Après avoir prédit un duel IBK-Soumaïla Cissé au second de la présidentielle de 2013 et une écrasante victoire d’IBK face à son challenger, le très sérieux institut de sondage du Malien basé à Dakar revient à la charge à quelques mois de la présidentielle de 2018. Dans une étude réalisée à Bamako, l’ingénieur statisticien, Sidiki Guindo, est formel : « à Bamako la côte de popularité d’IBK a chuté de 85% en 2013 à seulement 40%, tant dis que le chroniqueur de radio, Ras Bath ravit la vedette et devient l’homme le plus populaire avec 73%. L’étude dont les travaux ont commencé à la veille de l’élection régionale du 17 décembre, mais reportée, conclut que si cette élection avait eu lieu, Moussa Mara serait le futur maire du district sans aucun doute avec plus de 60%, suivi d’Aadamxa Sangaré avec 20% et de Me Demba Traoré et Issa Guindo avec 10% des voix ». Lisez plutôt.
Comme en 2013, nous comptons mener une série de sondages d’opinion en vue de prédire les résultats des élections présidentielles prévues en 2018. Nous avons commencé par un sondage d’opinion sur : la gestion du pays, le retour de ATT, la démission du ministre de la justice, la démission du Général Moussa Sinko Coulibaly, la cote de popularité du chroniqueur Ras Bath, les élections du maire du district, la popularité de nos hommes politiques (Soumaïla Cissé, Modibo Sidibé, Cheick Modibo Diarra, Moussa Mara, etc.). La phase terrain de ce premier sondage s’est déroulée du 27 décembre 2017 au 03 janvier 2018 sur un échantillon de 1300 individus à Bamako. Les résultats de ce sondage représentent l’opinion des bamakois et non celle de tous les Maliens.
Sur le retour d’ATT au Mali :
9 Bamakois sur 10 se disent satisfaits de ce retour (avec 59% de très satisfaits et 31% de plutôt satisfaits) contre 9% qui ne sont pas satisfaits du retour (1% de la population n’ont pu donner de réponse à cette question) Concernant la cote de popularité de ATT : 86% de la population ont une opinion favorable de sa personne contre 14% qui ont une opinion défavorable d’ATT. Nous avons réévalué l’opinion de la population sur le fait de poursuivre ATT pour haute trahison. Il ressort de nos résultats que seulement 9% de la population estiment qu’ATT est coupable et qu’il doit être poursuivi ; 38% pensent qu’il est coupable mais qu’on doit le pardonner et 42% pensent qu’il n’est même pas coupable. On note donc un changement considérable de l’opinion de la population sur la personne d’ATT. Selon les résultats de nos sondages d’opinion, en 2014, moins de 35% des bamakois avaient une opinion favorable d’ATT et plus de 65% étaient pour la poursuite de l’ancien Président. Au jour d’aujourd’hui, plus de 85% des bamakois ont une opinion favorable de la personne et seulement 9% sont pour sa poursuite.
Le président ATT et ses partisans doivent retenir que ces résultats pourraient être interprétés comme une insatisfaction des attentes de la population envers le pouvoir actuel et non comme une appréciation positive de la gestion du pays « à la ATT »
Les Bamakois ont positivement apprécié l’implication de IBK dans le retour de ATT. En effet, 87% de la population pensent que l’implication de IBK dans ce retour a été une bonne chose (avec 49% de très bonne et 38% de plutôt bonne). Par contre, sur la gestion du pays, seulement 29% de la population sont satisfaits de la gestion actuelle du pays et 40% ont une opinion favorable du président IBK. Pour rappel, en 2013, plus de 85% des bamakois avaient une opinion favorable du Président IBK. L’équipe actuelle doit donc accepter la réalité en face et chercher les causes profondes de cette insatisfaction de la population, elle doit aussi tirer toutes les conséquences de la situation.
L’opinion de la population sur la France a radicalement changé seulement 22% de la population sont satisfaits du travail de la France au Mali contre plus de 75% qui ne sont pas satisfaits (avec 60% de très insatisfaits et 17% de plutôt insatisfaits). Concernant la cause de la présence française au Mali, plus de 80% de la population pensent que la France est au Mali uniquement pour ses propres intérêts, 8% pensent qu’elle est là uniquement pour nous aider et 10% pensent qu’elle est au Mali pour les deux (pour nous aider et pour ses propres intérêts). La population qui applaudissait la France est donc loin d’être satisfaite de son comportement cinq ans après. Il est important pour la France de se rendre compte de l’évidence et d’en tirer toutes les conséquences.
La popularité du chroniqueur RAS BATH
Selon les résultats, 97% des bamakois ont entendu parler de RAS BATH. On a 73% des bamakois qui ont une opinion positive de RAS BATH, contre 21% qui ont une opinion négative de la personne et 6% n’ont pu donner leur opinion sur la personne. Concernant ses émissions, 43% de la population pensent qu’elles sont à 100% bonnes pour le pays, 41% pensent que ses émissions sont bonnes mais qu’il exagère quelque fois et 11% pensent qu’elles sont mauvaises pour le Mali et qu’il doit arrêter. On a donc au moins 80% des bamakois qui apprécient très positivement ou plutôt positivement les émissions du chroniqueur.
