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Sleimane : « La guerre en Syrie a déjà coûté cher au Liban »

LEBANON-GOVERNMENT-POLITICS

INTERVIEW – Le président libanais, Michel Sleimane, sollicitera le 25 septembre, en marge de l’Assemblée générale de l’ONU, l’aide d’un groupe international d’appui au Liban pour faire face aux retombées du conflit syrien sur son pays

LE FIGARO.- Vous êtes contre des frappes en Syrie. L’heure est à nouveau à la diplomatie: êtes-vous rassuré?

Michel SLEIMANE.-Le Liban a réussi jusque-là à ne pas se laisser entraîner dans un cycle de violence interne. Je suis confiant que nous continuerons à éviter la contagion de ce conflit malgré la montée des tensions confessionnelles qu’il suscite et que des frappes auraient aggravées.

Le Liban a longtemps subi la duplicité du régime syrien. Croyez-vous qu’il va respecter ses engagements? Craignez-vous un transfert d’armes chimiques?

J’espère que l’accord en voie de conclusion sur l’arsenal chimique mènera à une solution politique. L’intérêt du Liban est que la Syrie soit en paix. Quant au transfert d’armes chimiques, ce sont des rumeurs. Le Hezbollah (allié de Damas, NDLR) n’en veut pas, lui-même.

Depuis la fin de la tutelle syrienne en 2005, le Liban fait face à un blocage institutionnel. Dans ces conditions, comment espérer l’aide internationale que vous allez réclamer à New York?

Cette réunion est une initiative française. Le Liban a subi un lourd préjudice à cause de la guerre syrienne, déjà 7 milliards de dollars selon la Banque mondiale. Nous avons besoin du soutien international au modèle que représente le Liban: c’est un petit pays démocratique, dont le fondement est le consensus entre communautés, qui a nagé à contre-courant pendant des décennies dans le monde arabe. Cette tradition consensuelle s’ajoute à l’ambiguïté d’articles de la Constitution qui entravent la prise de décision au niveau de l’exécutif. Aujourd’hui que la région est en pleins soubresauts, c’est dans l’intérêt de tous de nous aider à passer ce cap difficile. En ce qui me concerne, j’estime que la chance donnée à la formation d’un gouvernement consensuel a trop duré. D’ici à début octobre, le premier ministre désigné et moi-même prendrons nos responsabilités pour former un gouvernement. Il faut un pouvoir exécutif légitime en place, en prévision de l’élection présidentielle de mars à mai prochain.

Vous demandez de l’aide pour gérer les réfugiés syriens: la capacité d’accueil du Liban a-t-elle atteint ses limites?

Les réfugiés syriens officiellement recensés sont plus de 800.000. Il faut y ajouter les 300.000 ouvriers syriens rejoints par les leurs et 90.000 Palestiniens de Syrie venus gonfler les effectifs des réfugiés palestiniens déjà établis au Liban. Cela fait plus de 35 % de notre population, ce qui dépasse largement nos capacités d’absorption et a des retombées majeures.

Vous voulez aussi une aide substantielle à l’armée qu’on vous refuse à cause de ses liens avec le Hezbollah. Comment pensez-vous convaincre les amis du Liban?

Ceux qui pensent que l’armée est sous l’influence du Hezbollah se trompent. La renforcer en la dotant de défenses antiaériennes et de systèmes d’artillerie efficaces, est le seul moyen à terme de convaincre le Hezbollah de livrer ses propres armes. Je n’emploie pas le terme de «désarmement» car le Hezbollah a joué un rôle majeur pour assurer la libération en 2000 de la plus grande partie du territoire libanais occupé par Israël, alors que les résolutions de l’ONU étaient restées lettres mortes depuis 22 ans. Cette question trouvera sa réponse dans le projet de stratégie de défense que j’ai soumis au Comité du dialogue national libanais et que le secrétaire général de l’ONU a salué.

En pratique, le Hezbollah a son propre agenda militaire. En parallèle, l’islam sunnite libanais se radicalise…

J’ai solennellement critiqué l’implication du Hezbollah en territoire syrien et lui ai demandé de rappeler ses hommes pour s’en tenir à une politique stricte de dissociation du Liban de la guerre en Syrie. Quant à la montée de l’extrémisme sunnite, elle est réelle, mais limitée. Les groupes terroristes n’ont pas réussi à se reconstituer depuis leur élimination de Nahr al-Barid. Le Liban est une mosaïque de confessions qui ne favorise pas la radicalisation et la grande majorité des sunnites, comme celle de toutes les communautés, est reconnue pour sa modération et son adhésion à l’esprit de convivialité auxquels adhèrent tous les Libanais.

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