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Soumeylou Boubèye Maïga : La fin d’un mythe ? 

Vomi par le duo Mohamédou Ould Cheikana Ahamedah Hamahoula dit Bouyé, chérif de Nioro du Sahel et l’imam Mahmoud Dicko, rejeté par l’opposition politique, détesté par les syndicats, fragilisé par la méfiance de la majorité présidentielle, Soumeylou Boubèye Maïga, apparait de plus en plus comme un homme isolé sur la scène politique qui cherche désespérément une bouée de sauvetage à coup d’articles de presses commandités.

 

‘’Son favori restait cependant, son ancien directeur de la sécurité d’État. Pour lui, c’était une «ordure», mais «une belle Ordure». Dans la vision de Alpha, «l’Ordure» était la «crapule» presque parfaite, capable de toutes les «tordureries», qui n’avait aucun état d’âme pour commettre tel ou tel forfait. A titre d’illustration, ne lui a-t-il pas fait «embastiller» son propre beau-père pour tentative d’un coup d’État tout à fait ridicule ? Cet étalon avait sur le plan politique une bonne longueur d’avance sur ses concurrents. Il était, comme lui, une «bête politique» au sens mitterrandien du terme, rompu à toutes les manœuvres, à tous les coups fourrés, à tous les «coups bas». De tous, il était celui qui avait toujours défendu en public l’héritage du chef. Ils étaient peut-être liés par le « pacte du diable ». Il le savait cordialement détesté par le commun des Maliennes et des Maliens, certainement en raison de ce qu’il avait pu leur faire endurer d’une manière ou d’une autre. Malgré son immense talent dans la « crapulerie », il n’était pas plus «présidentiable» selon lui’’.

Ces phrases sont extraites d’une excellente contribution publiée dans Recherches Internationales (RI) n°97, octobre-décembre 2013, par Pr Issa N’Diaye sous le titre : « Mali : silence, on démocratise ». Avec beaucoup de talent, le philosophe et homme caricature les auteurs de la scène politique dont le metteur en scène se la coule douce à Titibougou à la périphérie de Bamako sur la route de Koulikoro. Vous devinez celui à qui le philosophe-homme politique fait allusion.

6ème sur 8 candidats en 2007

La transition est toute trouvée pour attaquer le mythe entretenu autour de Soumeylou Boubèye Maïga (SBM), Premier ministre, chef du gouvernement, non moins président de l’Asma CFP. Arrivé 6ème avec 32 973 des vois soit 1, 46%) à l’élection du Président de la République de 2007, loin derrière ATT (1 612 912 voix, 71, 20%), IBK (433 897 voix, 19,15%), Tiébilé Dramé (68 956 voix, 3,04%), Oumar Mariko (61 670 voix, 2, 72%) et Mamadou Bakary Sangaré dit Blaise (35 776 voix, 1,58 %) mais avant Sidibé Aminata Diallo (12 443 voix, 0,55%) et Madiassa Maguiraga (6 856 voix, 0,30%), SBM traverse actuellement l’un des moments les plus cruciaux de son existence politique. Ses partisans lui présentent comme un véritable stratège politique,  le plus grand artisan de la réélection du Président de la République, Ibrahim Boubacar Kéïta pour un second mandat. C’est à ce titre que les inconditionnels de ce natif de Gao pensent qu’il est le sauveur du régime d’IBK donc celui du Mali. Oubliant que le Mali n’a jamais été aussi proche du chaos que maintenant.

Jusque-là, la seule réussite de cet ancien journaliste demeure l’organisation de l’élection du Président de la République de juillet et août 2018. Même là, il convient de relativiser car, la réélection d’IBK obéit plus aux considérations géopolitiques qu’à un stratagème de l’ancien directeur général de la Sécurité d’Etat. Une seule illustration : le président français, Emmanuel Macron, a félicité IBK avant même la proclamation des résultats par la Cour Constitutionnelle, la seule institution habilitée en la matière. C’est un secret de polichinelle d’affirmer que le Président mauritanien, Mohamed Ould Abdel Aziz, a réussi à faire d’IBK, le candidat de la communauté internationale adoubé par l’Elysée en dépit d’une certaine hostilité de nombreux experts et cadres à l’image de l’actuel chef de la diplomatie française, Jean Yves Le Drian.

