En direct du Mali, où il se trouve en voyage dans le sud du pays, Serge Fauve ne s’estime pas en danger, malgré l’assassinat des deux journalistes français.
Serge Fauve, conseiller général (PS) du canton de Châteaudun et maire de Marboué, est en voyage dans le sud du Mali, jusqu’à dimanche, dans les régions de Nyamina et Dangalabougou. Il a répondu à nos questions sur la situation du pays, après la libération des quatre otages français et l’assassinat des deux journalistes de RFI.
Quel est le climat après l’assassinat de nos deux confrères ? Le climat est serein. Les événements n’ont à aucun moment touché directement la population.
Ressentez-vous des tensions en tant que Français, par rapport à l’actualité de ces derniers jours ? Il n’y a aucune tension. Et si nous n’interrogions pas la population nous ne verrions pas de changements avec nos précédents voyages. Pour les Maliens, les djihadistes sont des terroristes, et ne doivent pas être vus comme des musulmans. Ils pensent qu’ils veulent réduire le Mali à l’esclavage et s’en servir comme base, pour ensuite attaquer l’ensemble du monde. Ils estiment que ce conflit concerne tous les pays, et que nous devons les défendre pour nous défendre. Le souci quotidien est plus celui de la sécheresse, qui a provoqué encore une mauvaise récolte de mil. Nous constatons d’que les réserves sont épuisées, et qu’ils sont obligés d’acheter, avec peu de moyens, des pâtes et du riz.
Avez-vous reçu des consignes de sécurité de l’ambassade ? Nous nous sommes inscrits sur le site du ministère des Affaires Étrangères avant notre départ, pour signaler notre voyage. Depuis notre arrivée nous n’avons reçu aucune consigne.
Aviez-vous prévu d’aller dans des territoires qui sont aujourd’hui?déconseillés ? Tous les territoires sont déconseillés aux voyageurs. Nous sommes dans une zone classée orange, et nous n’avons pas prévu de nous rendre ailleurs.
Comment assurez-vous votre sécurité ? Avez-vous un garde-du-corps, un interprète ? Nous avons nos amis, en qui nous avons entière confiance, qui nous accompagnent comme d’habitude pour nos sorties dans les villages de brousse à proximité. Dans le bourg nous sortons très librement, seuls, sans rencontrer aucune animosité. Les Maliens nous remercient plutôt d’être venus et sont chaleureux. Ils louent notre pays pour son intervention militaire.
Quelle est la réaction des habitants, suite à la libération des quatre otages, puis l’assassinat de nos confrères ? Nos amis ont été très satisfaits de la libération des otages. Ils ne comprennent pas que l’on fasse une polémique sur une éventuelle rançon. Parler de rançon, c’est donner le sentiment que nous sommes prêts à payer. C’est donc encourager tous les terroristes à capturer de nouveaux étrangers, afin de négocier chèrement leur libération. Tous déplorent et ne comprennent pas les assassinats.
Ressentez-vous la présence militaire française ? Nous avons constaté qu’à Bamako, la capitale, l’ambassade était protégée par des doubles murs. Nous avons juste aperçu, à Koulikoro, deux véhicules militaires français. Nous n’avons vu aucune trace ailleurs. Où nous sommes, l’armée n’a jamais été vue par la population.
Source : l’echorepublicain