La situation sécuritaire du Mali se complique de jour en jour. Le nord devient un imbroglio difficile à démêler. D’une opposition irrédentiste, les réalités apparaissent de plus en plus.
Il n’y a pas de conflit identitaire au Mali. Le Sahel est la région la plus métissée. Il est difficile de trouver quelqu’un de « pure souche ». Avec les dernières milices qui prolifèrent, les réalités affleurent : au nord, la problématique c’est le trafic de drogue, d’hommes, d’armes, de contrebande…
Les oppositions Gatia CMA, la prolifération des milices peuls, opposées les unes aux autres, et tous plus ou moins à l’autorité centrale, les « djihadistes »… tout cela montre qu’il n’y a aucune idéologie dans les multiples mouvements actuels. Il y a deux idéologies qui sous-tendent tout ce qui se passe maintenant : les « cadres » à Bamako qui exacerbent les divisions, et les trafiquants qui veulent garder des no man’s land.
Les premiers, les cadres, souvent frustrés de ne pas avoir eu de promotion, amènent ces questions au-devant, juste pour défendre leur cause personnelle. Ainsi, de plus en plus, on entend des notions autrefois étrangères chez nous comme « quota », « région », « ethnie », toutes choses qui, au Mali, en tout cas, à première vue, ne veut rien dire. Il y a des Kéita peul, Bobo, bambara, nobles, castés. On peut multiplier l’exemple avec tous les patronymes. Mais, juste pour des causes, on sort des notions qui ont court ailleurs.
En plus, la crise Gatia CMA a révélé que tout le combat consiste à garder des positions intéressantes, à se ménager des couloirs et à sauvegarder ses intérêts. Tant mieux si en le faisant, on peut en faire profiter une communauté. Et tant pis, si, pour cela, il faut actionner des divisions communautaires ou brandir l’arme fatale de la communauté brimée, ignorée ou sous représentée.
L’idéologie djihadistes, les revendications identitaires et ethniques, finalement, dans notre cas, consistent juste à satisfaire des agendas, à venger des frustrations personnelles. Mais, en tout état de cause, il y a une faiblesse de l’Etat central qui a fait croire à des individus que l’heure est venu pour eux, soit de s’enrichir de l’argent sal, soit de faire carrière en empruntant la courte échelle.
Alexis Kalambry
Source: lesechos