Le Premier ministre cumule les échecs et des scandales. Le tigre ou le hérisson a échoué à organiser une conférence sociale voulue par le Président de la République et le gouvernement pour aplanir les divergences avec les partenaires sociaux. Spécialiste de la politique « diviser pour mieux régner », il est soupçonné d’être derrière les syndicalistes qui ont entrepris des actions de sabotage de la grève de 72 heures de l’Union Nationale des travailleurs du Mali (UNTM), les 16, 17 et 18 janvier 2019. Le non-respect du calendrier électoral annoncé en grande pompe lors des 100 jours du second mandat d’IBK avec l’organisation du référendum constitutionnel en ce mois de mars est à mettre au compte de l’amateurisme du locataire de la Primature. L’échec du cinquième chef du gouvernement sous l’ère IBK est patent dans la gestion de la crise qui secoue le centre. C’est à Mopti où SBM a effectué le plus déplacement depuis sa nomination le 30 décembre 2017 à ce poste. Il faut prendre une loupe pour chercher les résultats de l’effet Soumeylou. Le Président de la République a repris les choses en main et envoie ses propres émissaires sur le terrain. Les différents chronogrammes de l’application de l’accord pour la paix et la réconciliation adoptés sous son magistère n’ont pas été respectés. C’est sous Soumeylou Boubèye Maïga que le gouvernement a signé avec les Nations Unies un pacte pour la paix. Selon l’ancien Premier ministre Ahmed Mohamed Ag Hamani, ce pacte est « une gifle à la souveraineté du Mali ». Le Premier ministre a échoué à imposer le port obligatoire du casque pour les agents de l’administration publique possédant des engins à deux roues. En sa qualité de chef du gouvernement, il n’a pas réussi à organiser les concertations régionales sur le projet de découpage territorial dans sa ville natale à Gao.

Un homme de plus en plus isolé    

Il a aussi échoué à rassembler la famille politique du chef de l’Etat notamment la plateforme Ensemble pour le Mali. Soumeylou a longtemps affiché un mépris vis-à-vis des leaders de ce regroupement de partis ayant travaillé à la réélection d’IBK avant de commencer à courir derrière eux à travers la tenue d’une rencontre hebdomadaire. Entre Dr Bocary Tréta et Soumeylou Boubèye, ce n’est pas le grand amour. Le 22 décembre 2018 à Banamba lors de la 5ème conférence de la fédération régionale de Koulikoro, le Président du Rassemblement pour le Mali (RPM) et de l’EPM s’est violement attaqué au chef du gouvernement en ces termes : « Celles et ceux qui, profitant de leur position dans l’appareil, qui développent ses capacités d’attrait, qui appellent nos cadres, qui les perturbent, qui les font des propositions tentant à les dévier de leur chemin, nous sommes convaincus que ceux-ci constituent des phénomènes passagers. Le RPM vivra, le RPM vivra, le RPM survivra à ces pratiques malsaines…. »

A tous ces échecs, sont venus s’ajouter quelques scandales au nombre desquels la démission fracassante d’Amadou Kéïta de son poste de directeur général de l’Ecole nationale d’administration (Ena), l’implication de l’une des femmes du chef du gouvernement dans une histoire de commission en lien avec un investissement étranger, la fameuse affaire de 50 millions envoyés par le Premier ministre mais retournés par l’Imam Mahmound Dicko. Deux organes de presse français avaient cité le nom de SBM dans l’affaire de l’assassinat de deux journalistes de Radio France Internationale (RFI), Gislaine du Dupont et Claude Verdon.

Vomi par le duo Mohamédou Ould Cheikana Ahamedah Hamahoula dit Bouyé, chérif de Nioro du Sahel et l’imam Mahmoud Dicko, rejeté par l’opposition politique, détesté par les syndicats, fragilisé par la méfiance de la majorité présidentielle, SBM apparait de plus en plus comme un homme isolé sur la scène politique qui cherche désespérément une bouée de sauvetage à coup d’articles de presses commandités.

La fin de ce mythe est si proche sauf que le Mali est un pays de paradoxe. IBK, « maître de l’équivoque » selon le journal français L’Express, peut être tenté de garder son Premier ministre aussi décrié de part et d’autre. Mais vouloir garder un homme à la tête d’une équipe gouvernementale qui a atteint ses limites serait le signe d’une énorme absurdité.

Le Mali regorge de cadres patriotes, intègres et compétentes à mesure de nous permettre de s’affranchir de la tutelle de la communauté internationale dont l’un des agendas cachés est d’offrir une partie du territoire à une bande d’imposteurs. Le complot international est très profond. La situation est à la fois grave et complexe. L’heure est venue pour le Président IBK de prendre ses responsabilités pour se sauver et sauver le Mali.

Alamako Sokona Coulibaly

Source: L’Investigateur

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