La démission du ministre de la justice Mamadou Ismaël Konaté
67% des bamakois sont au courant de la démission du ministre de la justice. Parmi ceux qui sont au courant, 43% pensent que cette démission est une bonne décision contre 57% qui pensent le contraire. Concernant la popularité du ministre, 24% ont une opinion positive de la personne, 32% ont une opinion négative de la personne contre 44% qui n’ont pas pu donner leur opinion sur la personne.
La démission du Général Moussa Sinko Coulibaly
64% des Bamakois sont au courant de la démission du Général. http://bamada.netParmi ceux qui sont au courant de cette démission, 52% pensent que cela est une bonne décision contre 48% qui pensent le contraire. Concernant la popularité du Général, 32% ont une opinion positive de la personne, 19% ont une opinion négative de la personne contre 49% qui n’ont pas pu donner d’opinion sur la personne.
Nous avons aussi évalué la cote de popularité de différentes personnalités :
L’honorable Soumaila Cissé
45% des bamakois ont une image positive de la personne contre 47% qui ont une image négative de lui (et 8% n’ont pu donner de réponse). La cote de popularité de cette personnalité a toujours varié entre 35% et 50% au cours des deux dernières années.
L’ancien premier ministre Modibo Sidibé
44% des bamakois ont une image positive de la personne contre 44% qui ont une image négative de lui (et 12% n’ont pu donner de réponse).
Le Président Dioncounda Traoré
60% des bamakois ont une image positive de la personne contre 34% qui ont une image négative de lui (et 6% n’ont pu donner de réponse).
L’ancien premier ministre Moussa Mara
85% des bamakois ont une image positive de la personne contre 10% qui ont une image négative de lui (et 5% n’ont pu donner de réponse).
L’ancien premier Cheick Modibo Diarra
81% des bamakois ont une image positive de la personne contre 10% qui ont une image négative de lui (et 9% n’ont pu donner de réponse).
L’élection du maire du district de Bamako
Nous avons posé la question à savoir si les principaux candidats seront de bons ou mauvais maires du district une fois élus. Il ressort de nos résultats que, le candidat Moussa Mara se distingue nettement des autres. Plus de 85% des bamakois pensent que Moussa Mara sera un bon maire ; cette statistique est de 30% pour Adama Sangaré, 17% pour Demba Traoré et 14% pour Issa Guindo. Concernant les intentions de vote si on organisait les élections la semaine prochaine, sans aucun doute, Moussa Mara viendra en tête avec plus de 60% des voix, Adama Sangaré aura moins de 20% des voix, Issa Guindo et Demba Traoré auront chacun moins de 10% des voix. Comme IBK lors des présidentielles de 2013 ; Moussa Mara pourra donc remporter les élections du district sans aucune ambiguïté.
Les élections présidentielles de 2018
Il est encore trop tôt pour prédire les résultats des présidentielles de 2018. En effet, la liste des candidats n’est pas connue, il nous reste encore plus de 7 mois pour aller aux élections, notre sondage n’a concerné que la ville de Bamako. Cependant, selon les résultats sur les intentions de vote, cinq candidats sortent du lot à Bamako. Par ordre alphabétique des prénoms, il s’agit de : Cheick Modibo Diarra, Ibrahim Boubacar Keita, Moussa Mara, Soumaila Cissé et Zoumana Sacko. Chacun de ces cinq candidats présente des forces et des faiblesses. Cheick Modibo Diarra et Zoumana Sacko sont connus à Bamako mais peu connus à l’intérieur du pays. Moussa Mara est connu et Bamako et est resté en contact avec l’intérieur du pays grâce à ses tournées ; cependant son parti ne semble pas être bien installé au niveau national. Soumaila Cissé a un parti bien installé au niveau national, il a fait ses preuves lors des dernières élections, cependant, depuis le coup de d’état de 2012, il est victime de mauvaises publicités le présentant comme un des candidats qui ne milite pas pour l’intérêt supérieur de la nation. Par ailleurs, contrairement à Moussa Mara, ce candidat ne part au contact des villageois qu’à l’approche des élections. Ibrahim Boubacar Keita, pendant les quatre années, il n’a pas pu choisir de collaborateurs efficaces. Les partis de la majorité présidentielle surtout le RPM, sont restées dans des luttes de positionnement. En 2013, IBK a eu le soutien total d’une bonne partie de la population y compris des chefs religieux (IBK ne peut pas compter sur un tel soutien en 2018). Aussi, la présence des activistes comme RAS BATH, joue négativement sur les chances du Président actuel.
Important
Dans un pays en crise comme le Mali, il importe de noter que l’enquête statistique par sondage est un exercice scientifique. Les résultats de ce sondage s’inscrivent donc dans le cadre de cet exercice. Ils ne doivent donc pas être utilisés à des fins de manipulation de l’opinion publique.
Limites de l’étude
Comme tout travail scientifique, le nôtre n’est pas sans limites. Comme limites à ce sondage, nous pouvons citer trois aspects : le sondage a concerné seulement la ville de Bamako (les intentions de vote au niveau national peuvent être différentes de celle de Bamako). Le sondage a lieu à une date bien relativement loin de celle des élections, les intentions de vote peuvent donc changer avant le jour J. La liste des candidats n’est pas encore connue.
Guindo Sidiki,
Ingénieur Statisticien Economiste.
guindosidiki@yahoo.fr
Source: journaldupeuple