Les graves accusations de corruption portées contre le Président de la Cour suprême, Nouhoum TAPILY, par le Président du Conseil National du Patronat du Mali (CNPM), Mamadou Sinsy COULIBALY, ont donné lieu à une avalanche de réactions des membres de la famille judiciaire. Condamnations fermes et soutiens sans réserve font l’unanimité, alors que SAM et SYLIMA, tout en réaffirmant leur volonté de lutter contre l’impunité et la corruption, brandissent une menace en prônant le recours aux voies de droit. Voici la substance des réactions.
Dès le 18 mars, le Bureau de la Cour suprême s’est réuni pour examiner la situation et prendre position. En qualifiant les propos de M. COULIBALY d’infamants et d’injurieux contre une personnalité ‘’respectable et respectée au sein de la Cour’’, le Bureau de la Cour suprême ‘’apporte un démenti cinglant aux propos outrageants proférés par Monsieur Mamadou Sinsy COULIBALY contre Monsieur Nouhoum TAPILY, Président de la Cour suprême’’ ; ‘’condamne avec la dernière rigueur les injures graves de Monsieur Mamadou Sinsy COULIBALY contre le Président de la Cour suprême’’ ; ‘’apporte son soutien sans faille à Monsieur le Président de la Cour suprême’’.
L’Association des jeunes magistrats du Mali qui regrette la sortie du Président du CNPM dont les propos sont jugés diffamatoires et injurieux et règle également ses comptes avec l’ORTM dont le professionnalisme est remis en cause.
L’Association, dans sa riposte rappelle à M. COULIBALY : ‘’quand on se veut champion de la probité, de la transparence et de toutes les vertus du monde, il faut prêcher par l’exemple, ce dont il est à des milliers de kilomètres eu égard à ses différents séjours carcéraux et aux procédures en cours actuellement contre lui au Pôle économique et financier pour faux et usage de faux et d’Abus de confiance et devant la Cour suprême’’.
L’Association interpelle les périls extérieurs et intérieurs qui planent sur le corps, le plaçant de ce fait à la croisée des chemins. Aussi exhorte-t-elle : ‘’que pour cela, il faut que chaque Magistrat sache que sa dignité s’accroit de celle de toute la magistrature et que la dignité de la magistrature s’enrichit de celle de chaque Magistrat’’.
Tout en interpellant les syndicats de magistrats à toute réaction appropriée, l’Association des jeunes magistrats du Mali ‘’apporte son soutien inconditionnel et déférent au Doyen Nouhoum TAPILY et aux syndicats de magistrats dans tout ce qu’il sera estimé légitime et légal à entreprendre dans cette affaire pour l’honneur et la dignité de l’institution judiciaire’’.
De leur côté, l’Union internationale des magistrats (UIM) et la Référence syndicale des magistrats (REFSYMA) ‘’se disent scandalisées par des propos diffamatoires et des injures publiques dans les lieux et espaces publics par le Président du Conseil National du patronat, contre l’Honorable Président de la Cour suprême du Mali’’.
Ils mettent au défi l’auteur de ces propos ‘’de prouver une seule rencontre qu’il aurait eue, soit directement, soit indirectement ou même par personne interposée avec la victime dont il veut ternir l’image pour des raisons inavouées’’.
Les deux organisations, tout en affirmant leur attachement à la liberté d’expression, ‘’déplorent ces pratiques dévalorisantes d’individus minables pour qui se mettre au-dessus des lois de la république en toute impunité est un signe de considération ou de réussite sociale’’.
En réaffirmant son engagement à défendre l’institution judiciaire et à défendre les intérêts matériels et moraux des magistrats, et désapprouvant et condamnant sans réserve ‘’les errements du richissime au parcours mal connu et à la réputation controversée (…). Les deux organisations n’ont pas manqué aussi d’exprimer ‘’ leur solidarité au Président de la Cour suprême’’. Elles entendent également ‘’soutenir toute action souhaitée contre tout auteur et complice de ces faits d’injures publiques et de diffamation, et en vue d’assurer la défense de l’honneur et de la dignité de l’illustre personnalité’’.
Le Syndicat autonome de la magistrature (SAM) et le Syndicat libre de la magistrature (SYLIMA) ne sont restés en marge de cette pluie de condamnations, en brandissant une menace. Ils soulignent : ‘’en tout état de cause, les syndicats de la magistrature voudraient rappeler que le Mali est un État de droit où toute personne, quelle que soit sa qualité, est susceptible de répondre de ses actes en se soumettant à la loi, que par ailleurs, tout comme la liberté d’expression, la présomption d’innocence est consacrée par la Constitution malienne’’.
C’est sur la base de ces principes que les syndicats de magistrats prônent ‘’le recours aux voies de droit et mettent en garde contre toute extrapolation du champ desdites attaques et tout atteinte, fut-elle insidieuse à l’encontre de la Magistrature’’.
Le SAM et le SYLIMA qui rappellent leur impartialité en toute circonstance et leur attachement au respect de la légalité, réaffirment leur ferme volonté de lutter contre l’impunité et la corruption.
PAR BERTIN DAKOUO
Source: info-matin.