Tout être vivant capable de ressentir plus ou moins confusément son indépendance, sa liberté à l’égard du monde extérieur, éprouve naturellement le besoin d’exprimer sa vitalité et son potentiel physique : « il joue ».
L’animal, l’enfant s’extériorisent ainsi d’instinct, simplement heureux de vivre.
L’homme, lui, a dû rapidement donner à ses jeux un sens utilitaire. Les nécessités implacables de la lutte pour la vie au cours des premiers âges l’ont certainement invité à « s’entraîner » pour se dépasser lui-même dans les « disciplines » de base qu’étaient la guerre et la chasse.
De là à se mesurer avec ses contemporains, il n’y avait qu’un pas que l’orgueil lui fit rapidement franchir : la « compétition » était née. On en trouve des traces dans les plus vieilles civilisations.
Les Chinois faisaient de la gymnastique plus de 3000 ans avant notre ère. Vingt-cinq siècles plus tard avant Jésus Christ, l’armée égyptienne donnait une formation physique intensive à ses troupes d’élite.
Mais il faut attendre un millénaire pour voir la Crète donner jours à des compétitions rationnellement organisées de …danses, de courses et de pugilat.
Quelques siècles plus tard, naissaient, en Grèce, les Jeux Olympiques (884 avant Jésus Christ) où la course, les sauts, les lancers, la lutte etc…la poésie ont permis de sacrer les premiers « Dieux du Stade », vainqueurs de confrontations parfois sanglantes mais dont le déroulement devait obéir à certaines règles préétablies dont le respect conditionnait toute inscription au palmarès.
Célèbre est l’anecdote qui rapporte qu’un lutteur agonisant fut couronné à la place de son vainqueur qui l’avait terrassé d’un coup de poing défendu.
La Grèce antique ne fit pas école, dans l’immédiat du moins.
Les Romains ne surent pas conserver la « flamme olympique » et lorsque Néron donnait satisfaction à la plèbe qui lui réclamait « panem et circenses » (du pain et des jeux), il était le promoteur d’un spectacle dont les acteurs, mercenaires ou victimes désignés, n’avaient que fort peu de points communs avec les « athlètes d’Homère ».
Les hommes n’en continuèrent pas moins à poursuivre l’amélioration de leurs qualités physiques et à aimer les confronter avec celles de leurs contemporains.
Nombreux furent les écrivains qui insistèrent sur l’importance de l’éducation corporelle.
Rabelais (1494-1558) nous décrit en Gargantua (Gargantus, Livre I) un sportif complet.
Chez nos aïeux, l’on retrouve les tournois de chevalerie, qui reposaient sur des nécessités militaires surtout ; les jeux, les luttes, les danses, les confrontations, dépendaient pour leur calendrier, leur organisation, leurs règles , de traditions locales plus ou moins mouvantes.
Si l’appellation est française (sport vient du vieux mot français « esport »), c’est en Grande Bretagne, au XIXème siècle, qu’il faudrait chercher la genèse du sport moderne
Qu’est ce que le Sport ?
Une excellente définition en a été donnée par Monsieur Jean Loup dans son ouvrage « Les sports et le Droit » (Paris 1930) : « Le sport est l’ensemble des exercices physiques pratiqués, loyalement et sans désir de lucre, par ceux qui s’y livrent, en vue de leur divertissement, du développement harmonieux et de l’endurcissement de leur corps, d’une victoire à remporter ou d’un record à battre, exercices étroitement règlementés et qui peuvent comporter certains risques acceptés par ceux qui y participent ».
Deux Français contribuèrent dans une large mesure à la vulgarisation et à la socialisation de l’idée sportive :
• Le baron Pierre de Coubertin d’abord, grâce auquel, en 1896, les Jeux Olympiques revirent le jour ;
• Henri Desgranges ensuite, qui organisa au début du XXème siècle le premier Tour de France Cycliste.
Le retentissement de ces deux événements fut considérable et leurs répercussions, quoique d’inégale importance, se font encore sentir.
