Le nouveau président sierra-léonais, Julius Maada Bio, rencontrera « bientôt » son adversaire malheureux du second tour, Samura Kamara, et célébrera samedi sa victoire lors d’un grand rassemblement à Freetown, a-t-on appris vendredi auprès de son entourage.
M. Kamara, héritier désigné du président sortant Ernest Bai Koroma, « a appelé le président Bio hier (jeudi) et ils ont eu une conversation très amicale. Ils prévoient de se rencontrer bientôt », a déclaré à l’AFP Alie Kabba, le porte-parole du SLPP, le parti de M. Bio.
M. Kamara, qui n’a pas encore publiquement reconnu sa défaite, avait annoncé mercredi soir son intention de contester en justice les résultats du second tour du 31 mars, entachés de fraudes selon lui.
« Il s’agissait surtout de rassurer ses partisans, mais je ne le vois pas introduire ce recours », indiquait vendredi le directeur de l’Institute for Governance Reform, Andrew Lavalie.
« Les deux hommes sont membres de la même paroisse catholique. Il y a une possibilité qu’ils se rencontrent à l’église dimanche », a ajouté l’analyste.
En attendant, le nouveau chef de l’Etat et son vice-président, Mohamed Juldeh Jalloh, prendront part samedi à une tournée de remerciement qui les verra traverser Freetown dans deux cortèges distincts pour rallier le Stade national, selon un autre de ses collaborateurs, Keke Toma Sandy.
Proclamé vainqueur mercredi soir avec près de 52% des voix avant de prêter serment dans la foulée, M. Bio a nommé vendredi une « équipe de transition » pour organiser le passage de relais avec M. Koroma, qui l’avait battu en 2012.
Il n’aura toutefois pas les mains entièrement libres pour diriger ce pays d’Afrique de l’Ouest, l’un des plus pauvres au monde, car l’APC a sauvé de justesse sa majorité lors des législatives organisées parallèlement au premier tour de la présidentielle, le 7 mars.
L’APC a remporté 68 sièges sur 132, contre 48 pour le SLPP, huit pour le C4C, quatre pour le NGC, deux partis de création récente, et trois « indépendants », l’ultime siège restant encore à attribuer, a annoncé vendredi la Commission électorale nationale (NEC). Quatorze « Paramount chiefs », des chefs traditionnels, siègent en outre au Parlement.
« Nous aurons une majorité, puisqu’il y a de plus petits partis et les chefs traditionnels, qui travailleront de concert », a assuré le porte-parole du SLPP.
« En principe, les chefs traditionnels soutiennent le pouvoir », a rappelé M. Lavalie. Il a jugé improbable « que l’APC devienne une force d’opposition très unie », soulignant que, dans le système présidentiel sierra-léonais, le gouvernement n’avait pas besoin d’obtenir la confiance des députés pour entrer en fonctions.
La rédaction