Avant le champion olympique sud-africain Oscar Pistorius, accusé du meurtre de sa compagne, de nombreux sportifs du continent ont défrayé la chronique judiciaire, à tort ou à raison. Petite liste non exhaustive des affaires les plus récentes.
Une légende de plus dans la tourmente d’un fait divers sordide. Hier, Oscar Pistorius, 26 ans, entrait dans l’histoire en participant aux Jeux Olympiques de Londres avec les valides. Aujourd’hui, le célèbre athlète sud-africain rejoint la liste des sportifs africains qui se sont retrouvés dans le collimateur de la justice. «Blade Runner», aussitôt rebaptisé « Blade Gunner », a été inculpé, le 15 février, du meurtre de sa petite-amie, la mannequin Reeva Steenkamp. «Un accident», selon la défense du coureur aux lames de carbone qui prétend avoir confondu sa compagne à un cambrioleur. L’affaire est instruite devant le tribunal de Pretoria.
Un feuilleton judiciaire en perspective qui devrait passionner l’Afrique du Sud comme ce fut le cas de l’« affaire O.J. Simpson » aux États-Unis. Tout le monde se rappelle de l’ancien roi du football américain, inculpé en 1994 du double meurtre de sa femme Nicole Brown et de son ami Ron Goldman, avant d’être acquitté l’année suivante. Il sera néanmoins condamné au civil, en 1997, à payer 33,5 millions de dollars de dommages et intérêts.
Sur le continent africain, avant Oscar Pistorius, d’autres sportifs se sont également retrouvés dans de sales draps – à tort ou à raison. Voici les affaires les plus marquantes que nous avons repérées dans les chroniques judiciaires du continent.
• Mai 2004, le rugbyman sud-africain Rudi Visagie, 44 ans, tire sur sa fille de 19 ans, Marlé, croyant qu’il s’agissait d’un voleur qui voulait partir avec sa Volkswagen Golf. Atteinte au cou, elle ne survira pas. Devant la police, sa mère explique que c’est bien elle qui a entendu des bruits et a aussitôt réveillé son mari pour le signaler que «quelqu’un était en train de voler la voiture de leur fille». L’affaire émeut l’Afrique du Sud. Après trois mois d’instruction, la justice abandonne finalement les poursuites, estimant que l’incriminé avait suffisamment souffert de la perte de son enfant.
• En 2008, l’ancien international nigérian Godwin Okpara, est reconnu coupable en France de viols répétés sur sa fille adoptive, entre 2002 – elle avait tout juste 14 ans – et 2005. Verdict : 10 ans de prison. Linda, son épouse, poursuivie elle-aussi pour viol et actes de torture et de barbarie, écope de 15 ans de réclusion criminelle. Au cours du procès, l’ancien joueur du Paris Saint-Germain (PSG) n’a reconnu qu’un seul rapport sexuel «consenti» avec la jeune fille, en 2005. Quand son épouse les surprend, le traitement est pire encore pour la victime : tête rasée, tortures et sévices sexuels. La cour d’appel des Hauts-de-Seine a également reconnu le couple coupable d’avoir soumis leur fille adoptive à « des conditions d’hébergement et de travail indignes » dans leur propriété de Chatou, dans les Yvelines.
• Septembre 2010, le Marocain Zakaria Moumni, champion mondial de boxe light-contact en 1999, est arrêté. La justice lui reproche d’avoir soutiré à deux de ses compatriotes 1 200 euros, en échange de la promesse de leur trouver du travail en Europe. Le boxeur est condamné d’abord à 36 mois de prison, avant de voir sa peine réduite à 30 mois en appel. Mais, après seulement 17 mois d’emprisonnement, il est gracié par le Roi Mohamed VI à la suite d’une campagne internationale de soutien dénonçant une condamnation «inéquitable».
• Un mois avant les JO de Londres, en 2012, le Kenyan Ezekiel Kemboi, double champion du monde en titre du 3 000m steeple (2009 et 2011), est accusé d’avoir poignardé une femme lors d’un vol à la portière. Le champion olympique (2004) clame alors son innocence et demande au tribunal de surprendre les poursuites pour lui permettre de participer aux Olympiades. Entre temps, Kemboi remporte à nouveau le 3 000m steeple et la victime retire sa plainte. «Je n’ai eu aucun dédommagement, j’ai juste décidé de le pardonner», annonça-t-elle à la presse locale. Plus de procès donc pour l’athlète à son retour au Kenya.
• Le lutteur sénégalais Balla Gaye 2 est condamné, décembre 2012, à trois mois de prison avec sursis et à une amende de 100 000 FCFA pour coups et blessures sur un mineur. Le tombeur de l’invincible Yekini (15 ans sans défaite), en avril 2012, a reconnu avoir frappé l’adolescent parce que ce dernier l’avait provoqué en amont : «Eumeu mo ko yor», («cet Eumeu Sène le meilleur»), lui aurait lancé le jeune homme. Une circonstance atténuante qui a finalement pesé en faveur au nouveau roi des arènes de la lutte sénégalaise.
• Les poursuites sont en cours contre l’ex-rugbyman sud-africain Joseph Ntshongwana. L’ancien joueur de Blue Bulls de Pretoria est accusé d’avoir assassiné à la hache quatre personnes entre le 20 et 30 mars 2011. Il aurait même décapité l’une de ses victimes. De l’avis des spécialistes, le rugbyman mué en tueur en série souffrirait d’un trouble bipolaire et de schizophrénie. Son procès reprend au mois d’avril 2013. Il sera également jugé pour kidnapping, viol et tentative de meurtre.
Trésor KIBANGULA et Boureima SALUKA