Nul n’ignore à l’échelle mondiale les Jeux Olympiques, dont on peut tous les quatre ans constater l’importance croissante et dont l’ambitieuse devise : « Citius, altius, fortius » (plus vite, plus haut, plus fort) a galvanisé et fait rêver des générations de sportifs, et qui est immortalisé par un magnifique monument sur la route de Koulouba. Le Tour de France a certes une audience plus restreinte, mais il reste une étonnante fête populaire, passionnant le grand public au point que, dit-on, « jamais une grève ou une manifestation grave d’agitation sociale n’a eu lieu pendant la durée de cette épreuve ».
Coubertin et Desgranges par leurs initiatives ont donné vie, force et continuité à deux aspects du sport totalement différents et qui posent aujourd’hui encore des problèmes de plus en plus actuels : le sport amateur et le sport professionnel.
Il y a plus d’une cinquantaine d’années, le Comité national (français) des sport adoptait la définition suivante de l’amateurisme : « Est amateur celui qui pratique le sport ou participe à des compétitions par amour du sport, sans tirer ou chercher à tirer de sa participation un prix en espèces, ou une rétribution, ou un moyen d’existence ».
La Fédération française du Rugby particulièrement pointilleuse en l’espèce, a adopté une formule lapidaire qui se suffit à elle-même : « Est amateur celui qui ne tire aucun profit pécuniaire de la pratique du rugby ».
L’« olympisme » tel que le concevait son créateur, Pierre de Coubertin, est indissociable de l’amateurisme. Le célèbre « serment olympique » préalable indispensable à l’ouverture des Jeux, n’est autre, tout au moins en théorie qu’une adhésion sans réserve de tous les participants à ce principe sacro-saint.
A l’opposé de l’amateur se trouve le professionnel qui, ainsi que l’à défini la Fédération Française de Boxe, est : « Celui qui concourt pour des rémunérations en espèces ».
On le voit, pour les uns le sport est un « divertissement, il n’est à l’origine et par essence ni un spectacle, ni un moyen de gagner de l’argent, ce n’est qu’accessoirement et par corruption en quelque sorte qu’il devient l’un et l’autre » (Jean Loup, Ouvrage cité).
Pour les autres, le sport peut être ouvertement un métier.
Les tenants de ce système déclarent qu’il est parfaitement normal qu’un homme soit payé pour consacrer tout son temps et toute son énergie au sport, à l’exclusion de toute autre activité.
Leurs adversaires rétorquent que le professionnalisme intégral porte en lui des germes redoutables de décadence, tant pour l’individu que pour le sport lui-même, et l’on pourrait résumer ainsi les points de vue des partisans de l’amateurisme intégral : « Est-il souhaitable de voir se multiplier les exemples de ces vedettes, plus ou moins bien payées plus ou moins exploitées, généralement désœuvrées en dehors des stades, que les clubs et les organisateurs s’arrachent à prix d’or et qui deviennent trop souvent des « ratés de la vie » quand, leurs facultés physiques diminuées, elles n’exercent plus leur attrait habituel sur les foules ? Est-il bénéfique pour le sport que continue à prospérer une foule d’intermédiaires et d’organisateurs intéressés au premier chef à la rentabilité de leurs spectacles et…de leur champions ? Sans qu’il soit trop besoin d’insister sur les trop fréquents scandales dont la presse nationale et internationale se fait l’écho au sujet de certaines compétitions opposant des sportifs professionnels dans le monde entier, on ne peut que rester perplexe sur la valeur éducative et sociale d’une formule qui a provoqué la naissance de concours de pronostics…
Mais beaucoup de ceux qui condamnent le professionnalisme intégral n’adoptent pas pour autant sans réserve les théories olympiques sur l’amateurisme. En effet, se ralliant à de nombreuses opinions autorisées, ils constatent que le « champion est indispensable au sport » et que « sauf circonstances exceptionnelles, il ne peut se dégager, se former, aller au bout de ses possibilités » sans être débarrassé des soucis matériels. Il est non moins vrai « qu’imposer l’amateurisme à l’élite est la condamner au mensonge ».
