Au Mali, les personnes en situation de handicap appartiennent à une des couches les plus vulnérables de notre société. Leurs besoins spécifiques ne sont que peu pris en compte dans les programmes politiques ainsi que dans la construction des infrastructures socio-économiques de base. Les Assises nationales de la refondation (ANR) ont porté une attention particulière à cette situation.
L’État doit veiller à assurer l’inclusivité de toutes les couches de la société dans la planification et la mise en œuvre des politiques publiques. Encore plus qu’une convention spécifique, la convention internationale relative aux droits des handicapés exhorte, dans son article 9, les États signataires à veiller à prendre des mesures appropriées afin de permettre à ces personnes de vivre de façon indépendante et de participer pleinement à tous les aspects de la vie.
Le Mali n’arrive pas toujours à s’inscrire dans l’esprit de cette convention. La situation des personnes en situation de handicap semble tristement ignorée dans l’élaboration de nos politiques publiques, en particulier dans la construction des services publics.
Certaines personnes en situation de handicap, notamment les déficients visuels et les handicapés à mobilité réduite, ont toutes les difficultés à accéder aux services sociaux de base. Centres de santés, écoles, services administratifs publics, excepté quelques-uns, ceux créés peut-être tout récemment… Aucune disposition n’a été prise, lors de leur construction, pour faciliter leur accès aux personnes en situation de handicap.
Difficultés en tous lieux
Tous les citoyens doivent pourtant bénéficier d’un accès égal aux services publics. Les couches vivant dans des situations particulières ne doivent pas se sentir marginalisées en raison des difficultés qu’elles peuvent avoir à s’épanouir dans la société. Le monde évolue et des normes existent désormais dans la construction des infrastructures, dans le but de prendre en compte la situation des personnes en situation de handicap.
Daouda G., élève en classe de terminale dans un lycée privé bamakois, souffre de déficience visuelle. Il éprouve nombre de difficultés à accéder à son école. « A l’école, il faut d’abord maitriser le chemin pour accéder à ma classe ou attendre qu’une autre personne me vienne en aide pour me faciliter le déplacement », témoigne-t-il. Daouda s’indigne face à cette situation qui, pour lui, mérite d’être revue.
En dehors de l’école, Daouda rappelle aussi qu’il a des difficultés avec les transports en commun. A Bamako, ceux-ci sont assurés par les taxis, les Sotrama et les mototaxis. Ces différents moyens de déplacement n’offrent pas une certaine aisance aux personnes en situation de handicap. « Lorsque je dois me déplacer souvent, ajoute-t-il, il n’y a pas de points d’arrêt spécifiques où on peut les attendre, il n’y a également pas de mécanisme pour nous faciliter leur accès. En toutes choses, il faut que les autres nous épaulent. »
Combattre la différence
Tout comme Daouda, Yacouba Koné vit aussi avec un handicap, depuis qu’il a perdu la mobilité de ses jambes il y a plus de dix ans. Koné se déplace à l’aide d’une chaise roulante. Il est, lui aussi, confronté à des difficultés lorsqu’il se rend dans les services publics. « Que ce soit pour emprunter les moyens de transport, monter les escaliers de l’école ou ceux de l’hôpital, rien n’est facile. Il faut que les autres te viennent en aide. C’est fatigant »
Faciliter l’accès des personnes en situation de handicap aux services sociaux de base serait un grand pas dans la marche de notre pays vers l’inclusivité sociale. La chaine de différence doit être brisée afin de permettre à tous les citoyens de participer pleinement à la vie sociale.
Source : Benbere