Le Centre international des conférences de Bamako (CICB) a abrité les 8 et 9 octobre 2022 les travaux d’une rencontre d’envergure des Chefs traditionnels du Mali et de la sous-région sur la problématique de la sécurité, la paix et le développement. Un rendez-vous qui était placé sous la présidence du colonel Assimi GOÏTA, président de la Transition. Initiée par la Tribu Kel Ansar du Mali en collaboration avec des chefs traditionnels venus du Sénégal, de la Mauritanie, de la Côte d’Ivoire, et du Niger ; la cérémonie d’ouverture de cette importante rencontre pour la paix et la stabilité au Mali et dans la sous-région était présidée par le Premier ministre par intérim, le colonel Abdoulaye MAÏGA, représentant le président de la transition.
C’était en présence de l’ancien président par intérim, le Pr Dioncounda TRAORÉ ; du ministre de la Jeunesse et des sports, Mossa Ag ATTAHER, Parrain de la présente Rencontre ; des Ambassadeurs et Représentants des corps diplomatiques et organisations internationales accréditées au Mali ; des Présidents des Institutions de la République, des membres du Gouvernement ; des Honorables Chefs traditionnels et coutumiers venus de certains pays voisins.
Des thématiques pertinentes
Cette rencontre a regroupé autour du thème : « Sécurité, paix et développement », des chefs traditionnels venus du Sénégal, de la Mauritanie, du Burkina Faso, de la Côte d’Ivoire et du Niger.
Pendant deux jours, cette rencontre s’est penchée, à travers des panels, sur des thématiques comme « La diplomatie coutumière africaine et le dialogue intercommunautaire » ; « La contribution des chefferies traditionnelles dans la réussite de la transition » ; « Le rôle de ces légitimités traditionnelles dans la mise en œuvre de l’accord pour la paix issue du processus d’Alger au Mali », etc.
À travers cette rencontre, il s’agit pour ces Chefs et légitimes traditionnels, garants de la tradition, de s’engager à promouvoir la paix et le développement qui passe forcément par la sécurité. En somme, il s’agit de baliser le chemin vers un Mali uni dans sa diversité pour la paix et la stabilité.
Après le mot de bienvenue de Mme Djiré Mariam DIALLO, Maire de la commune III, l’initiateur de la rencontre, le Chef de la Tribu Kel Ansar, Honorable Abdoul Magid Ag Mohamed Ahmed dit NASSER, a souligné que la chefferie traditionnelle était une réalité dynamique qui intègre dans l’espace et le temps des éléments tant de continuité que de changement et de transformation.
Construire des nouveaux
paradigmes
«Nous demeurons convaincus que cette transition est une fenêtre d’opportunité pour construire de nouveaux paradigmes et cadres pour renforcer les États et offrir de nouvelles chances aux citoyens d’être les acteurs de la vie de leurs pays », a déclaré NASSER, membre du Conseil national de transition (CNT).
Selon lui, cette rencontre ambitionne d’analyser la relation État/chefs traditionnels dans la perspective du processus de démocratisation.
Il s’agit, pour lui, de dépasser le discours récurrent sur la décentralisation administrative, afin de saisir les dynamiques socio-politiques sous-jacentes à cette relation entre État et chefs traditionnels aujourd’hui.
Le Chef des Kel Ansar a présenté le peuple malien comme un peuple tolérant qui a bravé l’hostilité et l’adversité pour se tracer un chemin d’avenir, fait d’une riche différenciation liée à des cultures de terroir, d’expérience et d’enrichissement inspiré de la diversité ethnique et linguistique pour encore une fois le rayonnement sans précédent de l’Afrique.
Pour lui, cette rencontre constitue le début d’une ère nouvelle qui se définit comme celle de l’approche d’un processus de paix durable et définitif et d’un véritable vivre ensemble débouchant inéluctablement sur une véritable réconciliation nationale.
« La stabilité sociale d’un peuple ou d’une nation se repose sur les épaules de la Chefferie traditionnelle et Coutumière. Aucun État au monde n’a pu réussir ce rôle sans les légitimités traditionnelles qui sont les dépositaires de nos traditions, des us et coutumes et aussi les auxiliaires de l’État dans leurs communautés respectives ».
Le patriarche des familles fondatrices de Bamako, Souleymane NIARE, a déploré la disparition des vestibules dans nos familles, lieu de rencontre, d’initiation.
« Je me souviens, quand j’étais encore jeune, de Kidira (Kayes) à Kidal, les chefs se rencontrent ici à Bamako, et aussi en dehors même du Mali », a déclaré le doyen NIARE.
« Nous avons une charge énorme, un devoir sacré que nous ne devons pas gaspiller, tuer ou négliger. Les autorités posent le jalon, montrent le chemin, mais il est temps qu’on encourage la citoyenneté, le sens du devoir», a-t-il conseillé.
L’appel du Grand Sérigne
de Dakar
Au nom des Chefs traditionnels de la sous-région qui ont effectué le déplacement, le Grand Sérigne de Dakar, le suzerain Papa Ibrahima DIAGNE Chef supérieur de la Collectivité Lebou, Ambassadeur Itinérant auprès du Président de la République du Sénégal, s’est réjoui de la tenue de cette rencontre qui, dit-il, est d’une importance capitale. Il a invité les Chefs d’État africains à solliciter les conseils des autorités et légitimités traditionnelles dans certaines prises de décisions.
Avant de terminer, il a plaidé pour la libération des 46 soldats ivoiriens détenus au Mali dans un cadre de dialogue et de relations apaisées.
En procédant à l’ouverture officielle des travaux, le ministre de la jeunesse et des sports, chargé de l’instruction civique et de la construction citoyenne, Moussa Ag ATTAHER, a rappelé qu’au Mali, la chefferie traditionnelle depuis les premières heures, a toujours joué un rôle important dans la gestion des affaires de la cité.
Garantes de la stabilité et de la cohésion sociale, la chefferie traditionnelle, a-t-il fait savoir, a joué des fonctions multiples, tantôt administrative, tantôt de justice, tantôt de défense et de sécurité, tantôt de sauvegarde de bien et des services publics, tantôt de veille sur les us et coutumes. Elle a vu se concentrer en elle toutes les missions du service public.
À l’issue de cette rencontre, des résolutions fortes seront formulées et serviront de boussole pour les autorités pour l’instauration d’une paix durable au Mali et voire dans la sous-région.
Par Abdoulaye OUATTARA
Source : Info-Matin