Infahi, prépare ses bagages pour Niamey, au Niger, tandis que l’actuel secrétaire général du ministère des Affaires étrangères et de la Coopération internationale, Boubacar Gouro Diall, est pressenti à Paris, sûrement pour remplacer Toumani Djimé Diallo. Le jeune cadre de l’URD, Dr. Madou Diallo, est promu ambassadeur du Mali auprès de l’Unesco à Paris en remplacement d’Oumar Kéita. Actuellement, il occupe le poste de directeur des organisations internationales des Affaires étrangères.
L’ambassadeur-directeur Asie-Océanie au département des Affaires étrangères, Mahmoud Arby, va finalement quitter son bureau à Bamako pour être l’ambassadeur du Mali au Qatar, tandis que l’actuel chargé du protocole du Premier ministre, Mahamadou Sidoro, est pressenti comme consul à Guangzhou, en Chine, et l’actuel ambassadeur directeur de l’Amérique des Affaires étrangères, Fidel Diarra, est promu à Ouagadougou, au Burkina Faso pour remplacer Amadou Soulalé.
El hadj Mahamane Traoré serait le futur ambassadeur du Mali à Madrid, en Espagne. Ce poste était occupé par le général Abdoulaye Koumaré, ancien ministre. Le nom de l’actuel directeur des affaires juridiques du Département est cité pour être ambassadeur du Mali à Dakar, au Sénégal, et l’actuel directeur adjoint des affaires juridiques du ministère est promu Consul à Douala, au Cameroun.
Le nom de l’actuel directeur des ressources humaines des Affaires étrangères, Broulaye Traoré, est cité pour occuper le poste de consul à Bouaké, en Côte d’Ivoire. L’actuel inspecteur en chef des services diplomatique des Affaires étrangères et l’actuel directeur du Protocole de la République des Affaires étrangères, Ibrahim Alassane Maïga, sont respectivement pressentis à Pretoria en Afrique du Sud et à Brazzaville.
L’actuel ministre conseiller à l’ambassade du Mali à Pretoria, en Afrique du Sud, Mohamed Ouzouna, est pressenti à Koweït City tandis que l’actuelle chargée de mission au cabinet du vice-président, chargé des questions diplomatiques, Mme Traoré Binta Diop, est pressentie à Libreville, au Gabon. Ce poste était occupé par Amy Kane, qui a rendu sa démission, il y a quelques mois.
Le général B. Dicko est pressenti au Caire, en Egypte et le général de Brigade K. Cissé, lui, est pressenti à Tripoli. Un certain A. B. Yattara est pressenti ambassadeur du Mali à Abu Dhabi, aux Emirats arabes unis. Enfin, l’actuel directeur de l’Afrique des Affaires étrangères est attendu à Riyad, en Arabie saoudite.
El Hadj A.B. HAIDARA
Source: Aujourd’hui-Mali