Ensemble, ils ont fait une déclaration dont voici la teneur :
La semaine écoulée a exigé à toute la population malienne une double dose de joie et de chagrin. Pendant que tout le monde se laissait emporter par les délices de la victoire du Mali à la Can au Niamey, la nouvelle de la mort du juge Sounkalo a soudainement attristé plus d’un.
Les juges de la République ont observé un deuil de trois jours à la mémoire de leur homologue. Comme un coup de soulagement, l’actualité impose une autre tournure par la libération de Makan Doumbia, préfet de Ténenkou et brusquement du journaliste Issiaka Tamboura des mains de leurs ravisseurs.
Comme le temps qui coule, l’actualité n’a pas cessé de suivre son petit bonhomme de chemin. Il semblerait que la visite annoncée du premier ministre de la France, Édouard Philippe, a été ressentie comme la plus terrible de toute l’actualité. Cela signifie que la politique africaine de la France est très mal ressentie au Mali, comme partout dans le monde. D’ailleurs, de François Mitterrand à Emmanuel Macron, les chefs d’Etat se succédant au pouvoir, ont dénoncé cette politique qui tire son origine de l’époque coloniale et qui vise à pérenniser le colonialisme français vis-à-vis de ses anciennes colonies jusqu’à la fin des temps.
A titre de rappel, le général De Gaule l’a décrété en ces termes : “Pour les territoires coloniaux, il ne saurait être question du self gouvernement, même dans un futur lointain et la France poursuivra cette politique de refus avec détermination”. C’était lors de la conférence tenue é Brazza en 1944.
Au moment où les autorités italiennes dénoncent avec force et détermination la pérennisation du colonialisme français en Afrique, tout en provoquant le flux migratoire des Africains vers l’Europe, le dictionnaire français nous laisse lire que |a France a trouvé en IBK un homme politique qu’il cherchait depuis fort longtemps pour néo coloniser le Mali. C’est un cas cité dans le dictionnaire, pour mieux expliquer le mot néo coloniser.
Donc pour des Maliens, qui sont aptes é lire entre les lignes, cette visite de travail au Mali du 22 au 24 février 2019 du premier ministre français Edouard Philippe en compagnie d’une forte délégation, permettra de nouer davantage le pacte d’agression de la France contre l’Etat du Mali engagé dans une guerre proxy sustentée par la France. Pour manifester notre trop grande réticence à cette politique française, nous membres de ces organisations citées ci-dessus, fans mobilisés pour nous faire entendre, le vendredi dernier, lors de la visite de cette délégation française. Pour une question de précision, les participants de cette mobilisation ont occupé la devanture de la Pyramide du Souvenir.
Ils scandaient : “Stop au génocide de la France au Mali, stop au mécanisme CFA, stop a la guerre d’agression de la France au Mali”. En outre, les messages étaient lancés contre la présence des troupes françaises au Mali et le pillage systématique du pays par les forces impérialistes que M. Macron défend. Lors de son passage à Ouagadougou, en novembre 2017, il déclarait : “II ne faut pas avoir une approche bêtement antiimpérialiste”. Or, la Charte de l’impérialisme stipule en son article premier : “De la Devise : Devise de l’impérialisme : Gouverner le monde et contrôler les richesses de la planète; Notre politique est de diviser pour mieux régner, dominer, exploiter et piller pour remplir nos banques et faire d’elles les plus puissantes du monde”.
L’article 2 de la même Charte précise : “Aucun pays du Tiers-monde ne constitue un Etat souverain et indépendant”. Ces deux articles illustrent à suffisance, la quintessence de la nouvelle politique française en Afrique. A présent, elle fait l’objet d’une vaste contestation, même en France par les Gilets Jaunes. Ils revendiquent dans le 23e point de leur Charte contrairement é celle des impérialistes : “Cesser les pillages et les ingérences politique et militaire, rendre l’argent des dictateurs et les biens mal acquis aux Africains. Rapatrier immédiatement tous les soldats français. Mettre fin au système du F CFA qui maintient l’Afrique dans la pauvreté. Tisser des rapports d’égal é égal avec les Etats africains”.
Sachant que notre Constitution reconnait et garantit, dans les conditions fixées par la loi, la liberté d’aller et de venir, le libre choix de la résidence, la liberté d’association, de réunion, de cortège et de manifestation (article 5.), nous avons voulu porter notre voix plus haute pacifiquement. Hélas, une soldatesque débarque sur le site et nous réprime en arrêtant quatre de nos camarades qui furent libérés, le lundi 25 février 2019. II y a eu un blessé grave de cette bavure. Décidément, nous condamnons ces attitudes insalubres de la police malienne.
Dans un futur proche, la lutte prendra une nouvelle tournure. Le peuple malien s’exprimera au moyen de la désobéissance civile pour sortir de cette crise. (Article : 121 de la Constitution)
Bamako, le 27 février 2019
Source: Le Confident
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