BAMAKO – Ingénieur de formation de 63 ans, Soumaïla Cissé, présent au second tour de la présidentielle au Mali, est un ex-ministre des Finances à la rigueur et la compétence reconnues, mais aussi un farouche opposant au putsch du 22 mars 2012 qui a plongé son pays dans le chaos.
“Je nous invite à nous tenir debout et à exiger la restauration des institutions et le respect des règles républicaines”, avait déclaré Soumaïla Cissé deux jours après le coup d’Etat militaire qui a précipité la chute du nord du Mali aux mains de rebelles touareg et de groupes jihadistes.
Cette prise de position et sa participation à une large coalition anti-putsch, le Front pour la démocratie et la République (FDR), lui ont valu d’être brutalement arrêté parmi d’autres par les hommes armés du capitaine Amadou Haya Sanogo, chef des putschistes.
Il a été blessé lors de cette arrestation, le 17 avril 2012, à son domicile de Bamako, qui a été saccagé, et il a dû aller se faire soigner en France. Il a partagé sa convalescence entre ce pays et le Sénégal pendant plusieurs mois, avant de pouvoir rentrer au Mali.
Aujourd’hui, il appelle “à l’effacement” de la scène de Sanogo et de sa junte, qui ont encore une certaine influence à Bamako.
Battu une première fois à la présidentielle de 2002 par le président Amadou Toumani Touré renversé dix ans plus tard, il était candidat au scrutin qui devait se tenir en 2012 mais qui a été annulé par le coup d’Etat.
Cet homme élégant d’1,75 m environ est originaire de la ville de Niafunké, dans la région de Tombouctou, dans le vaste Nord malien occupé pendant près de dix mois par les jihadistes, mais il est marié depuis 1978 à Astan Traoré, issue d’une famille de notables du Sud.
Soumaïla Cissé a fait des études brillantes et a eu un parcours professionnel et politique exceptionnel qui l’ont conduit jusqu’à la présidence de la Commission de l’Union économique et monétaire ouest-africaine (Uémoa) de 2004 à 2011.
Après un diplôme universitaire d’études scientifiques de l’Université de Dakar en 1972, il s’inscrit à l’Université de Montpellier (sud de la France) où il obtient une maîtrise en méthodes informatiques appliquées à la gestion.
“Super ministre”
En 1977, il est ingénieur en informatique et en gestion et major de sa promotion de l’Institut des sciences informatiques de Montpellier. Il est également titulaire d’un certificat d’aptitude d’administration des entreprises obtenu en 1981 à Paris.
En France, après ses études, il a travaillé au sein de grands groupes tels que IBM, Péchiney, Thomson, Air Inter, l’ex-compagnie française des vols intérieurs.
Il rentre au Mali en 1984 et intègre la Compagnie malienne pour le développement de textile (CMDT), colonne vertébrale de l’agriculture et de l’économie du pays. Il est alors considéré comme le chef du “clan CMDT”, composé d’intellectuels maliens, bien décidés à jouer un rôle politique dans leur pays.
A l’élection en 1992 d’Alpha Oumar Konaré comme chef de l’Etat, il est nommé secrétaire général de la présidence, puis ministre des Finances, poste qu’il occupera de 1993 à 2000 avant de devenir “super ministre” en charge de l’Equipement, l’Aménagement du territoire, l’Environnement et l’Urbanisme.
En 2002, il est le candidat de l’Alliance pour la démocratie au Mali (Adéma), formation présidentielle et plus grand parti du Mali: il arrive au second tour face à Amadou Toumani Touré qui l’emporte.
Avant de prendre la présidence de la Commission de l’Uémoa, il a créé en 2003 son propre parti, l’Union pour la République et la démocratie (URD) qui deviendra la deuxième force politique à l’Assemblée nationale.
Il met la jeunesse au centre de ses discours et entend créer “500.000 emplois en cinq ans”, et il assure: “Le Mali de demain sera un pays émergent. Voilà notre objectif”.
AFP
Source: Le Monde