Le gouvernement somalien a démis de ses fonctions vendredi le contrôleur général des finances publiques, Nur Jimale, dont les gardes du corps sont soupçonnés d’avoir tué par erreur mercredi le jeune ministre des Travaux publics, a-t-on appris de source officielle.
« Après la lecture d’un rapport sur la mort du ministre Abdullahi Siraji, ministre des Travaux publics, les membres du gouvernement ont décidé à l’unanimité de relever le contrôleur général de ses fonctions. Il sera temporairement remplacé par son adjoint », selon un communiqué du gouvernement réuni en urgence vendredi.
Mercredi soir, le ministre âgé de 31 ans avait été abattu d’une balle au volant de son véhicule dans le quartier sécurisé de la présidence, à Mogadiscio.
Les circonstances exactes n’ont pas encore été clairement établies. Peu après le drame, le contrôleur général avait évoqué « des coups de feu impliquant des soldats qui étaient devenus soupçonneux les uns des autres », laissant entendre qu’une fusillade avait éclaté entre gardes armés.
Mais ce scénario n’a pas été confirmé en l’état et plusieurs responsables sécuritaires ont avancé l’hypothèse que les gardes de sécurité de M. Jimale avaient ouvert le feu sur le véhicule du ministre de peur qu’il ne s’agisse d’un véhicule piégé et d’une nouvelle attaque potentielle des insurgés islamistes shebab.
Ces derniers, qui ont juré la perte du gouvernement, mènent régulièrement des attentats à la voiture piégée jusque dans le cœur de la capitale somalienne. Mais leur implication dans la mort du ministre est complètement écartée par les autorités somaliennes.
« Le procureur général et le chef de la police somalienne ont exposé au gouvernement les circonstances de l’incident meurtrier et l’ont informé de l’enquête en cours. En l’état, trois personnes ont été arrêtées en lien avec cet incident », poursuit le communiqué.
Ces trois personnes sont tous membres de la garde rapprochée du contrôleur général, selon M. Jimale lui-même, qui a critiqué devant la presse la décision du gouvernement, arguant qu’il revenait au Parlement et non à l’exécutif de se prononcer sur son limogeage.
L’histoire du jeune ministre Siraji, dont le corps a été inhumé mercredi en présence du président somalien Mohamed Abdullahi Mohamed, dit « Farmajo », était perçue comme une source d’inspiration dans un pays ravagé par les conflits et l’anarchie depuis 25 ans.
Il était à 31 ans le plus jeune membre du nouveau gouvernement nommé en mars. Il avait grandi dans le camp de réfugiés de Dadaab, au Kenya, et avait l’an passé remporté une victoire surprise contre un ancien ministre pour devenir député.