Je demanderais à tous mes collaborateurs de faire abstraction du mot « paix » dans leurs allocutions partout où ils se trouvent. Tant la paix a été abondamment chantée et dansée par les temps qui courent au point qu’elle est vidée de tout son sens.
Rarement on encore à ce mot paix car elle semble synonyme du mot faiblesse pour beaucoup de nos concitoyens. Il ne faudrait pas aussi que les petits enfants qui débutent leur cycle primaire confondent finalement » la paix » avec le nom d’une ville du Nord du Mali. Parce que submergés des messages de paix et de réconciliation lus à la télévision et à la radio à tout bout de champ. Des plages musicales et des dessins sur le thème de la paix meublent le quotidien des Maliens. Pourtant, les faits sont là, têtus. Les jambes de la paix sont si agiles que les populations ont du mal à l’attraper. Tenez ! La succession des attaques terroristes sur l’ensemble du pays fait croire à une faiblesse camouflée derrière le slogan creux de la paix. A l’image de ces deux jeunes garçons engagés dans un corps à corps. Le premier à s’y soustraire sous prétexte de rechercher la paix est considéré sous nos tropiques comme un tocard. On parle de paix alors que le pays s’enlise un peu plus chaque jour dans l’insécurité et la violence. Demandez un peu à un militaire au front la signification de la paix qui est réclamée par le camp adverse, il vous répondra tout simplement que l’ennemi a fait défection. Les nombreuses concessions faites par le gouvernement pour apporter une solution durable aux conflits avec les groupes rebelles du Nord tardent à calmer le jeu sur le terrain.
Ailleurs, les grandes puissances en guerre attendent plutôt la reddition de l’ennemi. Elles ne sont sans nul doute pas les premières à courir derrière un cessez-le-feu ou un accord de paix. Mais, ces puissances enjoignent aux pays du Tiers monde de signer la paix, assortie de menaces voilées. L’actualité internationale vient parapher ce point de vue. Des actes et non des mots. Trop de paix tue la paix.
Sidi Lamine SANGARE
Source: L’Indépendant