La sexualité précoce gagne de plus en plus du terrain au Mali. Elle n’est pas sans conséquences sur la santé des adolescents et jeunes, notamment les filles.
Elle vivait depuis seulement six mois chez une de ses tantes, à Titibougou, après que son père l’a chassée à cause de ses « bêtises ». Assy (le prénom a été modifié) a attrapé sa première grossesse à 15 ans, sur le chemin de l’école. L’adolescente a eu des rapports sexuels avec deux de ses camarades, mais ignore lequel des garçons en est le père.
La sexualité précoce prend de l’ampleur au Mali. De plus en plus, des jeunes voire des adolescents s’activent sexuellement. Ils sont influencés par les mass medias ou leur entourage. La pratique de l’activité sexuelle avant la maturité présente de graves risques : contraction de maladies sexuellement transmissibles (MST), grossesses précoces ou non désirées. Et éventuellement des complications lors de l’accouchement.
200 filles meurent chaque jour
Les grossesses précoces sont aussi bien risquées pour la mère que pour l’enfant. Selon des estimations de l’Organisation non gouvernementale Plan international, près de 200 filles meurent chaque jour dans le monde à cause de grossesses précoces. Ces décès sont évitables à 90%, selon l’ONG.
« Les avortements et les accouchements compliqués, qui sont fréquents chez les jeunes filles et qui aboutissent à la mort, sont dus à l’immaturité de leur bassin », explique Mahamadou Koné, gynécologue officiant à la clinique Mère-enfant de Titibougou, en commune I du district de Bamako.
Parmi celles qui accouchent normalement, la majorité finit par se décourager et abandonner l’école. Celles qui ne sont pas mariées sont répudiées par la famille.
Une chance inespérée
Les parents sont souvent responsables de ce qui arrive à leurs enfants. Plutôt que de les sensibiliser sur les conséquences de la sexualité prématurée, certains jouent au médecin après la mort. Et menacent de chasser de leur maison les filles qui tombent enceinte par manque d’informations sur la sexualité et les moyens de contraception.
La même ignorance conduit certaines jeunes et adolescentes à recourir aux avortements clandestins et dangereux. Beaucoup y perdent la vie. Assy, elle, ne risque ni séquelles liées à l’avortement ni répudiation. Elle pourra également continuer ses études. Sa tante, Koro, entend bien s’occuper d’elle jusqu’au terme de sa grossesse. Une chance inespérée pour cette adolescente issue d’un milieu conservateur.
Source : Benbere