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Situation macroéconomique : LE FMI ATTRIBUE UNE BONNE NOTE AU MALI

Devant la presse, la cheffe de mission du FMI au Mali, Boriana Yontchevay, n’a pas tari d’éloges sur notre pays pour ses performances économiques, malgré le contexte sécuritaire difficile

«Les résultats obtenus dans le cadre du programme économique et financier du Mali soutenu par la Facilité élargie de crédit (FEC) du FMI ont été, en gros,  satisfaisants. La reprise économique s’est poursuivie. La croissance est restée robuste. Le Mali est aujourd’hui à un niveau où il aurait dû être s’il n’y avait pas eu la crise. La gestion des finances publiques a aussi connu une amélioration. L’inflation est maîtrisée. La situation macroéconomique est restée stable, malgré les difficultés réelles». Ainsi, s’exprimait, samedi dernier, la cheffe de mission du FMI au Mali, Boriana Yontchevay, à la faveur d’une conférence de presse sur les conclusions de la 10ème et dernière revue du FEC. La rencontre s’est tenue au ministère de l’Economie et des Finances, en présence du ministre Boubou Cissé.

Ce programme triennal qui a commencé en 2013, a été prorogé en 2017 et 2018. Il intervenait dans un contexte particulièrement difficile pour notre pays. Le Mali venait alors de connaître une crise sécuritaire et politique très profonde occasionnant une croissance négative en 2012. Le but de ce programme était alors de rétablir la stabilité et la viabilité macroéconomiques du pays, tout en favorisant une croissance vigoureuse, durable et la réduction de la pauvreté. L’atteinte de ces objectifs passe, en la matière, par un soutien à la fois technique et financier. C’est ce que le FMI a fait durant ces cinq dernières années. Son assistance a permis à notre pays de relever la pente durant cette période d’intervention, à en croire la cheffe de mission. «La croissance du PIB de 2018, soutenue par une production agricole solide, devrait rester robuste à environ 5 %. L’inflation est projetée à environ 1,9 %, en dessous du plafond régional», a argumenté Boriama Yontchevay. Selon elle, ces efforts ont été soutenus par une progression constante et accrue de mobilisation des recettes intérieures. «Entre 2012 et 2018, le Mali a retrouvé le niveau de la moyenne de l’UEMOA, malgré un manque à gagner cette année», a-t-elle mentionné, rappelant que l’objectif en la matière dans la zone UEMOA est d’atteindre 20 % du PIB en termes de recettes.

Parlant des réformes structurelles, la cheffe de mission du FMI a révélé que plusieurs réformes ont été exécutées, notamment celle sur la gouvernance. A ce niveau, l’objectif de transmission des déclarations de patrimoine par les hauts fonctionnaires a été largement rempli, a constaté Boriama Yontchevay.  Ces progrès réalisés ne doivent, ni cacher les fragilités auxquelles notre pays est exposé, ni camoufler les manquements constatés dans la mise en œuvre du programme. Concernant les faiblesses de notre économie, elle a souligné que la balance commerciale reste déficitaire : les importations sont supérieures aux exportations. Aussi, les dépenses sécuritaires ont doublé depuis 2012. Elles sont au-delà de 20 % du budget et « ne baisseront pas en deçà de ce taux pour les trois prochaines années». Cette situation réduit, selon Mme Yontchevay, les marges pour le gouvernement au détriment d’autres secteurs. Sur le plan structurel, elle a déploré le fait que «la formule de fixation des prix pétroliers n’a pas été constamment mise en œuvre et la réforme relative au relèvement du seuil des investissements bénéficiant d’exonérations fiscales a été retardée».

Pour contenir les vulnérabilités et booster davantage la croissance, Boriama Yontchevay recommande l’amélioration de la situation sécuritaire. Pour le moyen terme, les autorités doivent accroître leurs efforts afin de créer de l’espace pour les dépenses en infrastructure et sociales, a-t-elle préconisé. Pour cela, l’exécution des réformes sur l’amélioration fiscale, de l’efficacité de la taxation du secteur minier et des recettes sur les produits pétroliers est nécessaire. Aussi, importe-t-il de renforcer la compétitivité et la diversification de l’économie et des politiques visant la promotion du secteur privé.

