Le chef de fil de l’opposition s’est visiblement retrouvé dans la posture qu’il affectionne : être en position de force. Il en a profité pour faire ses choux gras des errements du chef de l’Etat, qui a accumulé les impairs depuis sa sortie malencontreuse sur les avantages accordés à Soumaìla Cissé es qualité opposant. Lequel s’en est donné à son tour à cœur joie tant sur les réseaux sociaux qu’à l’international sur les médias les plus influents sur le continent, en l’occurrence RFI et TV5.
Seulement voilà : en tombant à bras raccourci sur le président de la République – dont il dénonce des dérives liberticides -, le challenger d’Ibk s’y prend lui-même avec une démesure et des excès qui ne lui attirent pas que de la sympathie. Abordant par exemple le cas du Maire de la Commune VI suspendu en début de semaine dernière, Soumi Champion a laissé entendre que la sanction lui est tombée dessus pour avoir offert une tribune à Moussa Sinko Coulibaly pour son meeting contre le pouvoir. Il se trouve au fait que l’élu et non moins camarade politique du chef de file de l’opposition était dans le collimateur depuis plusieurs mois pour d’autres faits répréhensibles. Beaucoup d’observateurs s’interrogent en définitive si un prétendant à la magistrature suprême doit se rendre fautif d’une aussi grossière manipulation.
La vie du Malien se banalise à travers le monde
Exécrable !, le traitement sélectif que les médias internationaux font des drames et tragédies en Afrique et plus singulièrement au Mali. En tout cas, selon que les événements se déroulent à un bout du monde ou à un autre – et en fonction de l’émotion qu’ils suscitent chez une catégorie de consommateurs de l’information – les faits et les réalités sont privilégiés ou mis sous le boisseau.
Ce ne sont pas les familles de pauvres forains fauchés près de la frontière entre le Mali et le Burkina qui diront le contraire. Leur camion a en effet sauté sur une mine et près d’une trentaine de passagers y ont laissé la vie sur le coup, dans la plus grande indifférence des médias internationaux. Lesquels sont pourtant prompts à relayer abondamment les informations macabres quand elles concernent le malaise de jeunes qui se noient dans la mer en tentant de rejoindre l’Europe. Pour mériter l’attention des médias internationaux, même la façon de mourir doit tenir de l’exotique.
La famille ASMA s’élargit
L’ASMA, le parti du Premier ministre, est manifestement la formation politique qui a le vent en poupe. Après le Rassemblement Pour le Mali, la famille politique du président de la République, celle de Soumeylou Boubeye Maiga est peut-être même devenue la plus régulière et la plus active depuis l’accession de son fondateur à la Primature. Ce n’est pas tout. C’est aussi le grand fleuve vers lequel ruissellent tous les affluents à l’allure où se comptent les adhésions.
Après le Mandé où des pans entiers de structures d’autres partis ont rejoint armes et bagages l’ASMA, au lendemain immédiat du remaniement ministériel, d’autres vagues ont suivi et le syndrome continue. Et on en a même l’impression que SBM et ses camarades n’ont plus besoin de démarcher pour que les nouveaux arrivants affluent de toutes parts. Les victimes de la tendance s’en effarouchent certes, mais il ne saurait en être autrement quand la Primature échoit aux mains d’une formation moins représentative. A l’image d’un certain Moussa Mara de Yelema en son temps, le renforcement de l’instrument politique n’est pas le dernier des soucis d’un PM de pareilles dimension politique.
Oryx fait le plein des bons d’essence
Les stations d’essence Oryx pullulent dans la capitale malienne et probablement à l’intérieur du pays, à en juger par l’abondance de ses titres fiduciaires. Partout où l’on passe on ne rencontre que les bons d’essence de la nouvelle entreprise qui traîne des présomptions de connivence avec la famille présidentielle. Vrai ou faux, l’administration malienne a comme reçu la ferme consigne d’intégrer Oryx dans son système d’approvisionnement, à défaut d’en faire un fournisseur exclusif pour certains.
L’autre revers de la médaille c’est que la société semble en faire les tout premiers frais avec les manifestations de la crise de trésorerie actuelle. Sans être régulièrement payé Oryx est tenu de supporter un phénomène inflationniste occasionné par l’abondance de ses titres. La chose n’a pas encore atteint les proportions d’une faillite, mais la surproduction de bons d’essence a considérablement affecté leur valeur monétaire en attendant un éventuel assèchement des cuves.
