Cela fait presque deux mois que le Chef de file de l’opposition, Soumaïla Cissé, a été enlevé par un groupe armé dans la région de Tombouctou alors qu’il était campagne pour les législatives de mars et avril dernier.
Depuis, on est sans ses nouvelles. Soumaïla Cissé a été enlevé, le 25 mars, alors qu’il battait campagne pour le premier tour des législatives 2020. Le rapt s’est produit non loin de son fief électoral de Niafunké, le convoi de deux véhicules et d’une petite quinzaine de personnes est tombé dans une embuscade, à moins de 5 kilomètres de sa destination finale (Koumaïra). Le véhicule qui transportait M. Cissé a été mitraillé sans sommation. Son garde du corps est mort des suites de ses blessures, deux autres membres du convoi ont été grièvement blessés. Plusieurs de ses compagnons enlevés avec lui ont par la suite recouvres la liberté.
Très vite, les regards se sont tournés en direction des éléments de la Katiba de Macina d’Amadou Kouffa. En effet ces zones rurales du pays, sont largement sous la coupe des djihadistes aux ordres du prédicateur Amadou Kouffa. Mais, à ce jour, aucun groupe n’a ouvertement revendiqué le rapt. Un silence qui inquiète de plus en plus.
En effet, plusieurs zones d’ombre demeurent ? Qui sont les ravisseurs ? Leur mode d’opérations ? Que demandent les ravisseurs ? Peut-on espérer une libération rapide du Député élu de la circonscription de Niafounké ?
Au lendemain de son enlèvement, plusieurs initiatives ont été prises pour la libération du leader de l’URD. Ainsi, le gouvernement a mis en place une cellule de crise dirigée par l’ancien premier ministre Issoufi Maïga. «Cette cellule de crise a pour mission d’assurer la coordination de l’ensemble des actions en vue de la libération du Chef de file de l’opposition politique et de ses compagnons», lit-on dans un communiqué ».
De son côté, le parti du chef de file de l’opposition malienne, l’URD, a aussi mis en place une cellule de crise.
Auprès des deux structures créées, le discours est le même : « Nous avons de l’espoir ». Mais, comme dans les cas de négociations pour libérer des otages, le véritable travail se fait discrètement, loin des regards du Public, par des Hommes de l’ombre.
Selon une source proche de ce milieu, Soumaïla Cissé a été blessé à la main lors de son enlèvement. Ses codétenus qui ont été libérés confirment. Toujours selon la même source : «On sait avec précision, par des moyens techniques et d’autres, que Soumaïla Cissé se porte bien ».
De son côté, ancien président du Haut Conseil Islamique du Mal, l’Imam Mahmoud Dicko, dont la contribution a été sollicitée par le Front pour la Sauvegarde de la Démocratie (FSD), a exprimé son entière disponibilité à s’associer à toutes les actions en vue d’obtenir la libération du Chef de file de l’opposition.
Rentrée parlementaire sans le leader de l’URD
La rentrée parlementaire s’est donc déroulée, le lundi dernier, sans le leader du principal parti politique de l’opposition. A effet, sa formation, l’Union pour la République et la Démocratie (URD), a conservé son statut de Chef de file de l’opposition parlementaire, à l’issue des dernières élections législatives de mars et avril derniers (20 Députés).
Une absence qui interpelle ! Aussi, Moussa Mara, ancien premier ministre entre 2014 et 2015, élu Député dans la Commune IV du District de Bamako, regrette l’absence de Soumaïla Cissé lors de cette rentrée parlementaire. Selon lui, « au moment où l’Assemblée Nationale est appelée à siéger pour la première fois, le lundi 11 mai, Soumaïla Cissé a toute sa place dans cette Assemblée. Je rappelle qu’il a été élu dès le premier tour. Son siège sera vide. Et ce sera une honte pour l’ensemble des élus et des élites de la République. Maintenant, nous comptons sur le Gouvernement et toutes les bonnes volontés pour travailler à sa libération le plus tôt possible ».
Pour un autre ancien premier ministre, Soumeylou Boubeye Maïga, il est temps de réagir : «Enlèvement de Soumaïla Cissé, il parait que le silence est bon pour un dénouement heureux. Mais, il y a des silences qui ne passent pas. Comme celui des Politiques et des Religieux qui ont plaidé pour négocier avec les Djihadistes. Œuvrons pour la libération de Soumaïla sain et sauf », a déclaré Soumeylou B Maïga.
Outre ces personnalités, plusieurs voix se sont élevées à l’intérieur comme à l’extérieur du pays pour demander sa libération. Ainsi, avec une quarantaine d’Hommes politiques et d’Intellectuels africains, l’ancien ministre de la Justice, Me Mamadou Konaté, lance un appel pressant pour sa libération immédiate. Un appel signé par, notamment, les hommes politiques Khalifa Sall du Sénégal, Cellou Dalein Diallo de la Guinée Conakry, Ibrahim Yacouba, l’avocat nigérien Daouda Samna, ou encore l’écrivain guinéen Tierno Monénembo…: « Nous appelons un engagement accru du gouvernement de la République du Mali et l’appui de ses homologues de la sous-région et de la région, pour la libération de Monsieur Soumaïla CISSE,– A l’implication des partenaires sécuritaires du Mali (MINUSMA, BARKHANE et forces africaines stationnées au Mali et dans la sous-région) pour entreprendre des actions communes en vue d’obtenir sans délai la libération de Monsieur Soumaïla CISSE et de le ramener sain et sauf à sa famille », plaident les signataires
Pour sa part, la Mission de l’ONU au Mali s’est impliquée très tôt dans les démarches en vue de la libération de Soumaïla Cissé. “C’est nous qui avons envoyé un avion pour chercher le corps de son Garde du corps et l’amener jusqu’à Bamako se faire enterrer. Son épouse même était restée à Niafunké (le fief de Soumaïla Cissé où il a été enlevé). On a envoyé un avion spécial pour prendre son épouse. Donc, nous intervenons sur le plan humanitaire. Mais, de l’autre côté, nous discutons avec le Gouvernement. Nous échangeons également. Il a créé même un comité et nous les accompagnons », affirme Mahamat Saleh Annadif, le Patron de la MINUSMA.
Mémé Sanogo
Source: Journal L’Aube-Mali