Il y a beaucoup de non-dits dans cette fusion-absorption de la compagnie d’or Randgold Resources (2ème producteur d’or africain) et le Numéro 1 mondial de l’or, Barrick Gold, une société canadienne. Lors de la conférence de presse, le patron de Randgold Resources, Dr Mark Bristow, avait de la peine à convaincre sur cette transaction d’une valeur de 18,3 milliards de dollars US, près de 9 100 milliards de FCFA. Puisque certains parlent de rachat de près de 67% des actions de Randgold par le géant canadien Barrick Gold. D’où l’inquiétude au sein des travailleurs des mines de Randgold au Mali.
La fusion ou le rapprochement entre la société canadienne Barrick Gold et son “concurrent” britannique Randgold Resources continue de défrayer la chronique dans les milieux d’affaires, plus précisément dans le secteur minier. Ainsi, depuis le 25 septembre 2018, ces deux grandes sociétés aurifères ont scellé un accord de fusion. On parle d’une transaction toute en actions de 18,3 milliards de dollars US, soit 15,5 milliards d’Euros. Ce qui donnera naissance au numéro 1 mondial de l’or en termes de capitalisation boursière. En tenant compte de la dette, la valeur d’entreprise de la nouvelle entité née du rapprochement entre Barrick Gold et Randgold Resources, qui s’appellera Barrick, ressort à 24,1 milliards de dollars. Il s’agit, selon les spécialistes, “de la plus importante opération de fusion & acquisition depuis des années dans l’industrie aurifère, dont les acteurs ont été fustigés ces dernières années par les investisseurs pour leur piètre gestion des capitaux”.
Et voilà pourquoi on parle également d’une opération de rachat dans cette affaire. D’où le titre de Reuters : “Barrick Gold rachète Randgold pour créer le N°1 mondial de l’or” sur son site internet en date du 25 septembre 2018. Selon Reuters, “la Société canadienne Barrick Gold a accepté d’acheter Randgold Resources dans le cadre d’une opération portant sur les actions de 6 milliards de dollars afin de créer le plus grand producteur d’or au monde dans une industrie sous la pression des investisseurs qui veulent mettre à profit les capitaux”.
Selon le site internet L’Opinion, “les actionnaires de Barrick détiendront 67% de la société fusionnée et les investisseurs de Randgold en détiendront 33%” tout en précisant les sociétés.
Malgré tout, le patron de Randgold Resources, Dr Mark Bristow, n’a pas pu donner toutes informations claires de cette affaire, lors de sa traditionnelle conférence de presse, tenue le mardi dernier. Beaucoup de journalistes sont restés sur leur faim. En écoutant Mark Bristow, on a l’impression d’une fusion simple. Sans aucun intérêt financier. Tandis que Randgold Resources va perdre près de 67% de ses actions au profit de Barrick Gold. Déjà, l’inquiétude plane chez les travailleurs, puisqu’il y a risque de licenciement de certains agents. Raison pour laquelle, le Syndicat aurait déjà commencé à préparer les travailleurs sur le calcul des primes, en cas de licenciement. C’est dire que cette affaire est sérieuse.
En tout cas, il y a beaucoup de non-dits dans cette fusion ou “rachat”. La question qui est sur toutes les lèvres, c’est de savoir qu’est-ce que Mark Bristow de Randgold Resources et John Thornton, actuel Président Exécutif de Barrick Gold se cachent ? Puisque Dr Mark Bristow n’a pas été très convaincant face aux hommes de média.
Il est nécessaire de préciser : “cet accord rassemble deux cadres ayant des styles de leadership et des parcours différents. Deux tiers des administrateurs du Conseil d’administration du nouveau Barrick seront nommés par Barrick et un tiers par Randgold Resources”.
Déjà, cette fusion entre Barrick et Randgold est en train de créer de polémiques dans certains pays où Barrick opère, notamment en République Démocratique du Congo (RDC). Dans ce pays, l’Etat rappelle à la société canadienne Barrick Gold et Randgold leurs obligations concernant l’opération de fusion. Selon l’article 276 du code minier congolais, tel que modifié et complété à ce jour : “Toute modification de l’actionnariat d’une société de droit congolais ou de droit étranger, ayant le contrôle d’une société filiale associée ou actionnaire dans une société titulaire d’un permis d’exploitation et entraînant la prise de contrôle de la société filiale contrôlée, est également soumise à l’accord préalable de l’Etat.”.
Et cette fusion se tient au moment où la société Randgold Resources vient de bénéficier d’une exonération fiscale au Mali. Elle a obtenu à travers une convention signée avec les autorités maliennes, une réduction d’impôts de 50% pour les 4 prochaines années. Cela afin de soutenir la réalisation d’une super fosse à Gounkoto.
De toutes les façons, certains spécialistes des mines qualifient Randgold Resources comme étant “une organisation décentralisée, sans véritable siège, qui lui permet de limiter au plus bas ses coûts d’administration”.
Selon certains analystes : “l’état-major de Randgold, piloté par Mark Bristow, patron mobile, est éparpillé entre Jersey, Havre fiscal britannique où la compagnie est immatriculée, Londres et New York où elle est cotée et où elle a des bureaux de représentation, l’Afrique du Sud où le Groupe dispose d’une base logistique et où il raffine son or et une dizaine d’implantations minières sur le continent africain”.
El Hadj A.B. HAÏDARA
Source: Aujourd’hui-Mali