Six bons mois au Centre de formation de Bapho sans kopeck, toujours bredouilles après leur affectation aux services respectifs, voici le lot des 807 nouveaux fonctionnaires de la 3ème cohorte du Service national des jeunes (SNJ). Ils dénoncent cette situation peu luisante pour un pays en voie de ‘’refondation’’ dans ‘’sa souveraineté retrouvée’’.
Après avoir suivi la formation de six mois dans le cadre du Service national des jeunes (SNJ) à Bapho, les nouveaux fonctionnaires du Mali tirent le diable par la queue. Formation et début de carrière sans un sous, ce sont entre autres faits qui sont à la base du calvaire récent de ces nouveaux fonctionnaires. Le gouvernement du Mali jouant la prolongation à ce sujet, les langues commencent à se délier pour dénoncer. Cela, afin de trouver une solution le plus rapidement possible. Ils sont montés au créneau en masse ce vendredi 31 mars 2023, au micro d’Ouverture Media.
Au Mali, une chose est de voter les lois, une autre est leur application. Doit-on se demander si les nouveaux fonctionnaires devraient aller à Bapho sans le résultat de la visite. Or cette visite est faite pour différencier les fonctionnaires aptes pour la formation et ceux inaptes. Mais aux dires de Makan, les fonctionnaires sont partis à Bapho sans connaitre les résultats de la visite. L’on comprend aisément qu’une étape du processus a été violée.
En parlant de la misère qu’ils vivent actuellement, Makan pense qu’on ne devient pas fonctionnaire pour mener une vie de misère. Selon lui, le fonctionnaire doit vivre de son salaire pour lui éviter d’être un mendiant dans la société.
Selon lui, dès à partir des conditions d’accès au SNJ, les lois ont été violées. A l’entendre, l’article 5 de la loi n°216 du 7 juillet 2016 portant institution du Service national des jeunes stipule que les jeunes recrutés doivent être âgés de 18 ans au moins et de 35 ans au plus. Or, dit-il, dans le camp, ils étaient avec des gens qui sont nées en 1978. Donc, selon lui, ils ont 43 ans.
En outre, l’article 8 de la même loi dit que les jeunes recrutés des fonctions publiques de l’Etat et des Collectivités territoriales ainsi que des autres statuts bénéficient de la totalité de leur salaire pendant le prêt de service. Le même article ajoute qu’ils conservent également l’intégralité de leur droit à l’avancement. De ce fait ces jeunes recrutés mis à la disposition du ministère de la Jeunesse et des Sports par le département de la Fonction publique devraient bénéficier des avantages prévus par la loi. Mais force est de constater que depuis leur recrutement, ils rasent le mur. « Après la formation, nous sommes sortis le 2 février à la faveur d’une cérémonie grandiose. Nos images ont été publiées avec les armes en main. Nous venons réclamer ce que la loi prévoit pour nous. On nous a fait savoir que le président a pris la décision d’envoyer les nouveaux fonctionnaires au SNJ avant la mise en place des dispositions nécessaires », a affirmé Makan qui ajoute qu’on leur a demandé de se sacrifier et qu’avec eux, les lacunes seront corrigées au fur et à mesure.
Le hic est que ces nouveaux fonctionnaires sont pour la plupart des chefs de famille. Alors, s’ils se sacrifient comme on leur demande, qui prend la charge de leurs familles ? Selon l’interlocuteur de Thierno, ils doivent faire face à la location mensuelle, à la nourriture, à la santé des membres de leurs familles. Partant de là, que pourront-ils s’ils ont les mains nues ? « Nous sommes devenus comme des mendiants. Nous nous sommes endettés, notre dignité a été bafouée. Si les plus hautes autorités ne sont pas au courant, elles doivent être informées de notre situation. Nous ne comprenons pas comment on nous demande de renoncer aux salaires que la loi du pays nous accorde », regrette-t-il.
Cette situation des nouveaux fonctionnaires n’honore en aucune manière la nation malienne en voie de refondation. Les plus hautes autorités du pays sont donc interpelées pour adoucir la souffrance des nouveaux recrutés de la 3ème cohorte du Service national des jeunes. La première sous la transition des 5 colonels.
Bazoumana KANE
Source : L’Alerte