Dans son inervention, le ministre de l’Economie et des Finances a donné l’assurance que les acquis de ce programme seront raffermis. Concernant la subvention des hydrocarbures pour maintenir les prix à leur niveau actuel, Dr Boubou Cissé s’est réjoui des accords trouvés avec les services du FMI. Il a, par ailleurs, promis la révision du seuil des exonérations (2,5 millions de Fcfa) contenu dans le code des investissements.

En réponses aux questions des journalistes, Boriama Yontchevay a rappelé que la stabilité macroéconomique repose sur la maîtrise de l’inflation, le maintien d’une croissance robuste, le respect des critères de convergences, l’amélioration de la mobilisation de recettes… Concernant les critères de convergence, l’encours de la dette publique/PIB du Mali est estimé à 33,2% en 2018, contre 45,2% pour le Sénégal et 42,5% pour le Niger, selon les prévisions de la commission de l’UEMOA. Ce taux est projeté à 27,6% en 2022 pour notre pays. Rappelons ici qu’un pays est considéré comme surendetté lorsque l’encours de la dette publique/PIB atteint 70% du PIB. Quant à la pression fiscale, elle est évaluée à 15,8 cette année pour une prévision de 18,3 en 2022. Ce pourcentage est évalué à 16,2%, soit le même pourcentage pour  le Sénégal, selon la commission de l’UEMOA.

Pour ce qui est des perspectives pour le démarrage du nouveau programme, Boriama Yontchevay dira que les autorités maliennes sont en train de finaliser la stratégie de développement et que le FMI reviendra durant le premier semestre 2019. «Le nouveau programme sera certainement axé sur cette stratégie en élaboration», a-t-elle laissé entendre. En attendant, ces conclusions doivent être d’abord approuvées par la direction et le Conseil d’administration du FMI. L’examen du dossier par le C.A est prévu pour décembre 2018, a-t-elle annoncé.

Cheick M. TRAORÉ

Dr Boubou Cissé : «LA SIGNATURE DU MALI EST TRÈS CRÉDIBLE SUR LE MARCHÉ FINANCIER»

En marge de cette conférence de presse, le ministre de l’Economie et des Finances, Dr Boubou Cissé, a été interpelé sur le mutisme des autorités économiques face aux rumeurs annonçant que les caisses du trésor public sont vides. L’occasion était alors toute trouvée pour le ministre  de rassurer nos compatriotes de la manière la plus simple, en rappelant que ces rumeurs qui sont loin d’être fondées, vont mourir de leur belle mort.

Dr Boubou Cissé a assuré que les salaires des travailleurs sont positionnés au niveau du trésor au moins dix jours avant échéance, c’est-à-dire le 20 de chaque mois. Les pensions sont régulièrement payées. «Le pays rembourse normalement ses dettes. C’est pourquoi sa signature est très crédible sur le marché financier», a-t-il dit. Toutefois, le ministre a informé qu’il existe des tensions de trésorerie face auxquelles «le gouvernement a dû prendre des décisions qui ne plaisent pas à tout le monde». Ces tensions s’expliquent, à l’en croire, par la prise en compte par le gouvernement de certaines dépenses nécessaires non budgétisées.

Boubou Cissé a, par exemple, cité le cas d’EDM. La société d’énergie du Mali peine à payer ses créanciers. Le trésor a dû se substituer à l’entreprise, car ses fournisseurs avaient menacé de suspendre leur collaboration, a-t-il révélé. « Si cela n’avait pas été fait, Bamako serait aujourd’hui dans le noir », a déclaré le ministre. Rappelons qu’en 2014, EDM avait enregistré des pertes estimées à 58 milliards Fcfa. L’Etat lui avait ainsi accordé 30 milliards de Fcfa, plus un appui d’environ 12 milliards de la CEDEAO.

C.M.T

L’Essor

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