SON MANDAT LE LUI PERMETTRAIT-IL ALORS ?
Le vendredi 2 avril 2021, une position de la mission onusienne au Mali (MINUSMA) a essuyé une attaque terroriste à Aguel’hok, dans la région de Kidal, et le bilan fait état de quatre (4) casques bleus tués, tous du contingent tchadien. Suite à cette attaque terroriste, la MINUSMA a déclenché, dans le secteur d’Aguel’hok, des opérations de ratissage qui se sont étendues sur deux jours, les dimanche 4 et lundi 5 avril 2021.
A l’effet de cette opération de ratissage, notre confrère Rfi rapporte que «Après les derniers ratissages effectués dans les environs d’Aguel’hok, les casques bleus de nationalité tchadienne ont découvert de nouveaux corps de djihadistes. Au total, du début des évènements le vendredi à ce lundi, 41 corps d’assaillants ont été retrouvés. Parmi eux, se trouvait celui de quelqu’un présenté comme Abdoulah Ag Albaka. Il serait l’un des bras droits d’Iyad Ag Ghali, le chef du Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans. Cinq djihadistes ont également été arrêtés au cours de la même période. Des détails sont désormais disponibles sur les évènements de vendredi. Par exemple, certains djihadistes portaient des treillis de l’armée tchadienne, des uniformes qu’ils ont acquis illégalement pour semer le doute et pour surprendre. Par ailleurs, l’acte de bravoure du capitaine Abdel Razak Hamid Baré, l’un des quatre casques bleus tchadiens tués, est raconté par l’état-major de la MINUSMA : alors qu’un véhicule piégé des djihadistes avançait vers le camp d’Aguel’hok, cet officier est allé à sa rencontre avec un blindé pour empêcher l’ennemi de faire d’énormes dégâts. C’est là qu’il a été tué. Puis la détermination de ses camarades, poursuit la même source, a finalement permis de contenir l’assaut et même de mettre en déroute les djihadistes, dont une quarantaine donc aura été tuée ». C’est donc dire, à la suite de l’attaque de sa position à Aguel’hok, la MINUSMA a déclenché une riposte foudroyante qui s’est finalement soldée par la ‘’neutralisation’’ d’une quarantaine de terroristes. Mais au-delà du fait que les Maliens se soient unanimement réjouis des résultats de cette riposte, la question que se posent les citoyens est aussi celle de savoir si le mandat de la MINUSMA lui permet de mener des opérations militaires de cette envergure.
En effet ce questionnement a bel et bien sa part de pertinence dans la mesure où, dans les arcanes de la diplomatie onusienne, on a toujours soutenu avec véhémence que « jamais on ne fera d’une force de maintien de la paix, une force de contre-terrorisme efficace, car ce n’est pas sa vocation »
Depuis son déploiement au Mali, en 2013, la MINUSMA s’est toujours abstenue de se mêler de l’option militaire dans le cadre de la lutte contre le terrorisme. Cela, nonobstant les nombreuses fois où elle a eu à essuyer des attaques djihadistes. Cette espèce de passivité par laquelle s’est toujours illustrée la mission onusienne au Mali, avait fini par provoquer l’ire non seulement des populations mais aussi de certaines plus hautes autorités de la sous-région du Sahel Central. C’est eu égard à ce constat, avec un arrière-goût de déception, que bon nombre d’organisations de la société civile, de partis politiques, de leaders d’opinion et même de Chefs d’Etat et de Gouvernement, avaient souvent mis à profit des tribunes d’expression pour dénoncer la non-intervention de la MUNISMA dans la lutte antiterroriste au Mali. On se souvient que le président de la République d’alors, Ibrahim Boubacar Keïta, avait fait part de son agacement quant à certaines attitudes des casques bleus dans la gestion de la crise malienne.
D’ailleurs le président IBK n’a pas été le seul à faire part de son insatisfaction en ce qui concerne la politique de gestion de la crise malienne, telle qu’envisagée et appliquée par la mission onusienne au Mali
Rappelons que le président Burkinabé, Roch Marc Christian Kaboré, alors président en exercice du G5-Sahel avait déclaré à la tribune de la 74ème Assemblée Générale des Nations Unies : « Les Chefs d’Etat ont fait le constat du caractère inopérant de la MINUSMA à faire face au terrorisme au Mali, en raison des limites du mandat qui lui a été confié par le Conseil de Sécurité. Il apparait inconcevable, avec douze mille (12.000) hommes et des moyens substantiels, que cette force ne puisse pas contribuer efficacement à la lutte contre le terrorisme dans ce pays… ». Donc si aujourd’hui on voit cette ‘’Force de maintien de la paix’’ aller à la trousse des terroristes, il y a vraiment de quoi être perplexe. Le mandat de la MINUSMA a-t-il été renforcé au point de lui permettre d’en découdre militairement avec les terroristes ? Pas si sûr étant donné que nul n’a été informé de ce renforcement de mandat. Si la mission onusienne ne devait se cantonner que sur son rôle de ‘’Force de maintien de la paix’’, devrait-on alors comprendre qu’elle a outrepassé ses attributions en menant une guerre qui n’est pas de son ressort. Alors avis aux organisations de défense des droits de l’homme.
El Hadj Mamadou GABA
Source : Le Soir De Bamako