Après avoir reçu les Présidents du G-5 Sahel au Palais de l’Elysée, le Président de la république française, Emmanuel Macron a pratiqué la politique de la chaise vide à N’Djamena où le sommet du G-5 Sahel s’est tenu hier lundi 15 février 2021. Or, il semblait, avant la date du sommet, être dans la dynamique des préparatifs avec ses homologues du G-5 Sahel.
« Attitude, volontaire ou involontaire, consciente ou non, qui consiste à se conduire comme un père envers d’autres adultes sur lesquels on exerce ou tente d’exercer une autorité d’un ordre parental », voici ce que le dictionnaire ‘’le Larousse’’ donne comme définition du mot paternalisme. Ce terme sied bien à la posture que Macron a prise vis-à-vis des Présidents du G-5 Sahel.
La France continue de maintenir l’attitude de suprématie sur les Présidents des pays africains qu’elle a colonisés à la faveur du partage du monde entre les grandes puissances. Ce, avec « l’équerre et le compas », comme l’a dit le Président-poète sénégalais, Léopold Sédar Senghor.
Des interrogations de l’histoire, il ressort que ces pays du G-5 Sahel ont été, durant des siècles, vidés de leurs bras valides pour le bonheur et la liberté de la France, surtout au moment des guerres. Ils sont aujourd’hui tenaillés par une rébellion. Dans ces pays, les terroristes ne cessent de semer la désolation en mettant fin au jour de paisibles citoyens.
Pour mener une lutte commune contre les forces du mal, les présidents des Etats du Sahel, de commun accord, ont décidé de s’associer en une force appelée le G-5 Sahel, créé lors d’un sommet du 15 au 17 février 2014. Il se fixe comme objectif d’assurer le développement et la sécurité de ses Etats membres. Après sa naissance, le G-5 Sahel a demeuré pendant longtemps comme un albatros car il a eu du mal à prendre vite son envol à cause du retard dans la mobilisation des fonds pour son fonctionnement.
Les semaines précédant le sommet de N’Djanena chez Idriss Deby Itno, le Président de la république française, Emmanuel Macron aurait fait le sien à Paris où il a invité les cinq présidents du G-5 Sahel un à un.
C’était sûrement pour se parler de ce qui les lie : la lutte contre le terrorisme au Sahel. Chacun de ces Présidents a répondu à l’appel de Macron en se rendant au Palais de l’Elysée.
Il s’agit de Mahamadou Issouffou du Niger, Idriss Deby Itno du Tchad, Rock Marc Christian Kaboré du Burkina Faso, Mohamed Ould El Ghazaouani de Mauritanie et le Président de la transition du Mali, Bah N’Daw. Qu’est-ce que ces Présidents et Macron se sont dits ? Qu’est-ce qui n’a pas marché dans les coulisses ? C’est cela le sexe des diables. Mais le Président français est resté spectateur de ce sommet en le suivant par visioconférence depuis son palais.
Remake de la convocation des Présidents par Macron en prélude au sommet de Pau ? Le refus du locataire de l’Elysée de se rendre à N’Djamena est la confirmation de l’attitude que la France a toujours eue à l’égard de ses anciennes colonies : le mépris.
Primo, il exprime ainsi sa suprématie sur ces Présidents du G-5 Sahel. Deuxio, il se pourrait que l’Hexagone digère mal le sentiment anti-français que certains Maliens n’hésitent pas à manifester même s’ils le font au prix de matraque des forces de l’ordre.
En outre, au Tchad, l’opposition l’accuse de ne pas pouvoir dire la vérité à Idriss Déby qui tient à un 6ème mandat. Si la deuxième argumentation s’avère, les Présidents du G-5 Sahel doivent se détromper au sujet de leurs « anciens maîtres » en comptant sur leurs propres efforts pour vaincre le terrorisme dans leurs pays.
Le beau temps de la coopération entre la France et les pays africains semble révolu avec les régimes de Chirac et Hollande. L’on se rappelle, des sommets Afrique-France se sont bien tenus avec la présence de Chirac, mais au sommet du G-5 Sahel au Tchad, Emmanuel Macron manque à l’appel de ses homologues du G-5. Ce, après les avoir reçus en aparté.
La France doit afficher maintenant sans demi-mesure la bonne volonté dans cette lutte contre le terrorisme dans la mesure où les manifestations contre les forces étrangères n’ont jamais prospéré. Macron doit savoir que lui et ces Présidents sont sous la loupe d’une opinion publique qui exige le résultat à court terme.
Pour rappel, le sommet tenu chez Idriss Itno qui fait également face à une fronde contre son 6ème mandat. Lors du sommet, les manifestations étaient en cours.
Paternalisme quand tu nous tiens !
Bazoumana KANE
Source : L’Alerte