Mise en exploitation entre 2009-2010, la centrale électrique de Sirakoro/Diatoula-Extension produit des effets secondaires qui exposent les habitants à des risques sanitaires et environnementaux. Le constat a été fait par différents services techniques compétents.
Située à quelques kilomètres de Bamako dans un quartier périphérique (Sirakoro/Diatoula-Extension), la centrale électrique porte atteintes en matière de droits humains. Les habitants à proximité sont exposés à des nuisances aux conséquences désastreuses sur le plan sanitaire.
Dans une étude réalisée par une mission du Laboratoire national des eaux, il s’est avéré que tous les puits se trouvant dans un rayon de 500 m de la centrale sont très pollués ; la concentration d’huile dans les puits est perceptible à 4 km.
“Les résultats des analyses ont permis de tirer les conclusions que les eaux des puits 1, 2 et l’eau de rejet sont si pollués par les huiles qu’il a été impossible de les analyser. Tous les puits qui sont dans un rayon de 500 m de la Sopam sont pollués… Si l’eau est source de vie, c’est aussi une denrée limitée. Compte tenu des facteurs climatiques, sa disponibilité diminue. Donc prenons garde du gaspillage d’eau. Au-delà de cette disponibilité limitée, l’eau peut être aussi un danger de mort car en consommant de l’eau polluée par les industries on peut être victime de maladies mortelles telles que le choléra, la diarrhée, les dermatoses graves”, note le rapport du Laboratoire national des eaux.
Il assure que la pollution de l’eau souterraine autour de la centrale est due à l’absence de station d’épuration pour traiter l’eau usée avant son rejet dans la nature et éviter les fuites d’huile. Le Laboratoire recommande à la société de maintenir propre l’environnement des points d’eau et des bornes fontaines, respecter les normes de rejet des eaux usées dans la nature, procéder à un essai de pompage des puits contaminés par l’huile de la centrale et analyser l’eau de la nouvelle nappe rechargée pour connaître sa qualité.
Les mêmes travaux ont été repris par les services d’assainissement et du contrôle des pollutions et des nuisances de Kati. Suite à une deuxième mission sur le terrain, les services compétents ont constaté le déversement des déchets liquides hors de la cour à plus de 2 km.
Ce rapport souligne la pollution des puits avoisinants, la nuisance sonore et atmosphérique (dégagement de fumée) et la non-réalisation d’études d’impact environnemental et social lors de l’implantation de la centrale.
Le martyre des résidents minimisé par l’Etat
C’est pourquoi, la société a été pénalisée. Par la lettre n°22/SACPN-Kati du 14 avril 2011, une amende de 400 000 F CFA a été collée à la Sopam Energie, invitée à réaliser un audit environnemental et à prendre les dispositions nécessaires pour fournir de l’eau potable aux familles voisines dont les puits ont été pollués.
A ce jour, aucune disposition n’a été prise dans ce sens, et les populations de la zone sont restées dans le besoin d’eau potable et face aux effets environnementaux néfastes de la centrale, proteste Siaka Togo, président de l’Association des habitants de la Cité du trésor à Sirakoro. “Le sentiment d’abandon face à cette situation nous anime depuis cinq ans, tant les démarches entreprises auprès des différentes autorités depuis cette date sont restées sans suite”, ajoute-t-il.
L’approvisionnement des familles en eau se fait dans les conditions très difficiles, par l’usage inapproprié des eaux des puits pollués ou par l’achat des bidons d’eau des puits pollués ou par l’achat des bidons d’eau à des coûts très élevés. “Depuis près de dix ans, la population vit dans ses conditions déplorables. En plus de la nuisance sonore, la production du gaz toxique et d’huile a complètement pollué les puits”, rappelle Moustapha Doumbia, secrétaire général de l’association.
Confronté à ce problème depuis 2011, les démarches des habitants n’ont pas abouti à une solution définitive. L’Association des habitants de la Cité trésor de Sirakoro a saisi toutes autorités impliquées dans la gestion du dossier. Sans succès. Du service du Médiateur de la République à la direction de la société, en passant par le ministre de la tutelle, les propositions de solutions des habitants n’ont pas été prises en compte.
Ils exigent la mise en disposition de l’eau potable par la Somagep puisque les eaux des puits sont polluées. Selon le secrétaire général, la prise en compte des besoins des habitants répond au programme d’urgence sociale des autorités, au risque de ne pas être responsable d’une crise humanitaire.
Bréhima Sogoba
Source: L’Indicateur du Renouveau