Le chef de file de l’opposition, l’honorable Soumaïla Cissé, président de l’Union pour la République et la démocratie (Urd) était devant la presse hier jeudi 30 juillet 2015 à la maison de la presse de Bamako pour évoquer les sujets majeurs de la nation. De l’institution du chef de file de l’opposition en passant par les scandales et dérives qui caractérisent le régime en place. Bref, aucun domaine n’a été occulté par le conférencier. Cette conférence de presse intervient après la nomination de Soumaïla Cissé comme chef de file de l’opposition politique par décret N°2015-0428/P-RM en date du 10 juin 2015, signé par le Président de la République IBK. Mais, il ressort de cette conférence de presse, qu’il y a un flou artistique autour de la mise en place des membres du cabinet du chef de file de l’opposition, car le projet de décret fixant la composition du cabinet du chef de file de l’opposition politique, les avantages du chef de file de l’opposition politique et les avantages des membres de son cabinet n’a pas encore été adopté par le Gouvernement.
Après la signature du décret nommant le chef de file de l’opposition, ce dernier attend toujours les fonds pour la mise en place de son cabinet. D’ailleurs, à ce stade, rien n’est clair quand au processus de mise en place dudit cabinet. Car non seulement, personne ne connaît le nombre exact, les avantages des membres du cabinet, mais aussi le projet de décret fixant tout ceci n’a pas encore été adopté par le gouvernement. Lors d’une réunion préparatoire le 9 juin dernier, le nombre de membres du cabinet du chef de file de l’opposition était fixé à six. Mais, à défaut du décret, rien ne prouve que ce nombre soient maintenu, revu en baisse ou en hausse. En attendant, le flou règne autour du statut de l’opposition et le chef de file de l’opposition, sans fonds ni rien, n’existe que de nom. Dans les textes, le chef de file de l’opposition, Soumaïla Cissé a tous les honneurs, mais rien de concret. Le gouvernement est donc interpellé pour la bonne marche de la démocratie. Selon le conférencier : « Il est devenu plus que nécessaire de traduire en acte la ferme volonté du peuple malien de renforcer les acquis démocratiques par, entre autres, l’amélioration du système électoral, l’octroi à l’opposition de moyens politiques, juridiques et financiers lui permettant d’exercer son rôle et de garantir ses droits. De nombreuses études et réflexions ont été menées en vue de la consolidation de notre démocratie. La dernière étude est celle instruite par le président de la République suivant la lettre de mission N°00000030/PRM du 20 février 2008 dont les conclusions pertinentes ont révélé la nécessité de doter l’opposition d’un véritable statut ». Il a mis l’accent sur les droits et devoirs de l’Opposition. Selon lui, l’une des missions essentielles de l’opposition politique est de suivre l’action gouvernementale, de la critiquer de façon objective et constructive dans le sens du renforcement de l’idéal démocratique et du progrès. Il a fait savoir que les crédits nécessaires à la prise en charge du chef de file de l’opposition politique et de son cabinet sont inscrits au budget d’Etat. « … A cet effet, à l’invitation du ministre de l’administration territoriale et de la décentralisation, les partis politiques ont participé le mardi 09 Juin 2015 à 15heures à une réunion qui a examiné le projet de décret fixant la composition du cabinet du chef de file de l’opposition politique, les avantages du chef de file de l’opposition politique et les avantages des membres de son cabinet. Ledit projet n’a pas encore été adopté par le gouvernement », a déclaré le challenger d’Ibk aux élections présidentielles passées. De son avis, l’appartenance de l’URD à l’opposition ne souffre d’aucune ambiguïté et sa nomination comme chef de file de l’opposition n’est pas une faveur ou un bonus quelconque accordé encore moins un moyen subtil de le ramener dans les rangs et de le faire taire. « Non, comme je viens de l’indiquer, c’est l’aboutissement d’un processus qui prend naissance dans la constitution du 25 février 1992 et dans certains accords internationaux. Aujourd’hui, c’est Soumaila Cissé, demain ce serait un autre. J’insiste sur ce point, car dès ma nomination, on a focalisé les esprits sur les avantages non encore déterminés du Chef de file de l’opposition tout en occultant son rôle dans le jeu démocratique », a martelé l’honorable Soumaïla Cissé.
« Pour ce régime, le Peuple ne constitue plus une priorité »
Ensuite, le conférencier a dénoncé les dérives et les abus qui continuent de caractériser le régime en place. Aux dires de l’honorable Soumaïla Cissé, les scandales sont devenus la règle. Pour ce régime, le Peuple ne constitue plus une priorité, a-t-il dit. Et de poursuivre que seule une saine distribution de la justice permet de sanctionner les errements inadmissibles. « L’accord issu du processus d’Alger, auquel nous n’avons pas été associés malgré notre insistance, était censé ramener la paix et la quiétude dans notre pays. Hélas ! Depuis la signature dudit document l’insécurité se généralise. Malgré l’arrogance des réponses réservées à nos nombreuses critiques, motion de censure et autres interpellations, les maux demeurent nombreux, les dérives insupportables à tel point que le Président de la République, après les avoir reconnus récemment à l’occasion de la fête de l’Aïd El Fitr, a promis de sévir et d’être impitoyable. Notre opposition a le devoir d’offrir au peuple malien une alternative crédible », a-t-il dit. En réponse aux questions des journalistes, Soumaïla Cissé a fait savoir que l’accord de Ouagadougou négocié par Tiébilé Dramé stipulait la négociation entre le gouvernement et les groupes armés 60 jours après sa signature. Mais 2 ans ont été perdus pour rien, déplore le conférencier. A l’en croire, lors de la démolition des concessions à Souleymanebougou, l’Urd a été sur le terrain pour calmer les ardeurs. «Aucune sanction n’a été infligée aux auteurs des scandales de l’avion présidentiel, de la fourniture des matériels militaires, du passeport et d’engrais frelaté….Le temps du partage du gâteau est révolu », a conclu le conférencier.
Aguibou Sogodogo
source : Le Républicain