La détérioration de la situation sécuritaire et la crispation du climat sociopolitique préoccupent l’ensemble des institutions de la République. L’Assemblée nationale en a donné la preuve hier par l’adoption d’une résolution à cet effet. La question de sa dissolution s’est invitée dans les débats
à l’ordre du jour de cette séance plénière tenue hier au Centre international de conférences de Bamako, l’adoption d’une résolution sur la situation sécuritaire et sociopolitique du pays et des communications.
À l’ouverture des travaux, les députés ont demandé au président de l’institution, Moussa Timbiné, une suspension pour permettre aux groupes parlementaires de prendre connaissance du document élaboré par la Commission des Lois. Après cette suspension, ils sont revenus en salle pour la présentation dudit document par le rapporteur.
Lors des débats, de nombreux intervenants ont signalé un problème de coordination entre les faits cités dans le document. D’autres à l’image de Sidiki N’Fa Konaté, élu à Kolondièba, ont demandé de condamner le rassemblement du 5 juin à la fin duquel certains manifestants se sont dirigés vers la résidence du chef de l’État. La députée Kadidia Sangaré a suggéré de préciser dans la résolution que l’Assemblée nationale s’oppose à sa dissolution. Son collègue Daouda Moussa Koné a fait remarquer que la crise actuelle du secteur coton ne peut pas être occultée dans un tel document.
La raison qu’il a évoquée est que cette crise pourrait, si elle n’est pas réglée au plus vite, avoir des conséquences économiques et sécuritaires.
Assane Sidibé, député élu en Commune IV, a demandé à la plénière d’avoir le courage de dire que la Cour constitutionnelle est l’institution mise en cause pour la crise sociopolitique actuelle. Il a suggéré que dans sa résolution, l’Assemblée nationale propose une solution de sortie de crise et même concernant l’institution parlementaire elle-même. Pour lui, le Parlement ne doit pas être un club de soutien au chef de l’État. Et les députés doivent avoir le courage, à travers cette résolution, de dire que les cris du peuple sont légitimes.
Le député Bakary Diarra de la Commune III va axer son intervention sur la crise post-électorale. Pour lui, la dissolution de l’Assemblée nationale n’est pas la solution. Il a proposé par contre la tenue d’élections dans les circonscriptions électorales où il y a eu des contestations.
Aliou Boubacar Diallo, au nom du groupe parlementaire « Benso » a fait des propositions. Pour contribuer à l’apaisement, il a demandé la démission de la présidente de la Cour constitutionnelle et de surseoir à toute initiative de dissolution de l’Assemblée nationale car cela contribuerait, selon lui, à généraliser la crise. Il a aussi suggéré la mise en place d’une commission des sages pour discuter avec les candidats malheureux des circonscriptions faisant l’objet de vives contestations afin d’envisager des solutions de décrispation pouvant aller, si nécessaire, jusqu’à la reprise du scrutin. Avant de suspendre à nouveau les travaux pour permettre à la Commissions Lois d’intégrer les différents amendements faits, Moussa Timbiné dira qu’il faut aujourd’hui l’unité et la cohésion autour du Mali. Selon lui, un pays est fait d’institutions et celles-ci sont ses fondements.
À la reprise de la séance, le document final a été présenté à la plénière. Il ressort de cette résolution qu’après avoir délibéré, l’Assemblée nationale recommande au gouvernement de prendre toutes les dispositions pour assurer la sécurité des personnes et de leurs biens et de restaurer la paix sur toute l’étendue du territoire national. Elle salue l’initiative du président de la République d’ouvrir le dialogue en vue de chercher des solutions aux préoccupations soulevées, soutient le chef de l’État dans son engagement et sa volonté manifestes de réunir tous les fils du Mali.
Aussi, l’institution demande au gouvernement de renforcer les mesures barrières pour limiter l’expansion de la Covid-19, de renforcer les mesures d’accompagnement pour atténuer les effets de la crise économique née de la Covd-19 et de garantir la production et la productivité du coton.
Elle invite les acteurs sociopolitiques à inscrire leurs actions dans le strict respect de la Constitution et des lois de la République, invite les acteurs au respect strict des recommandations sorties du Dialogue national inclusif et demande au gouvernement la poursuite de la mise en œuvre des recommandations dudit dialogue.
En outre, le Parlement se réjouit de l’annonce faite par le président de la République au sujet de la libération très prochaine de Soumaïla Cissé, salue la décision courageuse et sage du président de la République de constituer un gouvernement d’union nationale et d’appliquer l’article 39.
Il recommande au gouvernement, la mise en œuvre diligente des instructions données par le chef de l’État lors de son adresse aux forces vives de la nation le 16 juin dernier, apporte son soutien à l’ensemble des institutions de la République qui constituent les fondements de notre démocratie, apporte son soutien sans réserve au président de la République et s’engage à l’accompagner dans la mise en œuvre de toutes les mesures susceptibles de ramener la paix et la cohésion sociale, gage de stabilité dans notre pays dans le strict respect des institutions de la République et conformément à la Constitution du 25 février 1992. En outre, l’institution invite tous les acteurs de la vie sociopolitique à privilégier en toute circonstance, la voie du dialogue pour faire face à la situation sécuritaire et sociopolitique de notre pays.
La dissolution de l’Assemblée nationale étant des prérogatives du président de la République, cette question n’est pas mentionnée dans la résolution qui a été adoptée par 99 voix pour, 2 contre et 13 abstentions.
Dieudonné DIAMA