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Spécial 22 septembre 2019: DDR spécial dans la Région de Mopti : Le site d’accueil fin prêt

Le processus destiné au désarmement, à la démobilisation et à la réinsertion des membres des groupes armés des régions de Mopti et de Ségou a été lancé depuis le mois de décembre 2018. Mais le site devant accueillir les opérations attend encore les combattants

 

Dans la même salle : des Dozos de Dan Na Ambassagou, se distinguant par leurs accoutrements bardés de gris-gris ; et juste derrière, des combattants peuls. Une scène si inattendue qu’elle aura fait du 22 décembre 2018 une date mémorable à Mopti, tant ces groupes armés d’autodéfense défraient la chronique par leur antagonisme sur le terrain. Au-delà de l’image, c’est surtout l’objet de ce rassemblement peu ordinaire qui retenait l’attention. Il s’agissait du lancement du Programme de réduction de la violence communautaire. Ce programme a pour but un désarmement, démobilisation et réinsertion (DDR) accéléré. Il concerne, outre les groupes armés organisés, tout individu détenteur d’armes ou de munitions dans les huit cercles de Mopti et deux de la Région de Ségou (Niono et Macina).
Neuf mois après ce lancement, le bilan est mitigé. La Commission nationale du désarmement, démobilisation et réinsertion (CNDDR) a fait le mapping de la présence des groupes armés, les meneurs ont été formés à l’enregistrement des combattants et ont reçu à cet effet des registres. Depuis, pas grand chose. Pourtant, assure-t-on, toutes les dispositions techniques sont déjà prises pour le démarrage effectif des opérations. La seule entrave qui subsiste est d’ordre politique. En effet, la démission du gouvernement Soumeylou Boubèye Maïga (18 avril 2019) a plombé le processus, qui devait entrer, le lendemain, dans sa phase opérationnelle.

On imagine alors l’impatience des combattants désireux de se débarrasser de leurs armes. Joint au téléphone, A. Guindo confie son impatience. Mais aussi son amertume : «J’ai fait du mal à des innocents. Le remords s’enfle en moi…». Séduit par les promesses d’argent facile, le trentenaire avait rejoint un groupe de bandits opérant dans le Cercle de Douentza. Lui et ses compagnons ont surtout dépouillé les forains. Par la suite, il a intégré, dans le Cercle de Koro, un groupe d’autodéfense.
A. Guindo n’est pas le seul dans ce cas. Plusieurs personnes, dont des femmes, sont engagées dans des groupes armés pour défendre leurs communautés. Ainsi, on dénombre dans la Région de Mopti une multitude de groupes aux effectifs méconnus : Dan Na Ambassagou, Mouvement de défense du Séno, milice de Sékou Bolly, groupe Dozos de Mama Dembélé… Aujourd’hui encore, révèle notre interlocuteur, certains combattants ne réalisent pas l’ampleur du désastre auquel ils contribuent. D’autres, par contre, sont conscients qu’ils doivent sortir de cette situation, travailler et subvenir dignement à leurs besoins. Et à leurs yeux, ce DDR est l’ultime opportunité.
L’opération, prévue pour deux mois, se déroulera au camp des jeunes de Soufouroulaye, à sept kilomètres de la ville de Sévaré. Le site est déjà entouré de tranchées et de barbelés, offrant une sécurité optimale. Des militaires veillent au grain, en cette matinée du 8 août 2019. « Ils sont ici depuis novembre 2018 », nous renseigne Ousmane Maïga, agent au bureau CNDDR de Mopti. Dans la cour, il n’y a plus que trois tentes qui tiennent ; les autres, démontées, attendent d’être rangées dans un magasin.
Dans le décor, on peut apercevoir également deux conteneurs destinés au stockage des armes et munitions qu’auront amenées les combattants. Le système d’approvisionnement en eau a été renforcé avec un château supplémentaire d’une capacité de 20 m3, réalisé par la Minusma. Parallèlement, l’administration du camp étend ses infrastructures, à travers l’aménagement de terrains de sport.

