Après les notabilités de Koutiala, de Gao, de Gourma Rharous, ce fut le tour de celles de Kéniéba de se mobiliser pour venir apporter le soutien de tout le Tambaoura au Président de la République. Au même moment, les populations se désolidarisent de ses initiatives qu’elles qualifient de marchandage politicien. Ainsi, celles de Kéniéba ont battu le pavé hier jeudi 5 Avril 2018 pour désavouer les députés, chefs de village et imams qui les ont engagés sans les consulter pour soutenir IBK
C’est une forte délégation du Tambaoura, composée de 60 chefs de villages ou de leurs délégués, de 60 imams, des autorités coutumières légitimes, des représentants des organisations féminines, de la jeunesse et des élus du cercle de Kéniéba qui est venue apporter le soutien du cercle à IBK. Le hic était qu’il n’y eut même pas de concertations. L’honorable Boubacar Sissoko, porte-parole de la délégation et député du RPM, n’a pas hésité un seul instant à parler au nom de tout le Tambaoura. Dans son discours, comme dans ceux de tous les autres, les intervenants n’ont pas tari d’éloges à l’endroit du Président de la République, pour son engagement et pour tous les efforts qu’il aurait déployés pour l’épanouissement du cercle de Kéniéba. A entendre les laudateurs, on a l’impression que Kéniéba est l’eldorado du Mali. Ces propos des membres de la délégation ont tellement irrité les populations de la capitale du Tambaoura qui, soit dit en passant, n’ont accès ni à l’eau potable, ni à l’électricité, ni à l’éducation. Même pas aux denrées de première nécessité, dont les besoins sont estimés à plus de 300 tonnes de vivres.
On comprend donc pourquoi ces populations ont organisé une grande marche de protestation hier jeudi 5 Avril 2018 pour se désolidariser du soutien des notabilités. Par cette grande mobilisation, Kéniéba semble ouvrir désormais la voie à la contestation chaque fois que les élus prennent le malin plaisir à agir en leur nom sans les consulter. Avec cette grande marche, qui est l’expression d’un ras-le bol généralisé, le pouvoir a intérêt à arrêter ce grand cirque et ce gaspillage de nos maigres ressources pour embellir une image de plus en plus terne.
En définitive, un président sortant a-t-il besoin de toutes ces acrobaties pour reconquérir l’électorat ? Si, un tant soit peu, son bilan était reluisant, il n’aurait même pas eu besoin de battre campagne pour se faire réélire. La peur n’a-t-elle pas changé de camp ?
Youssouf Sissoko
Inf@sept