L’idée a pris rapidement corps qu’arrivé à un certain niveau le sportif pouvait et devait être aidé.
Nombre de dirigeants d’organismes sportifs, des amis du sport, ont depuis longtemps entrepris de faciliter la réussite sociale des champions auxquels ils s’intéressaient.
Mais il ne s’agissait jusque là que d’initiatives privées, à la portée limitée, et sujettes aux interprétations les plus diverses. L’importance croissante du sport, devenu »un véritable phénomène social » a conduit l’Etat, notamment dans les anciens pays de l’Est, à prendre en charge le déroulement de la carrière sportive et humaine des principaux champions, donnant ainsi naissance à un type d’individu que Pierre de Coubertin n’aurait pas imaginé : « l’athlète d’Etat ».
Gaspillant sans retenue les richesses naturelles de nos sociétés, certains sponsors se montrent en revanche fort soucieux de l’emploi de leurs ressources financières. L’achat de champions (devenus des actions) doit son succès au fait que la valeur acquise est très rapidement convertible, c’est-à-dire qu’on peut par une simple opération de bourse se procurer de l’argent liquide en vendant le titre (le « type ») ; son prix est déterminé soit par les dividendes qu’il rapporte, soit surtout par l’offre et la demande qui s’expriment à la bourse quand le titre (Neymar) y est côté.
En dépit de la débâcle financière, des milliards dilapidés, des banques explosées, des entreprises détruites, des emplois disparus, des retraités ruinés, de la débâcle conceptuelle et idéologique qu’ils viennent de subir de la part de leurs voisins arabes, rien dans leur comportement n’a changé : les Qataris du néolibéralisme mordent encore. On ne peut reprocher au célèbre Brésilien débarquant de Barcelone un manque de créativité, de renouvellement technico-tactique, ni le stigmatiser, ni le clouer (pour le moment) au pilori de la « ringardise ».
Parce que décidément ils n’ont rien appris, rien entendu, rien compris. Deux mois à peine après la grande crise qui les oppose à leurs voisins qui les accusent de financer le Jihadisme et de faire sa propagande sur les ondes de Al Jazeera, ils sont à nouveau dressés sur leurs ergots, bouffis de certitudes. Objectif ? Rendre son pouvoir, tout son pouvoir, à l’argent magique, entendons le pétrole, celui qui exige que les vrais experts (dont ne fait pas partie Antoine Kombouaré), les vrais économistes du sport (ceux qui n’ont jamais approché l’entreprise que dans leurs polycopiés), les vrais libéraux (entendons ceux qui sont les fossoyeurs du 6 à 1 à Barcelone) finissent toujours par avoir raison, à un moment ou à un autre, pour mieux remettre d’aplomb un P.S.G. ayant pour cœur nucléaire l’enrichissement perpétuel des plus « malins ».
Du fric, nous n’avons donc pas toujours à craindre le pire. Voyez Crésus, dernier roi de Lydie (Vers 561-546 avant Jésus Christ) et sa légendaire richesse due au trafic commercial et aux mines d’or de son royaume (Le Larousse)-une sorte de Kankou Moussa.
Voici Neymar, footballeur de génie, sorti de ses faubourgs glauques pour être multi-milliardaire. Et dire que Camus, dans « L’homme révolté » soutient que « l’avenir est la seule propriété que les maîtres concèdent de bon gré aux esclaves ». Pas si sûr, Monsieur le Prix Nobel. Même Diogène possédait un patrimoine : son tonneau.
Alors que le Saint Patron des footballeurs, criblé de dettes, est poursuivi par la Justice : l’ex milliardaire Bernard Tapie est taclé par derrière par la banque le Crédit Lyonnais (L.C.L).
Le Grand Platini Lui-même, suite à de savants dribbles et coups francs dans la surface de réparation de la Fédération Internationale de football (FIFA) est hors-jeu pour des questions d’énormes flouzes sur une passe décisive de son capitaine, le Président de la FIFA.
Neymar , que penses tu de ce coup de tête imparable ?
Mamadou GAKOU
Source: info-matin