Oumar Touré au chevet de Dramane Dembélé
Le président de l’APR et non moins ancien ministre Oumar Touré n’a point boudé son plaisir de prendre part au lancement de la candidature de Dramane Dembélé à la candidature du Pasj. Oumar Touré était même l’unique chef de parti ayant fait honneur au vice-président de l’Adema de rehausser l’éclat de sa cérémonie. Il nous est revenu après recoupements que cette singularité n’est pas fortuite.
Elle découle au fait du lien très étroit que le président de l’APR entretient avec les soutiens de Dramane Dembelé à travers la jeunesse de son parti. Quant à la motivation profonde elle est toute autre. Il semble en effet qu’Oumar Touré ne désespère pas par ailleurs de tirer parti d’un éclatement imminent d’une Ruche très divisée par la question de la candidature interne
Le père fondateur ou usurpateur de l’Aeem
L’immodestie du président de SADI défraie la chronique. Exhibitionniste, il ne rate aucune occasion de se mettre en exergue et surtout de se tirer la couverture en jetant l’opprobre sur les autres. Une tribune lui a été récemment gracieusement offerte par des confrères, en marge du récent sit-in dispersé devant l’Ambassade de France. Embrassant tout et rien à la fois, Oumar Mariko s’est prononcé sur l’Aeem et s’est présenté à l’occasion comme «le père fondateur» de cette association qui a contribué à la chute de Moussa Traoré et à l’avènement de la démocratie au Mali.
Le député élu à Kolondieba exprime du coup du mépris pour sacrifice et à la partition d’autres acteurs qui, tout comme lui, ont consacré du temps et de l’énergie à implanter l’Aeem à travers le pays dans la clandestinité. Au nombre desquels figure un certain Oumarou Dicko et bien d’autres, qui lui ont d’ailleurs toujours contesté un leadership exclusif. Quoi qu’il en soit, il n’y a pas de quoi être fier de la paternité d’une entité dont les perversions et dérives associatives ont eu raison de l’école malienne sur de nombreuses générations pour des acquis si peu enviables.
Excuses et condoléances se confondent à Nioro
La haute autorité de l’Etat a afflué sur Nioro, la semaine dernière, comme si c’était un pèlerinage. Et peut-être jamais au Mali des obsèques n’ont autant mobilisé d’une ville à une autre. Le ban et l’arrivée ont en effet accompagné le cortège présidentiel pour aller consoler le Chérif de Nioro aveuvé par la perte d’une de ses épouses.
En plus d’IBK, on dénombre de hautes personnalités comme le Médiateur de République Baba Akib Haidara, le fils du président de la République et non moins président de la Commission Défense et Sécurité de l’hémicycle Karim Keïta, entre autres. L’énumération n’est point exhaustive du ballet diplomatique suscité par un décès, un triste événement ayant visiblement servi d’alibi pour renouer le fil rompu entre pouvoirs politiques et religieux. En atteste la grande exhibition médiatique faite du passage du chef de l’Etat et ses instants d’apparence chaleureux avec le vénère notable de cette contrée.
Le rendez-vous électoral d’Avril intenable
Depuis qu’elles ont été officiellement reportées, on ne parle plus des Régionales couplées avec les locales et les municipales partielles. La nouvelle échéance annoncée pour leur tenue approche à pas de géant cependant et on ne voit aucune démarche administrative tendant à la respecter. Au demeurant, on parle même beaucoup plus de la présidentielle comme si les autorités avaient mis une croix définitive sur le rendez-vous électoral sans le dire ouvertement.
Quant aux protagonistes du jeu électoral, les formations politiques en l’occurrence, ils ne savent plus par quel bout prendre une compétition qui s’apparente de plus en plus à une fiction, surtout que même les traditionnelles concertations avec le département ne sont plus assez régulières pour les édifier. Il semble, en revanche, que les hautes autorités ont déjà été édifiées sur la réalité de l’échéance d’Avril. Il nous revient en clair que la DGE leur a clairement signifié que fichier ne peut être disponible à cette date.
Le Témoin