Récemment libéré de la captivité, Amadou Kolossy, le maire de Koumaïra et compagnon d’infortune de Soumaïla Cissé, a dit que le chef de file de l’opposition se porte bien. Cette information a certes mis du baume au cœur de beaucoup de gens, mais elle a suscité peu d’espoir quant à une prochaine libération de Soumi Champion.
Le retour d’Amadou Kolossy auprès des siens est intervenu après que la soeur et le fils de l’honorable Soumaïla Cissé se soient exprimés publiquement sur la situation du célèbre séquestré. La soeur s’était adressée directement à IBK en le suppliant de tout mettre en oeuvre pour obtenir la libération de son frère ; le fils est intervenu sur les antennes de BBC pour dire que la famille n’a toujours aucun signe de vie de son père et que, pire, les assurances que leur donnent les autorités nationales, Barkhane et Minusma sont au mieux des calmants. Les propos tenus par Amadou Kolossy ont, du coup, l’effet de soulager les esprits qui savent désormais que Soumaïla Cissé est en vie, mais ils ne vont pas au-delà. Il y a même quelque chose d’intrigant qui ne semble pas avoir préoccupé outre mesure. En effet, aucune communication réelle ne semble avoir été à ce jour établie avec ceux qui détiennent le chef de file de l’opposition, en tout cas pas dans le sens de sa libération. La Katiba Macina de Amadou Kouffa, si tant est que ce soit elle qui retient SC, n’a pas saisi l’occasion de la libération de Amadou Kolossy pour émettre ne serait-ce qu’un petit message. Pas de demande de rançon de quelque nature que ce soit, pas même de sollicitation de dialogue, encore moins d’un mot adressé à la famille. Un statu quo parfait qui en dit long sur nombre de zones d’ombres.
Pr. Ali Nouhoum Diallo, ancien président de l’Assemblée nationale, vient, sciemment ou incidemment, de lever un coin du voile. Dans une récente interview accordée au quotidien INFOS MATIN, il a eu, toujours à sa façon directe et sans ambiguïté, des propos qui sont très révélateurs et qui n’incitent pas à l’optimisme de revoir de sitôt Soumaïla Cissé parmi nous. Pr. Ali Nouhoum Diallo n’est pas un menteur, c’est important de le savoir. Il n’aime pas non plus donner dans la confusion et dans les compromissions. Or, sans hésiter, il dit que tout était en réalité, fait pour que Soumaïla Cissé ne vienne (ne revienne pas) pas à l’Assemblée nationale. Ce n’est pas tout. Il révèle que, nommé à la tête de la cellule de crise, l’ancien Premier ministre, Ousmane Issoufi Maïga, est venu le voir pour qu’il se joigne à lui dans la recherche de la libération du député de Niafunké. Il a refusé parce qu’il a eu la nette impression que le travail se fait sous la couverture de la Sécurité d’État. « Mon parcours politique ne me prédispose pas à être un agent de renseignements », tranche Pr. Ali Nouhoum Diallo. Et il ajoute, toujours pour expliquer son refus : « Je ne trahis pas de secret, mais avec Ousmane Issoufi Maïga, nous nous sommes dit des choses… »
Autant dire que le rapt de Soumaïla Cissé obéit à un plan prémédité dont les motifs sont logés dans la caverne d’Ali Baba de la gouvernance aux affaires. Pr. Ali Nouhoum Diallo, qui n’est ni un malicieux ni un rusé, mais bien un homme d’expériences, se prononce aussi dans la même interview citée ci-haut sur les menaces de partition du Mali. Parmi les scénarios possibles, il y a, entre autres, le Mali divisé en deux : premièrement, la proclamation de la république de l’Azawad et ce qui restera sera le Mali; deuxièmement, nous aurons la république de l’Azawad, la république du Macina et ce qui restera, constituera le Mali.
Une perspective affreuse qui morcellera le Mali originel. Soumaïla, rappelons-le, est justement entre les mains de la Katiba Macina de Amadou Kouffa qui est pour Pr. Ali Nouhoum Diallo un sous-fifre de Iyad Ag Ghali. Une nouvelle grille de lecture du drame Soumaïla Cissé ne nous vient-elle pas d’être donnée?
Amadou Parvin
LE COMBAT