À 04 km de Banguinéda ville, le village de Tin-Tinbougou abrite l’un des derniers sites des déplacés de guerre au Mali ouvert depuis le 27 octobre dernier. Avec 113 ménages, 572 individus, le site, bien que reconnu par les autorités, est en manque de tout : nourriture, eau potable… Conséquences, des maladies font rage et les pauvres résidents ne savent plus à quel saint se vouer.
De Banguinéda, pour se rendre au village de Tin-Tinbougou, il faut quitter la voie bitumée sur 02 km d’une route cabossée pour rencontrer des déplacés. Comme sur les autres sites, des bâches estampillées UNCHR marquent le paysage. Seulement, ici, ces bâches sont des luxes, puisque toutes les familles n’en ont pas. Pour les autres, à défaut des bâches, ces familles s’abritent sous des pailles et des morceaux de tissus, ou des plastics noirs payés au marché.
Dans la journée, difficile de trouver des bras valides sur le site. Ils descendent en ville à la recherche du pain quotidien. Pour se nourrir, c’est la débrouille. Les enfants sont envoyés au « Garbal de Niamana ». Là, ils appuient les vendeurs qui, en retour, leur payent entre 1000 F CFA et 1500 F CFA par jour. Les femmes cherchent du lait qu’elles transforment en yaourt pour réaliser une plus-value.
Ce vendredi, 22 avril, 10 heures. Le soleil tape déjà. Le site ressemble à un champ de bataille. Les personnes couchées pour raison de santé sont légion. La situation est dure, mais, les réfugiés sont reconnaissants aux autorités, aux bonnes volontés et aux habitants de Tin-Tinbougou.
Hamadi Dicko, président du comité de gestion du site et Issa Barri, chef de site, ne se font pas prier pour parler de leur condition. « Ici, nous manquons presque de tout : même l’accès à l’eau potable est un problème. Car, il y a une seule pompe que nous partageons avec les habitants du village et cela fait une semaine que celle-ci est en panne », dit Hamadi Dicko.
Cependant, pour notre interlocuteur, la multiplication des maladies d’enfants est la dernière préoccupation sur le site. De graves cas de malnutrition sont constatés chez des femmes, des enfants et des vieux. Beaucoup sont alités. « Le site est éloigné des centres de soins. Même si cela n’était pas le cas, le manque d’argent, de moyens de transport sont des freins », affirme Barri.
Les agents du service du développement social ont procédé à plusieurs recensements dans l’espoir de leur offrir de l’assistance médicale.
Sous un arbre, des femmes dont une avec son enfant amaigri. Le petit garçon d’environ 2 ans, ne cesse de pleurer. Dans une autre case, couchée à même le sol, Hawa Barri, la maman d’une fillette malade. Son seul désir est de pouvoir faire voir son enfant par un médecin, d’avoir à manger et avoir de l’eau potable. Des besoins primaires.
Tiemoko Traoré, administrateur de l’action sociale, gestionnaire des déplacés de Bamako, parle des efforts en cours. « Les déplacés de Tin-Tinbougou sont arrivés il n’y a pas longtemps. Ils sont reconnus de façon officielle. Ils sont immatriculés. Pour le moment, ils n’ont pas bénéficié d’appuis conséquents. Mais, dans le cadre de l’opération de 3 millions d’enrôlement de l’agence d’assistance médicale (Anam), tous les chefs des ménages des sites des déplacés ont été inscrits au régime d’assistance médicale (Ramed) y compris Tin-Tinbougou ».
Tiémoko ajoute que des démarches sont menées pour enregistrer le Cscom de Sénou et de Banguineda à l’Anam, au profit des déplacés proches de ces deux sites.
Le camp de Tin-Tinbougou est habité en grande partie par des ressortissants de plusieurs cercles : Douentza, Koro, Bankass, Djenné, qui auparavant, avaient trouvés refuge à Niono. Lorsque cette localité a eu son lot d’exactions, ils se sont encore déplacés à Tin-Tinbougou.
Alimatou Djénépo
(correspondance particulière)
Source : Tribune Libre