À l’invitation du Représentant spécial du Secrétaire général et Chef du bureau des Nations unies pour l’Afrique de l’Ouest et le Sahel (UNOWAS), Mohamed Ibn Chambas, les Chefs de mission des Nations unies en Afrique de l’Ouest ont tenu, le 5 mars 2018 à Bamako, leur 32e réunion de haut niveau.
Ont participé à cette réunion, les Représentants spéciaux du Secrétaire général et les Chefs des missions des Nations unies au Mali (Minusma), Mahamat Saleh Annadif, au Libéria (Minul), Farid Zarif, en Guinée-Bissau (Uniogbis), Modibo Touré, et en Afrique de l’ouest et au Sahel (Unowas), Mohamed Ibn Chambas.
L’objectif de cette réunion était de réfléchir et d’échanger sur les dynamiques de paix et de sécurité dans les zones d’intervention respectives des missions et dans la région de l’Afrique de l’Ouest en général et de renforcer la coordination afin de répondre aux défis communs.
Les Chefs de mission ont souligné les récents incidents sécuritaires dans la région, notamment le long des frontières Mali-Burkina Faso-Niger et ont exprimé leurs condoléances aux familles des victimes civiles et militaires. Ils ont aussi souligné la nécessité d’une approche régionale multidimensionnelle pour traiter les questions de sécurité et de développement à travers notamment une coopération renforcée en matière de sécurité régionale pour identifier et faire face aux menaces de sécurité, des mesures visant à prévenir et à combattre l’extrémisme violent et à lutter contre la criminalité transnationale organisée.
Ils ont également souligné l’importance de la coordination au niveau régional sur le développement socio-économique pour améliorer la vie des populations les plus vulnérables de la région tout en s’attaquant aux causes profondes de l’insécurité sous toutes ses formes.
Les Chefs de mission se sont félicités de l’engagement renouvelé des parties maliennes à l’Accord pour la paix et la réconciliation, y compris l’approbation, le 16 janvier, d’une feuille de route prévoyant la mise en œuvre des principales dispositions de l’Accord. Ils ont exhorté les parties signataires à continuer de poursuivre un dialogue constructif, à démontrer leur engagement en faveur du processus de paix et à remplir leurs obligations envers le peuple malien en prenant des mesures concrètes conformément au nouveau calendrier.
La réunion a également pris note des préparatifs en cours pour l’élection présidentielle du 29 juillet et a appelé le gouvernement et toutes les parties prenantes à privilégier le dialogue pour rendre les élections inclusives, pacifiques, libres et équitables.
Les partenaires ont aussi apprécié le rôle positif joué par l’ancien président OlusegunObasanjo du Nigéria en sa qualité de membre du Haut conseil consultatif sur la médiation du Secrétaire général des Nations unies et par le RSSG Mohamed Ibn Chambas d’Unowas, en complément des efforts de bons offices du RSSG Farid Zarif de la Minul, pour aider à assurer un résultat rapide et pacifique du processus électoral.
Les Chefs de mission ont félicité Son Excellence le Président George Weah et le peuple libérien pour leurs élections efficaces et une transition en temps opportun, conformément à la Constitution du Libéria. Ils ont noté que la Minul arrêterait ses activités à la fin du mois de mars et espèrent collaborer étroitement avec le Coordonnateur résident des Nations unies par la suite.
Les participants ont souligné que l’avenir du Libéria demeurait la responsabilité de tous les Libériens et ont lancé un appel à la communauté internationale pour qu’elle intensifie son aide au pays afin de promouvoir la consolidation de la paix et la stabilité durable après le retrait de la Minul.
Les Chefs de mission ont dénoncé les récentes violences électorales en Guinée et ont exprimé l’espoir que les prochaines élections en Afrique de l’Ouest, y compris en Sierra Leone, le 7 mars, renforceront la gouvernance démocratique et participative et maintiendront la tendance dans la région. Ils ont également déploré la faible participation des femmes à la politique et ont fortement recommandé de redoubler d’efforts pour inverser la tendance, conformément aux engagements pris et aux cadres régionaux allant dans ce sens.
Les Chefs de mission se sont félicités du lancement du dialogue inter- togolais le 19 février, ont félicité le président Nana Akufo-Addo du Ghana pour son leadership et ont appelé toutes les parties prenantes togolaises à s’engager de manière constructive pour parvenir à une résolution reflétant les aspirations démocratiques du peuple.
Les Chefs de mission ont salué les progrès réalisés dans le processus de transition en Côte d’Ivoire. Les participants ont toutefois attiré l’attention sur le défi présenté par les prochaines élections sénatoriales prévues pour le 24 mars et sur le fait qu’il est organisé avant les élections locales et régionales. Ils ont noté que dans la période précédant les élections de 2020, il est nécessaire d’intensifier le dialogue politique qui pourrait apaiser les tensions aussi bien au sein de la coalition au pouvoir qu’avec l’opposition. Les participants ont également souligné l’importance de poursuivre les progrès dans la réforme du secteur de la sécurité, y compris la mise en œuvre de la loi sur la planification militaire, ainsi que la cohésion sociale et la réconciliation nationale. La réunion a noté que les bons offices continus de l’ONU resteront essentiels pour accompagner la Côte d’Ivoire à ce moment critique.
