Longtemps coupé du pays, Kidal, cette localité du nord-Mali où règne l’anarchie du fait des hommes du Mnla qui ont saccagé les établissements publics, est de nouveau reliée au reste du pays par la voie du Mali qui y résonne désormais. La radio et la télévision nationale y ont repris leur cours normal à la grande satisfaction des populations locales, délivrées ainsi des surenchères guerrières des troupes armées. Un vent nouveau…

Un vent nouveau souffle sur Kidal et ses environnants, désormais débarrassés des surenchères guerrières des troupes armées, notamment les hommes du Mnla qui avaient fini, on le sait, par y régner l’intimidation et les vexations de toutes sortes.

Depuis quelques jours, a-t-on appris de sources crédibles, la radio et la télévision, dont les locaux avaient été littéralement saccagés, ont de nouveau repris du service.

C’est un immense soulagement au sein de la population locale, longtemps coupée de la réalité du pays par des messages hostiles à l’unité nationale, constamment distillés par des hommes en arme dont le seul recours est celui de la force brutale et les menaces de toutes sortes.

Récemment, après avoir subi les pressions de la communauté internationale, qui veille au processus de retour de la paix dans cette partie du pays, le Mnla avait publiquement déclaré qu’il consentait à libérer les locaux des bâtiments publics contrôlés par ses hommes.

A l’arrivée, toujours privilégiant la surenchère propagandiste comme mode d’action, le mouvement armé, à la surprise générale, avait instrumentalisé femmes et enfants, lesquels, sous le contrôle des hommes armés, s’étaient réunis sur les lieux, empêchant le déguerpissement desdits endroits.

Il a fallu attendre que le ton se s’élève, du côté des autorités maliennes, pour voir le Mnla s’employer à quitter les lieux en mettant fin aux manifestations dites spontanées des femmes et des enfants qui, en réalité, sont mobilisées à dessein pour donner un coup de frein à tout processus de paix dans la localité.

Une fois ayant vidé les lieux, à nouveau les stations de la radio et la télévision nationales sont opérationnelles à Kidal où elles émettent depuis Bamako.

Les populations locales, longtemps sevrées des nouvelles du pays, ont pu à nouveau recevoir les émissions des ondes nationales, faisant désormais partie de leur quotidien.

Pour rappel,  il faut noter que les  terroristes djihadistes, qui ont occupé le nord du Mali pendant plusieurs mois en 2012, et les rebelles touareg, un moment leurs alliés, avaient littéralement coupé du reste du pays les trois principales régions du nord du Mali (Gao, Tombouctou et Kidal), qui venaient de passer sous leur domination.

D’ailleurs, ce compagnonnage du Mnla avec ses alliés terroristes a été de courte durée puisque ces derniers ne mettront pas du temps à chasser le mouvement armé touareg qui sera défait et dispersé dans la nature.

Ce n’est qu’à l’arrivée des Français, au compte de l’opération Serval pour la libération du pays, que le Mnla refait surface dans la ville de Kidal.

Dans le même temps, l’intervention militaire française a chassé les jihadistes des trois grandes villes du nord du Mali, exception Kidal, où les émissions de l’ORTM ont repris le cours normal de leur activité.

Ce n’est donc qu’à Kidal que des éléments du MNLA ont continué à occuper l’ORTM, la transformant, selon le gouvernement malien, en «Radio mille collines», du nom de la radio

rwandaise de sinistre mémoire qui, en 1994,avait appelé au génocide des Tutsis provoquant les germes d’une épuration ethnique qui ne disait pas son nom.

Ce n’est donc pas un hasard que l’on a assisté, dans cette ville, il n’y a pas encore longtemps, à une descente punitive des éléments du Mnla, lesquels ont perpétré des exactions et des brimades sur les populations noires, vivant dans la ville, dont le seul tort était d’être considérées comme favorables au gouvernement de Bamako.

Les populations noires de Kidal, ce jour-là, ont connu leur pire cauchemar avec en toile de fond des violences physiques, saccage des biens privés et brimades de toutes sortes.

De la même manière, le Mnla, à plusieurs reprises, par le truchement de la manipulation des femmes et des enfants, ont perturbé la visite des officiels maliens, y compris le chef du gouvernement dont l’avion n’a pu atterrir sur le tarmac de l’aéroport de Kidal à cause des manifestants, téléguidés à envahir l’espace aéroportuaire.

Avec le retour de la voix du Mali, symbolisée par les émissions de la radio et la télévision nationales, Kidal devient à nouveau fréquentable.

Il était d’ailleurs temps, car après le rapt, en plein centre de Kidal, devant le domicile de l’un de ses hommes les plus puissants de la ville, et l’assassinat barbare de nos deux confrères français, à douze kilomètres de là, il est avéré que le Mnla, en réalité, ne contrôle rien ici, même s’il prétend y tenir un fief.

Sékouba Samaké

Source: Info-Matin