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Sortir de l’impasse au Mali, une priorité pour la France

Si la campagne de la présidentielle n’est pas un moment propice à des décisions tranchées à propos du Mali, le statu quo n’est pas une option pour Paris, étant donné la gravité et la volatilité de la situation.

Editorial du « Monde ». Près de neuf ans après le début de l’intervention française, que font les militaires français au Mali ? La question devait, de fait, être posée à l’occasion de la visite dans ce pays programmée par Emmanuel Macron les 20 et 21 décembre. A Bamako, le président devait rencontrer le colonel putschiste Assimi Goïta, au pouvoir depuis août 2020, dont les relations avec Paris sont de plus en plus tendues. A Gao, M. Macron devait participer au traditionnel Noël des troupes.

Mais le voyage a été annulé. L’Elysée a invoqué le Covid-19 : le président aurait donné le mauvais exemple, alors que son gouvernement recommande de limiter le nombre de convives pour Noël. Le risque politique d’un tête-à-tête avec un dirigeant non élu a pesé également.

 

Au regard de l’objectif initial de l’engagement français, décidé par François Hollande début 2013 à la demande de Bamako, qui consistait empêcher la prise du pouvoir par des islamistes et à prévenir l’effondrement de l’Etat, le bilan est calamiteux : l’armée malienne a renversé le président élu ; l’Etat est en totale déliquescence ; les djihadistes ont largement étendu leur emprise sur le pays et pris position dans les pays voisins (Burkina Faso et Niger) ; les populations, excédées par les violences, s’en prennent aux soldats français. Certes, Bamako n’est pas tombé et des chefs terroristes ont été éliminés. Mais le djihadisme menace désormais toute l’Afrique de l’Ouest.

Double langage du gouvernement malien

Emmanuel Macron, qui a hérité de cette intervention extérieure, a réussi à impliquer les Etats de la région et à y intégrer des soldats d’autres pays européens. En juin, il a amorcé un retrait partiel. Les bases de Kidal, Tessalit et Tombouctou ont été remises à l’armée malienne, tandis que les soldats français restent présents au centre du pays.

Mais le constat est clair : face à des islamistes qui prospèrent sur l’incapacité des Etats à arbitrer les conflits sociaux, ethniques et fonciers et à assurer le minimum de bien-être et de sécurité aux populations, il n’y a pas de victoire militaire possible.

 

Toutes proportions gardées, la France se trouve au Mali dans une situation comparable à celle des Etats-Unis en Afghanistan : une impasse. Un retrait brutal risque de faire basculer dans l’obscurantisme ce pays longtemps connu pour la tolérance de son islam confrérique et ses liens avec la France, et de laisser la place à des forces hostiles à Paris. L’équation est encore compliquée par le double langage du gouvernement malien, qui promet des élections, mais semble compter sur les miliciens russes du Groupe Wagner pour se maintenir coûte que coûte au pouvoir.

 

Inéluctable à terme, le retrait français suppose que soient recherchées les voies d’une stabilisation politique du Mali. Des discussions avec le Groupe de soutien de l’islam et des musulmans (GSIM, affilié à Al-Qaida), le plus implanté des groupes djihadistes, ne peuvent être exclues. La junte au pouvoir à Bamako y semble résolue. Mais une telle perspective, illusoire sans un feu vert de Paris, et à hauts risques, suppose que soient définis les champs sur lesquels les parties sont prêtes à négocier. Elle exige aussi que le Mali soit doté d’un gouvernement légitime. Autant de préalables qui sont très loin d’être remplis.

Pourtant, si la campagne de la présidentielle française n’est pas un moment propice à des décisions tranchées à propos du Mali, le statu quo n’est pas une option pour Paris, étant donné la gravité et la volatilité de la situation. Sortir de l’impasse sahélienne devra être une priorité du prochain président français.

 

Source: lemonde

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