Les Chefs de mission ont exprimé leur inquiétude face à la crise politique et institutionnelle prolongée en Guinée-Bissau et ont salué les efforts de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) pour résoudre la crise actuelle et la décision du 4 février d’imposer des sanctions à ceux qui freinent la mise en œuvre de l’accord de Conakry. Les chefs de mission ont jugé nécessaire de partager avec le Conseil de sécurité l’importance de consolider les acquis de l’ONU en Guinée-Bissau.
Ils ont reconnu les contributions de la mission de sécurité de la CEDEAO en Guinée-Bissau (ECOMIB) dans la promotion de la stabilité et ont salué la décision de l’Autorité de la CEDEAO de prolonger son mandat jusqu’au 31 mars 2018. Ils ont appelé les autorités de Guinée-Bissau à respecter le droit de réunion pacifique et veiller à ce que les conditions soient réunies pour organiser des élections législatives et présidentielles pacifiques, inclusives et crédibles respectivement en 2018 et 2019, conformément aux dispositions pertinentes de la constitution nationale et des lois électorales.
Les Chefs de mission ont exprimé leur grande préoccupation face à la fragilité persistante de la situation sécuritaire en Afrique de l’Ouest en général et dans les pays du bassin du lac Tchad en particulier et dans le Sahel, souvent avec des conséquences humanitaires désastreuses. Ils ont fermement condamné les récentes attaques contre les civils, les forces armées nationales et les soldats de la paix et se sont félicités des initiatives régionales visant à lutter conjointement contre les menaces sécuritaires régionales et la criminalité transnationale organisée, notamment le trafic d’armes légères et de petit calibre. Les Chefs de mission ont particulièrement condamné l’enlèvement de plus de 100 écolières à Dapchi, au Nigeria, et ont appelé à leur libération immédiate.
Les Chefs de mission ont reconnu que la présence continue des auteurs de criminalité transnationale organisée, des trafiquants de drogue et des organisations terroristes dans la région exigeait des efforts accrus et coordonnés des Nations unies et autres partenaires internationaux pour aider les autorités nationales à mettre en place des contre-mesures efficaces.
La réunion s’est félicitée des initiatives régionales visant à relever les défis persistants en matière de gouvernance, de sécurité, de besoins humanitaires et de droits de l’homme, y compris la violence sexuelle et sexiste, en Afrique de l’Ouest et au Sahel.
Les Chefs de mission ont noté les progrès accomplis dans la mise en place de la force du G5 Sahel, tout en soulignant que la viabilité et le respect des droits de l’homme est essentiel au succès des opérations militaires. Ils ont également souligné l’importance de veiller à ce que les populations et les communautés soient au centre des efforts du gouvernement ainsi que des partenaires régionaux et internationaux.
À cet égard, ils se sont félicités du recalibrage de la Stratégie des Nations unies pour le Sahel (UNISS) pour améliorer la réponse aux causes structurelles de l’insécurité à travers l’axe développement-humanitaire-paix.
Les Chefs de mission ont salué la participation du RSSG François Loucény Fall d’UNOCA et ont pris note de son exposé sur la situation en Afrique centrale et les efforts déployés par les États et organisations régionaux, notamment la Communauté économique des États de l’Afrique centrale (CEEAC), pour surmonter les défis à la paix, à la sécurité, à la gouvernance et les défis socio-économiques auxquels l’Afrique centrale est confrontée. Ils ont reconnu que certaines de ces questions ont des ramifications transrégionales et mondiales et, à cet égard, se sont félicités de la décision de la CEDEAO et de la CEEAC d’organiser un sommet conjoint dans un avenir proche.
Les Chefs de mission ont réaffirmé l’appui des Nations unies aux efforts régionaux de lutte contre l’insécurité dans le Golfe de Guinée. À cet effet, ils ont salué l’opérationnalisation du Centre interrégional de coordination (CIC) de Yaoundé. Ils ont encouragé UNOCA et UNOWAS à mobiliser les partenaires internationaux afin qu’ils puissent renforcer les capacités du CIC, notamment en contribuant à la réussite de la Conférence des donateurs du CIC prévue au début du mois de juin à Yaoundé.
Les Chefs de mission ont convenu de continuer à coopérer et de renforcer le partage d’informations entre leurs missions sur les questions clés touchant la région.
Les participants ont exprimé leur gratitude au Représentant spécial du Secrétaire général, Mahamat Saleh Annadif, pour l’accueil chaleureux et l’excellente organisation de la réunion.
Assemblée constitutive du Collectif des Défenseurs du Patrimoine foncier à Moribabougou et N’Gabacoro.
Source : Minusma