6.000 détenteurs d’armes- Aux termes de la compilation des registres fournis pour l’enregistrement, il a été dénombré 6.000 détenteurs d’armes et 800 personnes possédant des munitions. Selon Oumar Dicko, coordinateur régional de la CNDDR Mopti, 1.600 d’entre eux constitueront la première vague à rentrer au camp de Soufouroulaye pour le screening. Durant leur séjour (6 jours en moyenne par élément), chaque combattant passera par dix stands : réception/accueil, désarmement, enregistrement, test militaire, visite médicale, orientation/conseil, recrutement, support psychosocial, sensibilisation/information/droits de l’Homme/VIH, distribution de kits.
Concrètement, la dimension « désarmement » s’établira avec la prise des armes et munitions. Ensuite, l’élément « démobilisation » consistera à enregistrer les ex-combattants et à leur fournir une assistance répondant aux besoins immédiats. Puis, interviendra l’étape de la « réinsertion ». Certains pourront intégrer les corps en uniforme. Mais pour cela, prévient Oumar Dicko, « il faut répondre à des critères précis, relatifs aux règles habituelles observées en matière de recrutement dans l’armée». Ceux qui ne feront pas partie de ce lot, bénéficieront de formations (menuiserie, couture, saponification…) et des kits d’insertion leur seront fournis pour qu’ils s’installent à leur propre compte.
Le processus s’annonce complexe et coûteux (environ 1,178 milliard de Fcfa). Et comme pour en rajouter à sa complexité, des « groupes armés du Nord » jouent au rabat-joie, exigeant que leurs éléments soient pris en compte dans ce processus qu’ils savent pourtant destiné à la Région de Mopti. Des jeunes se réclamant de ces groupes avaient d’ailleurs investi, début août, les locaux de l’antenne régionale de la CNDRR. Un conseiller du gouverneur de Mopti, sous couvert de l’anonymat, nous en a fait la confidence : «Ils veulent tout simplement saboter le processus ».
Globalement, les communautés fondent un réel espoir sur ce programme visant à stabiliser, sécuriser et apaiser la Région. Mais, insistent-elles, il faudra concomitamment veiller à densifier la présence de l’armée pour assurer la sécurité des personnes et leurs biens.
Issa Dembélé

 

DDR accéléré : 1006 EX-REBELLES REJOIGNENT LES FAMA

Soixante-six ont été intégrés avec des grades d’officiers ; les autres à des échelons inférieurs : 221 sous-officiers et 719 militaires du rang. Ces 1006 ex-rebelles, après trois mois de formation, ont officiellement rejoint les Forces armées maliennes (FAMa), lundi 2 septembre dernier à Bapho, dans la Région de Ségou. Un grand pas dans la mise en œuvre du processus désarmement-démobilisation-réinsertion (DDR). Ce processus devant aboutir à «l’Armée reconstituée », est prévu par l’Accord pour la paix et la réconciliation. Il concerne en effet les mouvements signataires dudit Accord.
Ces premiers éléments – environ 4000 ex-rebelles pourront réintégrer l’armée – sont issus essentiellement de la CMA et de la Plateforme. Tous répondaient aux critères d’intégration : ne pas être poursuivi pour violation des droits de l’Homme ; ne pas être en collusion avec les terroristes et les groupes de criminalité organisée ; n’avoir pas fait l’objet d’une condamnation définitive à une peine afflictive ou infâmante, être physiquement apte…
Les officiers ont été formés à l’Ecole militaire interarmes (EMIA), les sous-officiers à Banankoro et les militaires du rang à Bapho, Tiby et Markala. Anciens militaires, pour la plupart, leur formation a donc été un rappel des fondamentaux, concernant notamment la discipline, la loyauté à la République et la nature même des missions d’une armée républicaine. Des valeurs qui leur ont été rappelées, à l’occasion de cette cérémonie, par le chef d’état-major de l’Armée de terre. Le général de brigade Kèba Sangaré avait surtout insisté sur l’obligation du respect du drapeau national, qu’ils «doivent défendre par tous les moyens et en toute circonstance». Et le général de division Ibrahima Dahirou Dembélé, ministre de la Défense et des Anciens Combattants, a salué les mouvements qui ont fait confiance aux FAMa, toujours «prêtes à accueillir tous les éléments qui veulent la paix ».
Le processus a mis du temps à se concrétiser. Un processus « laborieux », reconnaît Zahabi Ould Sidy Mohamed, président de la Commission nationale DDR. Il assure que le processus va continuer. En effet, dans les prévisions, il y en a 4000 ex-rebelles qui vont intégrer l’armée, à peu près 2350 qui vont intégrer les services paramilitaires (police, douane et autres). Et le reste doit être recruté pour la police territoriale, parfois aussi appelée police municipale. « On va accélérer le processus d’ici décembre, mais moi je pense que raisonnablement, tout ce processus pourra être bouclé en juin 2020», a confié Zahabi, lors de la cérémonie marquant la fin de formation de ces militaires.
Accélérer le pas est aussi l’ambition du ministre de la Cohésion sociale, de la Paix et de la Réconciliation nationale, Lassine Bouaré. Pour lui, ces premiers éléments constituent une preuve matérielle de la détermination de tous à mettre en œuvre l’Armée reconstituée.
Rappelons que c’est en son chapitre 8 que l’Accord prévoit le DDR des ex-combattants.

I.D

L’Essor

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