20 personnes testées positives en moins d’une semaine. Face à la menace du Coronavirus, beaucoup d’électeurs sont restés chez eux le dimanche 29 mars 2020 à Bamako pour “épargner leur vie”, justifient-ils. A plus de 80 ans, Souleymane Konaté, électeur en Commune IV du district de Bamako a bravé cette peur en allant choisir son candidat.
En ce dimanche 29 mars, l’école second cycle de Sébénikoro près du Centre d’état civil reçoit plus de 21 000 bulletins de vote au premier tour des législatives. Les opérations de vote ont déjà commencé depuis 8h.
Assis derrière sur une moto, Souleyamane Konaté vient de son bureau de vote. A l’aide de sa canne, il descend doucement de l’engin. L’électeur suit à la lettre les consignes édictées sur l’affichage à l’entrée de la cour. Premier exercice : lavage de main avec l’eau et du savon. Après cette étape, il se passe le gel hydroalcoolique sur sa main avant de continuer son chemin qui s’arrêtera peu de temps devant le bureau de vote n° 17.
Muni de sa nouvelle carte d’électeur, l’habitant de Sébénikoro secteur III se conforme aux différentes vérifications. “Souleymane Konaté, vous n’êtes pas inscrit sur cette liste, votre bureau se trouve dans l’autre cour”, lui explique le préposé.
A la présidentielle passée, M. Konaté avait voté dans cette salle. Ce matin, il se voit changer de bureau de vote. Son nom figure cette fois sur la liste du bureau de vote N° 28 comme indiqué sur sa carte d’électeur.
Sans se décourager l’octogénaire remonte sur la moto et part à la recherche du numéro signalé. Celui-ci se trouve dans la cour contiguë à la première. Avant de quitter, il se rassure d’abord que le bureau de vote de son accompagnant, son fils, n’a pas aussi connu de changement. Un contrôle vite fait par ce dernier.
En grand boubou, il franchit la deuxième cour à la recherche de son bureau. Deux agents des forces de l’ordre et de sécurité guident les électeurs vers le kit de lavage de main d’abord. Tout se passe sous la supervision d’un jeune homme en civil qui ne cesse de rappeler les quelques électeurs impatients de suivre le fil d’attente. “Venez laver vos mains, venez laver vos mains… “.
Le vieux Souleymane, quant à lui, prend son temps avant d’accéder à son bureau de vote. Si à l’entrée les consignes de mesures-barrières sont respectées par l’électeur, à l’intérieur la réalité est tout autre, du moins dans le nouveau bureau de vote. Seulement 2 ascenseurs portent des bavettes. Le reste des délégués et assesseurs y compris le président du bureau n’en portent pas. Ils ne disposent pas non plus de gel hydroalcoolique sur leur table. Cette absence ne semble pourtant pas affecter l’opération de vote. Elles se poursuivent tout de même.
Place aux vérifications nécessaires sur la liste. “Le vote c’est un devoir sur chaque citoyen qu’on soit pauvre, riche, jeune ou vieux. Si tu ne votes pas, tu ne peux pas être parmi les bons citoyens”, défend-t-il. Doit-on accomplir ce devoir malgré la présence d’une urgence sanitaire ?
Pour le votant “nous prions tous pour que cette maladie soit vaincue au Mali”, mais cela ne doit pas être un argument pour rester à la maison, précise-t-il. “il faut comprendre que cette élection c’est comme un champ. Si tu refuses d’aller labourer ton champ parce que le temps menace ou qu’il fait très chaud, attends-toi à connaitre la famine. Les législatives c’est notre champ. Il faut travailler sur là-dessus, choisir un bon représentant à l’assemblée nationale afin s’attendre à avoir un bon rendement dans sa Commune”.
L’octogénaire ajoutera qu’“il n’est plus question à l’heure actuelle d’homme ni de visage mais plutôt d’élire des candidats qui sont capables de défendre les intérêts de la population à l’Assemblée nationale pour le développement de la Commune, l’autosuffisance alimentaire, l’éducation des enfants, la santé et l’emploi des jeunes…”.
En attendant la proclamation des résultats provisoires, l’électeur garde le secret de l’isoloir sur le candidat de son choix.
Kadiatou Mouyi Doumbia
Mali Tribune