(Agence Ecofin) – Pour restaurer la démocratie et protester contre l’arrivée de militaires putschistes au pouvoir, la CEDEAO a imposé des sanctions ciblées contre le Mali. La situation n’a toujours pas évolué, et les défauts de paiement s’accumulent pour le secteur financier.
Les institutions bancaires actives au Mali à travers des investissements sur les titres d’emprunts du gouvernement ou ayant une présence effective en tant qu’institutions de crédit seront très à l’écoute du prochain sommet des présidents de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDAO), qui se déroulera le dimanche 3 juillet prochain à Accra, au Ghana.
Depuis ce jeudi 30 juin, les ministres de la sous-région sont déjà en train de travailler sur les grands dossiers qui seront discutés au cours de cette rencontre, et la situation du Mali qui continue d’être sous le coup des sanctions notamment financières ne manquera pas d’être abordée, entre autres. Rien que sur la période allant du 16 mai au 27 juin, le pays n’a pas pu honorer à ses engagements visant à rembourser près de 44 milliards FCFA de dettes dues aux investisseurs du marché des titres publics de l’UEMOA.
Lorsqu’ils sont interrogés sur la question, les responsables de banques disent suivre cette situation avec beaucoup d’attention, sans rien ajouter. A l’Agence UMOA-Titres qui organise le marché des titres publics de cette sous-région, les communiqués successifs indiquent simplement la raison de ce dysfonctionnement et la volonté affichée de suivre de près la situation.
La seule indication publiquement accessible sur le marché et qui peut servir de référence est le résultat de la filiale au Mali du groupe bancaire Bank of Africa. Même si son bénéfice net a très sensiblement progressé (+2,4%) au cours du premier trimestre, cela n’est pas le fait des activités d’exploitation qui affichent un résultat en baisse de 23,6%
Un allègement, ou tout au moins un meilleur ciblage des sanctions financières pourrait s’imposer, si les désaccords persistent entre les dirigeants à Bamako et leurs homologues de la CEDEAO. Au total, le gouvernement malien est tenu de rembourser 346 milliards FCFA en 2022, rien que sur le marché des titres publics de l’UEMOA. Si on y ajoute l’échéance de 2023, cela portera le total à 761 milliards FCFA.
Ces non-remboursements posent deux principaux défis aux banques qui ont acquis les titres publics du Mali. Ils pourraient les priver de plus d’une centaine de milliards FCFA de revenus d’intérêts (117 milliards FCFA) en 2022 et 2023, et immobiliser des ressources de l’ordre de 623 milliards FCFA. Ce risque ne concerne pas que les banques basées au Mali, dans la mesure où un peu plus de 66,5% des titres publics du pays sont détenus par des entités financières des autres pays de l’UEMOA, majoritairement de Côte d’Ivoire et du Burkina Faso.
Même si l’option d’une meilleure gestion des sanctions financières était prise, son exécution risquerait de poser problème. La dette s’est accumulée au fil du temps, et le tableau des opérations financières du Mali ne donne pas l’impression que le pays pourrait tout régler en une seule fois. Il n’est pas certain que la Banque centrale (BCEAO) interviendra pour introduire des exceptions à la règlementation sur la gestion des risques, comme cela s’est vu lors de la covid-19.