Les combats font rage le 27 mai à Khartoum entre militaires et paramilitaires, qui se disputent le pouvoir. En cette veille de l’Aïd al-Adha, importante fête musulmane, les paramilitaires ont annoncé libérer “100 prisonniers de guerre”.
Dans la capitale soudanaise, les combats entre l’armée, dirigée par le général Abdel Fattah al-Burhane, et les Forces de soutien rapide (FSR) du général Mohamed Hamdane Daglo se concentrent désormais autour des bases militaires.
Les FSR sont, depuis le début de la guerre le 15 avril, présentes en masse dans les quartiers résidentiels où elles avaient établi leurs bases de longue date. L’armée, elle, tente de jouer de son principal atout : les airs, qu’elle contrôle seule, sans que son infanterie ne parvienne à prendre pied dans l’immense ville traversée par deux bras du Nil.
Depuis plusieurs jours, les FSR tentent de faire tomber la capitale où se terrent encore des millions d’habitants. Près d’un million et demi d’entre eux sont partis, fuyant les balles perdues et les coupures d’eau et d’électricité sous une chaleur harassante.
Les FSR contrôlent le QG de la police
Elles ont pris le QG de la police, son immense arsenal et ses camps d’entraînement dans le sud de Khartoum. Depuis le 27 juin elles harcèlent l’armée sur ses bases dans le centre, le nord et le sud de Khartoum, rapportent des habitants à l’AFP.
Sous les tirs, Mawaheb Omar, terrée chez elle avec ses quatre enfants, raconte à l’AFP une fête de l’Aïd qui s’annonce “misérable et sans saveur : on ne peut même pas acheter de mouton”.
Si les bases où ont lieu les combats sont prises, assurent les experts, les FSR auront pris le contrôle de la ville.
Les habitants dénoncent en bloc ces anciens miliciens formés au combat dans la sanglante guerre du Darfour (ouest) lancée en 2003. Ils les accusent aujourd’hui de piller stocks humanitaires, usines et même maisons abandonnées par des habitants ayant fui les violences – ou prises de force.
“violations des droits humains”
La Troïka pour le Soudan – Norvège, États-Unis et Grande-Bretagne – a dénoncé des “violations des droits humains, violences sexuelles et violences à dimension ethnique, attribuées globalement aux FSR et à leurs milices alliées”.
Le général Daglo a répondu à ces accusations par un enregistrement sonore mis en ligne : “Les FSR vont prendre des actions rapides et strictes” contre ceux dans leurs rangs qui ont mené de telles exactions, a-t-il affirmé. Les paramilitaires ont annoncé dans la soirée du 26 juin commencer à juger certains de leurs membres “indisciplinés”.
Libération de 100 prisonniers
Ils ont aussi annoncé libérer “100 prisonniers de guerre, membres de l’armée”. Depuis le début du conflit, les deux camps annoncent régulièrement des échanges de prisonniers via la Croix-Rouge sans jamais préciser le nombre de prisonniers qu’ils détiennent encore.
Le général Daglo, originaire du Darfour a aussi évoqué le sort de cette zone riche en or où vivent plus d’un Soudanais sur quatre. Il faut “éviter de plonger dans la guerre civile”, a-t-il dit, alors que l’ONU dénonce de possibles “crimes contre l’humanité”, notamment des viols, attribués par la plupart des rescapées aux FSR.
Couvre-feu au Kordofan-Sud
En difficulté à Khartoum, l’armée doit aussi faire face à de nouveaux fronts : un groupe rebelle l’attaque désormais dans les régions du Kordofan, du Nil Bleu et au sud de Khartoum.
Au Kordofan-Sud, les autorités locales ont décrété un couvre-feu nocturne pour tenter d’endiguer les violences.
La mission de l’ONU au Soudan, qui a retiré la quasi-totalité de son personnel du pays au début de la guerre, s’est dite “très inquiète” de la violence à Kurmuk, localité du Nil Bleu frontalière de l’Éthiopie.
Les combats y ont fait fuir “des centaines de civils en Éthiopie”, rapporte-t-elle, rappelant qu’à l’été 2021 des heurts tribaux avaient déjà fait plus de 200 morts au Nil Bleu.
Des millions de réfugiés
En tout, plus de deux millions de personnes ont été forcées de se déplacer à l’intérieur du Soudan depuis le 15 avril, tandis que 600.000 autres ont fui le pays, principalement vers l’Égypte au nord et le Tchad à l’ouest.
L’ONU et les humanitaires disent manquer de fonds et mettent en garde: la saison des pluies, de juin à septembre, met grandement en péril leur capacité d’action alors que 25 millions de personnes ont besoin d’aide humanitaire pour survivre.
Et avec les pluies viennent les épidémies de paludisme, de choléra et de dengue.
Source : tv5monde