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Sommet de la Francophonie : « La France-Afrique » s’active sous le visage angélique de la francophonie…

Sommet de la Francophonie : « La France-Afrique » s’active sous le visage angélique de la francophonie, mais la francophonie a bon dos…

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A partir de Dakar, la Francophonie compte désormais 80 membres, avec l’adhésion du Mexique, du Kosovo et de Costa Rica,, dotés du statut « observateurs », portant ainsi leur nombre de 20 à 23. Malgré une participation non représentative de la Francophonie avec 33 pays présents au XV ème Sommet.

Dakar marque, une nouvelle étape de l’évolution de cette organisation qui, d’Agence de Coopération Culturelle et Technique (ACCT) en1970, lors de sa création à Niamey, était devenue, Organisation Intergouvernementale de la Francophonie en 1998, avant d’être, depuis 2005, l’Organisation Internationale de la Francophonie (OIF) d’aujourd’hui.

Cette évolution de la Francophonie n’est donc pas d’ordre sémantique, comme beaucoup d’africains l’ont crue, mais reflète la mutation lente, mais réelle de cette organisation, d’instrument au service de la stratégie géopolitique de la France en Afrique, en un instrument universel de la résistance politique à l’hégémonie de l’anglais , que portait l’Unesco au niveau culturel.

Dès sa naissance, le Québec au sein de l’Etat Fédéral du Canada, et les Belges francophones, face à leurs concitoyens Flamands, ont vu, dans cette organisation, non pas seulement un instrument de la politique française en Afrique, mais fondamentalement, un moyen international de préservation de leurs langues et de leurs cultures.

Malgré les apparences, la France a montré que la promotion de la langue française en Afrique était le cadet de ses soucis, comme le prouve le bilan des 18 années d’existence de l’ACCT en Afrique de l’Ouest où, jusqu’à la tenue du Sommet de Dakar, moins de 25% de la population est francophone comme au Burkina Faso (75% de la population ne parlent pas français), un chiffre qui est de plus de 82% au Mali et s’envole à 85% au Niger. Au Sénégal, malgré plus de deux siècle de colonisation, plus de 60% de la population ne parlent pas français.

La francophonie, dans nos pays, a plutôt servi d’ascenseur social à des couches moyennes intellectuelles au service de la géostratégie de la France en Afrique et dans le monde, comme l’attestent les promotions faites à Senghor et à Abdou Diouf, qu’à développer la langue française dans nos pays, tenue à bout de bras par nos maigres ressources budgétaires et les apports des familles pour l’éducation scolaire de leurs enfants.

C’est cette fonction historique de la Francophonie, que les candidats africains à la succession de Diouf croyaient toujours en vigueur, pour justifier leurs prétentions individuelles et leur refus de consensus africain pour désigner l’un d’entre eux, du fait que chacun était personnellement convaincu qu’il serait en définitive le candidat de la France, étant donne ses états de service.

Le maintien de la candidature  de la canadienne, malgré le déplacement de Hollande au Canada pour son retirait, était autan d’encouragement à ces candidats africains pour garder espoir. Par contre, la volonté de francophones du Canada et de la Belgique de faire de leur organisation, un mouvement politique de résistance internationale face à l’hégémonie de l’anglais, a rendu la Francophonie de plus en plus attrayante pour les peuples soucieux de faire triompher la diversité culturelle dans le monde. C’est cette évolution qui a pris le dessus au XV ème Sommet de Dakar. C’est cela qui était l’enjeu principal de ce sommet, et qui fut reflété par l’âpreté  des tractations pour désigner le successeur de Diouf.

Tout dépendait donc, à ce sommet, de la position définitive de la France, et que la Canadienne a reflété en ces termes : « Chaque mot est important dans ce qu’on fait ici et le fait que la France s’avance d’un pas de cette manière-là, ça veut dire que la France a cheminé et la France est prête, on souhaite que la France soit prête à le dire carrément  et clairement. » Cette position, en clair obscur, de la France, avait amené certains à attribuer à Hollande l’idée de compter sur un désaccord africain et canadien, pour imposer son joker, le Liban, qui, à la tête de la Francophonie, donnerait à la France plus de légitimité à jouer un rôle pour lequel il a tenté de prendre le peloton de tête de la lutte contre le président Assad de Syrie, qu’il perçoit comme une menace contre ce pays et ses intérêts stratégique dans la région.

Il se serait même retiré un moment du huit-clos des chefs d’Etat, quand il avait cru que les pays africains allaient fini par choisir  leur candidat, en l’occurrence Jean Claude l’Estrac, de l’Ile Maurice, qui était resté zen durant les débats…

Ce serait cette éventualité, qui a mis fin aux manoeuvres de Hollande, qui a rallié la candidature canadienne, en mettant fin au suspens d’un huis clos de plus de quatre heures. Et pour consoler les candidats africains déçus par sa volte-face, il leur promet que « l’Administrateur général » serait africain, comme pour leur montrer que la France, garde toujours un pouvoir de nomination aux postes clef de cette institution…

A Dakar, la France a donc perdu don pouvoir de promouvoir ses « ouailles » à la tête de la Francophonie. Même son rôle paternaliste historique envers les chefs d’Etat francophone d’Afrique a été vigoureusement et publiquement  contesté par la ministre des Affaires Etrangères du Rwanda en ces termes rapportés par quasiment tous les journaux qui ont couvert le Sommet : même si le président français peut «  exprimer son, point de vue(et) donne des conseils à ses pairs »; elle regrette, tout de même, le « ton paternaliste et quasi directif lorsqu’il dit ‘ je suis venu à Dakar pour dire aux africains’ ! Je trouve que ce n’est pas normal ! Nous sommes en 2014 ! », s’st elle indignée.

Dakar marque donc bien un tournant historique dans les rapports entre la France et les pays francophones d’Afrique, que les patriotes africains devraient prendre pleinement en considération, pour faire jouer à la Francophonie son rôle de défense et de promotion de la diversité culturelle, et lui permettre de rompre avec sa fonction traditionnelle d’instrument géostratégique de la France en Afrique, et d’ascension sociale de couches moyennes intellectuelles africaines au service de cette dernière.

Cette Francophonie de ce début du XXIème siècle ne peut pas être une « Francophonie économique », encore moins celle des « peuples » d’autant plus qu’à Dakar, rien n’a été prévu pour promouvoir la mobilité de la main d’oeuvre, la libre circulation des marchandises et le droit d’installation et d’entreprendre dans l’espace francophone, qui reste limité à « l’éducation, la formation et l’enseignement supérieur », donc à « émigration choisie », alors que les atouts que cet espace exhibe sont d’ordre démographique (14% de la population mondiale) et commercial ( 20% des échanges internationaux des marchandises). Evidemment, cette vision ne gêne pas les APE (Accords de partenariat économique)

Même si la nouvelle Secrétaire générale veut l’orienter vers une plus grande coopération économique avec les pays émergents, ses principaux bailleurs que sont la France, le Canada et la Belgique, sont dans une stratégie géopolitique avec les Etats Unis, qui vise à réduire, à sa plus simple expression, la coopération des pays africains avec les pays émergents. La nouvelle Francophonie post Dakar ne pourra donc être qu’une organisation politique de défense et de promotion de la diversité culturelle, ou n sera qu’un coquille vide.

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