Au Sénégal, rien n’est va plus entre le président Macky Sall et son farouche opposant depuis quelques années, Ousmane Sonko. En effet, une tension politique s’installe entre la majorité et l’opposition. Motif : les autorités ont rejeté la liste nationale de la principale formation d’opposition pour les prochaines législatives, sur laquelle figurent Ousmane Sonko et d’autres personnalités de l’opposition. Pour cela, un concert de casseroles et de klaxons a été organisé à Dakar, à l’appel du principal opposant sénégalais.
Le rejet de la liste nationale de la principale formation d’opposition pour les prochaines législatives qui se tiendront le 31 juillet prochain a créé une forte tension politique dans le pays. Dès l’annonce faite par les autorités qui reprochent à la liste de l’opposition l’inéligibilité d’une de ses candidates, figurant par inadvertance à la fois parmi les titulaires et les suppléants, l’opposant Ousmane Sonko et ses camarades se sont levés pour dénoncer une « injustice ». En effet, Yewwi Askan Wi avait annoncé ce rassemblement contre le pouvoir avant la décision du Conseil constitutionnel de confirmer le rejet de la liste d’opposition pour les élections législatives du 31 juillet. Cette invalidation revient à écarter M. Sonko de la course, principal opposant du pouvoir en place, dirigé par Macky Sall.
Depuis lors, la tension ne s’affaiblit pas, et une guerre froide s’installe entre les deux camps : le pouvoir et l’opposition. Par ailleurs, les autorités du pays ont interdit à plusieurs reprises les rassemblements de l’opposition. Pour cela, vendredi 17 juin dernier, le domicile d’Ousmane Sonko a été encerclé par des policiers. Cela, après son appel à défier une interdiction de manifester le même jour, dans un climat de tension préélectorale grandissante.
Suite à cette impasse politique qui s’intensifie au jour le jour dans le pays de la Téranga, le leader de l’opposition a lancé un appel pour un concert de casseroles et de klaxons ce mercredi 22 juin à Dakar.
A l’Université Cheikh Anta Diop, dans l’hypercentre, et dans plusieurs quartiers résidentiels de la capitale sénégalaise, des habitants de tous les âges sont sortis à 20 heures (locales et GMT) dans la rue ou sur dans leurs balcons, tapant sur leurs ustensiles de cuisine pour faire un maximum de bruit, rapporte l’AFP.
Par ailleurs, cette impasse politique a pris une autre tournure entre le pouvoir en place et la principale formation d’opposition depuis que le Conseil constitutionnel a confirmé l’invalidation, le 3 juin, de la liste nationale des titulaires de la coalition Yewwi Askan Wi. Ousmane Sonko, arrivé troisième lors de la présidentielle de 2019 et candidat déclaré à celle de 2024, et d’autres figures de l’opposition se retrouvent écartés de la course. Depuis le début de ces tensions, trois personnes ont perdu la vie et plusieurs dizaines de manifestants ont été interpellés.
L’opposition exige le rétablissement de sa liste
Ousmane Sonko et ses camarades réclament le rétablissement de la liste et a menacé d’empêcher la tenue des élections. A quelques semaines des élections législatives, l’opposition poursuit ses rassemblements et promet que sans le rétablissement de la liste, il n’y aura pas d’élections le 31 juillet prochain. Le leader de l’opposition accuse le président Macky Sall. « Je m’incline devant les corps des 3 victimes de la répression aveugle et sanglante de Macky Sall contre son peuple : un jeune garçon à mobilité réduite, mort brûlé vif, sur le matelas où il était assis et sur lequel une grenade lacrymogène a atterri », a twitté Ousmane Sonko le samedi 18 juin.
L’opposition donne un ultimatum à Macky Sall
L’escalade était redoutée depuis que les autorités avaient interdit, mercredi, la manifestation convoquée par l’opposition pour protester contre l’invalidation d’une liste nationale de candidats de la coalition Yewwi Askan Wi (YAW) pour les législatives du 31 juillet. « Ce qui a démarré aujourd’hui, c’est le premier acte de la fin de votre règne », a-t-il lancé. « Monsieur Macky Sall, nous vous donnons un ultimatum (intimant de) libérer tous les otages politiques qui sont entre vos mains ; au-delà, nous viendrons chercher ces otages politiques, cela coûtera ce que cela devra coûter », a dit Ousmane Sonko, rapporte l’Agence France Presse.
Rien n’est va plus entre les deux hommes depuis 2021
Dans le cadre d’une affaire de viol, le principal opposant du président Macky Sall, Ousmane Sonko, avait été interpellé le mercredi 03 mars 2021 par la gendarmerie pour « troubles à l’ordre public ». Cette arrestation est survenue au moment où il se rendait au tribunal, où il devait être entendu sur une affaire des accusations de « viols répétés » et « menaces de mort ».
Alors qu’il se rendait au tribunal de Dakar pour répondre à la convocation du juge suite à son affaire d’accusation pour « viols répétés » et « menaces de mort », le déplacement du farouche opposant et leader Pastef avait donné lieu à des attroupements de partisans sur son passage, poussant les forces de l’ordre à intervenir.
Une foule compacte était sortie le mercredi 3 mars 2021 pour soutenir leur mentor, Ousmane Sonko, au moment où il se rendait au tribunal de grande instance de Dakar pour être entendu sur des accusations de viols dont il est indexé depuis plusieurs semaines. Ainsi, la capitale sénégalaise était agitée par des affrontements entre les forces de l’ordre et les soutiens du leader du « Patriotes du Sénégal pour le travail, l’éthique et la fraternité », (Pastef), qui a perdu son statut de parlementaire le vendredi 26 février 2021 suite à l’intervention de ses homologues députés qui ont voté, par une écrasante majorité, la levée de ladite immunité.
L’arrestation à mi-chemin de l’opposant sénégalais Ousmane Sonko avait provoqué des violentes confrontations aux alentours de la gendarmerie, où il est retenu. Ainsi, suite à cette vive tension, la capitale sénégalaise est placée depuis ce jeudi matin sous haute surveillance policière. En plus de la capitale, la tension était aussi montée, comme ces derniers jours, dans plusieurs villes du pays (fief de l’opposant) dont Saint-Louis au nord, Casamance au sud, Ziguinchor et encore Bignona.
L’opposant de 47 ans et troisième à la présidentielle de 2019 était visé depuis le 08 février dernier par une plainte pour « viols répétés » et « menaces de mort », déposée par une employée de salon de beauté. L’opposant dénonce, par ailleurs, un complot de l’actuel chef de l’État pour l’écarter de la prochaine élection présidentielle qui doit se tenir en 2024.
Après l’intensification de la tension politique dans le pays, le leader du Pastef, Ousmane Sonko, avait été entendu, lundi 08 mars 2021, par le doyen des juges du premier cabinet, Samba Sall, qui le condamne dans l’affaire de « viols répétés » et « menaces de mort » dont l’accusait l’employée d’un salon de massage. Il avait, cependant, été libéré et placé sous contrôle judiciaire. Son arrestation avait provoqué une vive tension entre les jeunes du pays et les forces de l’ordre.
En outre, depuis l’invalidation d’une liste nationale de candidats de la coalition Yewwi Askan Wi (YAW) pour les législatives du 31 juillet par les autorités et confirmée le 3 juin par le Conseil constitutionnel, la tension reste vive entre le pouvoir et la principale formation d’opposition, avec à sa tête le leader du Pastef, Ousmane Sonko.
Ibrahim Djitteye