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Sidiki Diabaté sur la route des sommets

Pour consolider sa cote de popularité qui a grimpé de façon vertigineuse depuis quelques années en Afrique de l’Ouest, Sidiki Diabaté propose un mini-album intitulé Béni qui marque aussi une nouvelle étape dans le développement de sa carrière.

L’information n’avait pas fait grand bruit, ou du moins n’avait pas reçu l’attention qu’on aurait dû lui porter : en décembre dernier, Sidiki Diabaté et son père Toumani, grand maître de la kora, rejoignaient la structure Universal Music Africa, succursale d’Universal Music Group devenue incontournable en matière de musiques urbaines sur le continent.

Si les changements de maisons de disques ne manquent pas sur un marché obéissant comme les autres à la loi de l’offre et de la demande, celui-ci avait indéniablement une signification particulière. Somme toute logique, l’alliance entre ces acteurs de poids annonçait une nouvelle étape dans la carrière de celui qui fait figure de star auprès de la jeune génération en Afrique de l’Ouest.

Il évoluait jusque-là au sein d’un label dirigé par un de ses compatriotes – avec lequel les rapports s’étaient sérieusement dégradés au point que Moussa Wagué, patron de Keyzit, en vienne à régler ses comptes par communiqué avec les Diabaté père et fils et porte plainte contre eux avant de se retrouver quelques jours en prison.

Désormais épaulé par un partenaire dont la puissance de feu est davantage en adéquation avec son statut, Sidiki dispose des moyens de ses ambitions. Les trophées qu’il accumule depuis quelques années n’ont pas blasé le récent lauréat des Mali Awards, élu Meilleur artiste contemporain masculin de l’année, qui a rangé sa statuette aux côtés du disque de platine remis pour sa participation à Lamomali du Français Matthieu Chédid.

Egotrip

L’homme aime occuper le terrain, sur les réseaux sociaux, mais aussi en musique, cette langue qu’il parle aussi naturellement qu’il respire. En attendant l’album qui succédera à Diabateba Music volume 1 paru en 2016, le voilà donc de retour sous son nom propre avec un mini-album de sept chansons baptisé Béni, en référence à sa réussite. “Moi je suis béni, l’enfant béni du Mali”, assure-t-il d’emblée, cédant à un ego trip qui a priori cadre mal avec ce qu’on imagine d’un griot, mais rappelle ses liens avec le monde du rap, et en particulier le Français Booba qui l’invita sur scène devant 20 000 personnes à l’AccorHotels Arena de Paris en 2015.

Le texte fait aussi fonction de mise au point, pour parer les attaques de ceux qui verraient en lui un héritier dont l’ascension a été facilitée par 71 générations de musiciens avant lui dans la famille : “On m’a donné beaucoup de coups, on m’a tendu beaucoup de pièges, on m’a lancé beaucoup de flèches […] La bénédiction ne s’achète pas, elle se mérite”, tient-il à préciser en français, pour bien se faire comprendre.

Le chanteur-compositeur de 27 ans s’est aussi attaché les services, sur quatre titres, d’un beatmaker très en vue : l’Ivoirien Akatché, qui a travaillé ces dernières années avec la Capverdienne Mayra Andrade, les Guinéens Banlieuz’art, Soul Bang’s, la Sénégalaise Viviane Chédid ou encore l’Ivoirien Tiken Jah Fakoly dont il a produit le récent album Le Monde est chaud.

Musiques urbaines

Au micro, Sidiki invite deux figures de la musique urbaine d’Afrique francophone. Dans le rôle du vétéran, Fally Ipupa, 41 ans, représentant de la rumba congolaise contemporaine très populaire sur le continent africain. Leur collaboration sur Ne me quitte pas n’est pas une réelle surprise, puisqu’elle avait fuité dès décembre 2017 par l’intermédiaire de vidéos mises en ligne. Dans le rôle de la valeur montante, l’Ivoirien Safarel Obiang, qui incarne la relève du coupé décalé et fait danser la Côte d’Ivoire avec sa troupe des Soldats russes depuis quelques années. Leur duo sur BKO-ABJ (pour Bamako-Abidjan) symbolise les liens entre les deux peuples, au-delà des deux capitales.

Le Prince de la kora, comme on surnomme le Malien, profite aussi de ce morceau pour faire montre de son agilité sur son instrument fétiche qu’il aime présenter comme “la carte d’identité de la musique d’Afrique de l’Ouest”. Un aperçu, pour compléter la vision panoramique du savoir-faire de l’intéressé, habilement déclinée en filigrane tout au long des 27 minutes de ce projet qui parvient à concilier objectifs stratégiques et valeur artistique.

Sidiki Diabaté Béni (Universal Africa) 2019

RFI

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