Il s’agit d’une lutte pour le pouvoir et malheureusement, on y compte des victimes : 2 ; 9 ; puis 15 morts dénombrés samedi 3 juin en début d’après-midi, et ce n’est peut-être pas fini ! Le Sénégal est encore sous le choc avec une ville de Dakar qui s’est réveillée hier matin dans un décor apocalyptique par endroits. « La résistance populaire » ou « les casseurs recrutés pour des actes de vandalisme », c’est selon, sont passés par là. Les forces de l’ordre dont l’armée sénégalaise aussi, si bien que dimanche, un calme précaire régnait dans les rues désertes de la capitale, jonchée par endroits de pneus calcinés, de briques, de cailloux, de ferraille, bref, tout ce dont les croquants ont pu se servir pour ériger des barricades de fortune contre les policiers, les gendarmes et les militaires.
Le casus belli ? On ne le sait que trop, c’est la condamnation d’Ousmane Sonko à 2 ans de prison pour une affaire de mœurs, le rendant inéligible à la présidentielle de 2024. Pour sa formation politique, les Patriotes africains du Sénégal pour le travail, l’éthique et la fraternité (PASTEF), leur leader est victime d’un traquenard machiavélique du pouvoir en place qui cherche à éliminer légalement un adversaire redoutable de Macky Sall, tenté par le diable du 3e mandat. « Une forfaiture inacceptable » mise en œuvre dans une instrumentalisation de la justice qui a dangereusement électrifié le climat sociopolitique sénégalais depuis 2 longues années.
Justice instrumentalisée ou pas, dans cette affaire de massage sous lumière tamisée d’un institut de beauté, il y a un soupçon de lubricité dont le truculent opposant ne peut être dédouané. Par ailleurs, ses rebuffades contre la justice, qui ont transformé chacune de ses invitations à être auditionné ou à comparaître en guérilla urbaine entre ses partisans surexcités et des forces de l’ordre sur les nerfs, ont fait de lui un révolté qui appelle à la rébellion contre les institutions républicaines.
Le Sénégal, cette autre vitrine de la démocratie en Afrique, n’avait pas besoin de donner un si piètre exemple. Surtout pas avec le président Macky Sall dans un rôle de protagoniste dans ce bras de fer, ces guérillas urbaines à répétition, ces procès bâclés, ces verdicts sur mesure. Qui peut-il encore convaincre qu’il n’a pas piqué le virus du « j’y suis, j’y reste » parlant du fauteuil présidentiel de république bananière ? Comment peut-il être aussi amnésique des idées généreuses qu’il a défendues avec succès contre les tendances à la dérive monarchique de son prédécesseur Abdoulaye Wade en 2010-2011 ? Comment peut-il persister dans ce silence coupable, dissimulant maladroitement sa volonté de passer en force pour briguer un 3e mandat ?
Ego politiquement surdimensionné quand tu nous tiens ! C’est cela qui donne ce combat sans gloire d’un néo-rebelle casamançais face à un amnésique parricide ! En effet, c’est bien sur les cendres des ambitions d’Abdoulaye Wade de briguer un 3e mandat, ou à défaut, d’installer son fils dans le fauteuil présidentiel, que Macky Sall a fait pousser ses épinards de premier magistrat sénégalais. Comme « Jupiter rend fou ceux qu’il veut perdre », voilà Macky Sall pas loin de se parjurer sur ses convictions d’hier et son serment de respecter la Constitution sénégalaise. Et quand les egos éléphantesques d’un rebelle et d’un amnésique s’affrontent, ce sont les jeunes pousses de la paix sociale, de la stabilité institutionnelle et de la démocratie qui en pâtissent. Gare alors au 3e larron de la fable d’Aliboron !
La Rédaction
Malitribune