Le Mali, à l’instar des autres pays du monde, est confronté au fléau des fake news sur les réseaux sociaux. Pour le combattre, il faut s’organiser et surtout sensibiliser.
Au Mali, le besoin d’informations de la population est grand. En raison de leur accessibilité, les médias comme la radio et la télévision sont les principales sources d’informations des Maliens. Selon l’enquête démographique et de santé de 2018 (EDMS18), le téléphone portable (89 %) et la radio (64 %) sont les biens les plus fréquemment possédés par les ménages.
12 millions d’internautes
À côté de ces canaux, Internet, notamment à travers les réseaux sociaux, est aussi devenu source d’information et de divertissement importante. Le dernier rapport de l’ONG We Are Social a établi que plus de 12 millions de Maliens se connectent à Internet. Plus de 2 millions d’entre eux sont sur Facebook. Des chiffres que l’on retrouve dans une autre étude d’Internet Society Mali (ISOC Mali) intitulée L’État des réseaux sociaux, publiée en août 2020. Dans cette étude, on y lit que WhatsApp, Facebook et YouTube sont les trois réseaux sociaux les plus utilisés par les internautes maliens.
Sur ces plateformes, les contenus partagés les plus prisés sont ceux qui sont dans les langues locales, notamment en bamanankan. Une donne qui s’explique par le faible taux d’alphabétisation au Mali.
Le réseau social WhatsApp est, sans doute, la plus importante révolution pour les populations rurales, notamment nomades. Pour la première fois, elles ont la possibilité d’être en contact direct avec le monde extérieur de façon instantanée, mais aussi de produire et partager du contenu via ces plateformes.
Faire la différence entre les faits et les opinions
Inéluctablement, Facebook reste un lieu de propagation des infox. Ce réseau social, très populaire, est accessible à tous. Ils sont nombreux les Maliens qui ne s’informent que via Facebook. Les fausses informations qui circulent sur Facebook arrivent sur WhatsApp, traduites dans les langues locales et se retrouvent sur les antennes des radios communautaires. De ce fait, les victimes des fake news ne sont pas que ceux qui sont sur Internet. Elles peuvent faire le chemin inverse aussi. L’infox part de la radio vers les réseaux sociaux.
WhatsApp a une interface facile à utiliser et conçue pour fonctionner avec même un réseau 2 G. Des groupes WhatsApp se créent. Dans les noyaux ruraux du pays, les populations y consomment les informations sans recul. « Un groupe ne peut contenir que 256 personnes. Donc, chaque fois qu’un groupe se remplit on en crée un autre. C’est de cette façon qu’on se retrouve avec une chaine de partage d’informations extraordinairement puissante », explique Amadou Diallo, journaliste et animateur d’une chaine de groupe WhatsApp. Ces fausses informations circulent avec une gamme variée de formats : texte, audio, vidéo ou même des diaporama sonores.
La mésinformation
Le phénomène des fausses informations n’est pas nouveau au Mali. Il a juste connu une grande ampleur avec les réseaux sociaux, qui permettent une distribution de l’information à grande vitesse. Par exemple, depuis quelque mois, des chaines YouTube distribuent un nouveau contenu très consommé : des vidéos faites à partir d’images d’archives, qui n’ont parfois aucun lien entre elles, accompagnées de commentaires. Si ces vidéos sont fabriquées dans le but de manipuler l’opinion, ceux qui se chargent de les rendre virales le font très souvent de bonne foi, sans l’intention de nuire. Ils sont victimes de la mésinformation. Ce qui n’est pas le cas de ceux qui les fabriquent qui, eux, font de la désinformation.
L’une des solutions pour limiter la propagation des infox aujourd’hui est l’éducation et la sensibilisation pour casser la chaine de distribution locale en enlevant du circuit les « relais locaux » qui en sont victimes.
Source : Benbere