Une mission du bureau du procureur de la Cour pénale internationale est arrivée hier lundi à Bamako. Avec cette mission d’évaluation à forte portée symbolique, des enquêteurs de la justice internationale se pencheront sur toutes les atrocités commises au Mali depuis janvier 2012. En effet, il faut rappeler que la procureure de la CPI, Fatou Ben Souda, avait obtenu le feu vert des juges pour envoyer une équipe dans notre pays. Les récents événements meurtriers survenus à Kidal avec une déroute de l’armée malienne seront également passés au crible par les enquêteurs de cette institution.
La procureure de la Cour Pénale Internationale souhaite ainsi enquêter sur les crimes les plus graves commis au Mali depuis janvier 2012, date du massacre perpétré par les indépendantistes du MNLA contre l’armée malienne à Aguelhok.
Cet événement a été suivi par le putsch du 22 mars 2012 qui a précipité l’occupation des trois régions du nord du Mali par les islamistes. Notons que la CPI avait favorablement répondu à la requête du gouvernement malien formulée en juillet 2012 d’ouvrir une enquête sur des crimes de droit international commis depuis le mois de janvier 2012, notamment des exécutions extrajudiciaires, des violences sexuelles, des actes de torture, des disparitions forcées et le recrutement d’enfants soldats.
Rappelons que lors de sa visite effectuée dans notre pays en novembre 2013, la procureure de la CPI, Fatou Ben Souda, avait signalé que les enquêtes préliminaires ouvertes par la CPI se poursuivaient même si elles n’avaient pas encore permis d’identifier formellement un suspect. A travers cette présente mission, l’organisation judiciaire internationale souhaite ainsi accélérer la traque contre les auteurs des crimes de guerre et ceux contre l’humanité commis au Mali. Ainsi, il n’est pas exclu que le dossier du chef de l’ex-chef de la junte, Amadou Haya Sanogo soit remis sur la table lorsqu’on sait que son transfert vers La Haye a été évoqué pendant un certain temps. Des crimes commis durant son règne seront passés au peigne fin par les enquêteurs présents au Mali. La CPI pourrait aussi émettre des mandats d’arrêt contre les auteurs des atrocités commises au nord du pays lors de l’occupation rebello-narcojihadiste.
En effet, en déférant la situation au Mali à la CPI, les autorités maliennes ont également informé le Bureau qu’en raison du retrait des services judiciaires des villes du nord, les tribunaux du pays étaient dans l’incapacité de mener des poursuites sur les crimes commis par les groupes armés au Mali. Mieux, cette mission profitera de son séjour qui durera jusqu’au 30 mai prochain, pour entrevoir la prise en charge des récents événements meurtriers survenus à Kidal suite à la visite mouvementée du Premier ministre le 17 mai dernier. Ainsi, la CPI semble plus que jamais décidée à aider le Mali à tourner cette page sombre de son histoire.
Massiré DIOP
Source: L’Indépendant