A Bamako, ils sont sortis de nulle part et sont aujourd’hui à la une de l’actualité en matière de fortune. Ainsi à chaque régime, ses nouveaux riches. Toutes les belles maisons sont leur marque. Ils excellent dans le zèle qu’on se demande s’ils ne sont pas des protégés d’en haut d’en haut comme le dise les Ivoiriens.
Les “ babatchès “ se sont ainsi créé leur petit monde, coupé des réalités locales, et vivent dans une bulle. Ils sont aujourd’hui sollicités et leurs noms cités partout. Dans les boîtes de nuit, les virées
nocturnes tournent parfois au ridicule. Des millions de francs CFA sont engloutis en une seule nuit.
Les voitures sont les premiers signes extérieurs de richesse à Bamako. Toyota V8, BMW X6,
Audi Q7, Land Rover blindée… Certains n’hésitent pas à aligner deux ou trois de ces marques dans leur parc automobile.
Aujourd’hui, la mode est à l’affrètement d’avion ou à l’achat d’une centaine de billets pour organiser
des cérémonies entre amis. Un luxe que s’offrent ces nouveaux riches maliens. En véritables seigneurs, ces nantis entretiennent une véritable cour, et sont suivis de valets – affublés du titre de “ chargés de mission “ ou de griots professionnels – dont la fonction principale est de faire les achats ou bien encore de trimbaler les nombreux téléphones portables du patron.
La présence de gardes du corps achève d’attester de l’importance de la personne. Devant des restaurants VIP, on peut croiser ce petit personnel qui guette la sortie du “ boss “. L’exubérance semble devenir l’un des caractères typiques d’une partie de la jeunesse malienne qui n’hésitent pas afficher un train de vie digne de stars hollywoodiennes. A Bamako spécifiquement, les réseaux sociaux et certaines chaînes de télévision diffusent des émissions dans les- quelles de jeunes maliens et maliennes étalent leur richesse comme signe de réussite sociale.
Ils sont pour la plupart des jeunes hommes et dames aux activités diverses se déclarent habituellement
être des hommes et femmes d’affaires. L’opulence dont font preuve ces jeunes peut soulever non seulement des questions sur l’origine de leur richesse mais surtout son impact sur le développement global de ce pays.
Sur l’origine, ces jeunes maliens mettent tous pratiquement en avant des activités légales ou du moins non prohibées comme l’exploitation de lieux de loisirs, la monétisation de leurs comptes de réseaux sociaux ou encore du marketing sur leur propre notoriété. Il est donc difficile sans enquête et analyse approfondies d’étayer les thèses suspicieuses de blanchiment de capitaux, de trafics illicites évoquées par certains observateurs. Quant à l’impact des richesses exhibées sur le tissu social dans son ensemble, cela reste mitigé.
En effet, avec de nouveaux millionnaires pour ne pas dire milliardaires, il y a un effet de croissance
du pouvoir d’achat. De même l’aspect de la ville de Bamako bénéficie de ce « boom » notamment en
matière immobilière car le luxe se déteint sur les habitations. Toute-fois, il faut préciser cette augmentation de « riches » ne permet pas encore au Mali de faire face à la
cherté de la vie et de vivre dans le top des pays pauvres du continent.
Paul Yapi N’Guessan