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Soudan : Un conflit qui risque de se prolonger

En pleine poursuite des combats, l’Arabie saoudite a accueilli cette semaine des représentants des acteurs du conflit au Soudan pour des discussions « pré-négociations ». Des discussions à la portée limitée.

La guerre d’un côté, les efforts de paix de l’autre. Les initiatives visant à trouver une issue à la crise au Soudan se multiplient en plein combat entre l’armée soudanaise (SAF), sous la direction de Abdel-Fattah Al-Burhan, et les Forces paramilitaires de Soutien Rapide (FSR), dirigées par Mohamed Hamdan Daglo.

L’Arabie saoudite et les Etats-Unis, qui semblent désormais à la manoeuvre sur le plan diplomatique, ont tenté cette semaine d’exhorter les belligérants à « s’impliquer activement » dans des discussions pré-négociations à Djeddah, en Arabie saoudite, avec la présence de représentants des forces armées soudanaises et des FSR. Cette initiative saoudo-américaine vise à « réduire les niveaux de tension » au Soudan, à travers les discussions « pré-négociations » pour faire finalement respecter une trêve.

En effet, ces deux pays semblent vouloir prendre le pas sur les initiatives régionales. L’IGAD, l’organisation régionale est-africaine, a indiqué, quelques jours avant l’initiative saoudienne, par l’intermédiaire du Soudan du Sud, avoir obtenu « un accord de principe » des belligérants pour des pourparlers de paix. Sans préciser depuis ni la date, ni le lieu des discussions. « Cette initiative constitue un bon pas, surtout que l’Arabie saoudite et les Etats-Unis possèdent des outils de pression politiques et économiques », explique Mohamed Abdel-Wahed, expert sécuritaire et spécialiste de l’Afrique. Or, selon le spécialiste, cette initiative ne peut réaliser que des réussites sur le plan humanitaire, surtout avec l’aggravation de la situation humanitaire. Quant au volet politique, il n’est pas à l’ordre du jour. « Les deux parties ne sont pas encore arrivées au stade qui les rend prêtes à de vraies négociations, surtout que chaque partie veut réaliser des gains sur terrain avant de s’asseoir sur la table de négociation », explique-t-il.

En effet, très peu d’informations sortent de Djeddah. « La délégation de l’armée ne parlera que de la trêve et du moyen de la mettre correctement en oeuvre pour faciliter les accès humanitaires », s’est borné à commenter pour l’AFP le général Nabil Abdallah, porte-parole de l’armée. Les FSR n’ont, de leur côté, rien dévoilé sur cette nouvelle médiation, après plusieurs « cessez-le-feu » mort-nés dans les secondes suivant leur annonce. Et Riyad et Washington ont simplement « salué » l’ouverture d’un dialogue, mais n’ont annoncé ni le début formel des pourparlers, ni leur teneur. Le responsable de l’Onu pour les affaires humanitaires, Martin Griffiths, a rejoint les négociations dimanche à Djeddah pour parler du passage de l’aide humanitaire avec des émissaires de l’armée et des paramilitaires. Mercredi 4 mai déjà, lors d’une visite éclair au Soudan, il avait réclamé aux deux parties « des détails techniques » plutôt que des « engagements généraux » pour laisser entrer l’aide humanitaire et sortir les civils pris sous les feux croisés.

Parallèlement, la Ligue arabe s’est elle aussi penchée sur la question lors d’une réunion tenue au Caire dimanche 7 mai. Les ministres arabes des Affaires étrangères se sont mis d’accord sur un projet de résolution concernant la situation au Soudan, stipulant le plein respect de la souveraineté et de l’unité du pays et le rejet de toute ingérence étrangère dans ses affaires, ainsi que la formation d’un groupe de contact pour travailler sur la résolution de cette crise.

Drame humanitaire

Malgré les tentatives d’apaisement, les deux parties du conflit poursuivent leurs combats à Khartoum et ne cessent d’échanger des accusations sur la rupture des trêves. La nouvelle trêve, entrée en vigueur le jeudi 4 mai, n’a pas tenu, comme les précédentes. Les combats qui entrent dans leur quatrième semaine ont fait quelque 700 morts, selon l’ONG ACLED qui recense les victimes de conflits. Ils ont aussi fait 5 000 blessés, 335 000 déplacés et 115 000 réfugiés, d’après l’Onu.

Au-delà des victimes directes, ce conflit fait progresser la faim, un fléau qui touchait déjà un tiers des 45 millions de Soudanais. Selon l’Onu, entre 2 et 2,5 millions de personnes supplémentaires pourraient souffrir de malnutrition aiguë d’ici six mois si les combats continuent. « Le monde a échoué à empêcher la guerre qui dévaste le pays », a reconnu le secrétaire général de l’Onu, Antonio Guterres, lors d’une visite à Nairobi mercredi 3 mai, mais sans reconnaître la part de responsabilité de l’organisation. Or, au sein de la société civile soudanaise, beaucoup considèrent que cette guerre montre l’échec de la méthode adoptée par la communauté internationale et son attitude trop « conciliante » face aux acteurs du conflit.

Pourtant, certains pointent du doigt la responsabilité internationale et onusienne. La chercheuse soudanaise Khalood Khair, citée par l’AFP, estime que l’Onu a, au contraire, « contribué » à cette situation par son attitude trop conciliante vis-à-vis du coup d’Etat de 2021 et en soutenant un processus politique qui a exacerbé les tensions entre eux.

Pour les experts, la guerre sera longue tant les deux belligérants semblent avoir les mêmes capacités de combat et être peu enclins à engager des négociations politiques avant de l’avoir emporté sur le terrain. « Je pense qu’une opération militaire globale aura lieu prochainement par l’armée soudanaise afin d’expulser les paramilitaires des FSR de toute la capitale : Omdurman au nord-ouest et Bahri au nord, ceci avant que les FSR ne prennent le contrôle des équipements publics. Or, les paramilitaires, qui ont pris une légitimé en invitant à des négociations, ne vont jamais abandonner leurs gains et vont poursuivre les combats, ce qui rend la division du Soudan malheureusement une affaire probable », conclut Abdel-Wahed.

Source: https://hebdo.ahram.org.eg

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