Assiste-t-on au retour d’une deuxième vague de la pandémie de Covid-19 au Mali ? Dans un entretien accordé ce 23 novembre 2020, à la radio des Nations unies au Mali (MIKADO), le Prof. Akory AG IKNANE, Directeur de l’institut national de santé publique, estime que ce n’est pas à exclure. En tout cas, ces quatre derniers jours, l’augmentation exponentielle du chiffre de contagion, 174 cas, est de nature à inquiéter l’opinion et les spécialistes.
Pour le Pr Akory, on ne peut pas parler d’une augmentation inhabituelle. Malgré le fait qu’on a une baisse importante de la courbe épidémioloque, on sait qu’avec tout ce que se passe en occident, dans les autres pays avec une reprise de l’épidémie, au Mali, on ne va pas rester indemne. Ce qui favorise ça au Mali, c’est surtout cette ouverture des frontières. Surtout les grands mouvements qu’il y a eu ces derniers temps. Selon lui, il y a des équipes de miniers qui arrivent directement au niveau des mines sans qu’ils n’aient aucun certificat COVID-19 négatif. Parce que ne passant pas par l’aéroport de Bamako, ils vont directement au niveau des mines.
« On n’a pas la possibilité de les contrôler s’ils sont négatifs ou positifs à la COVID-19 tel que le recommande le règlement sanitaire international. Donc, on a eu suffisamment de cas au niveau de ces mines », déplore-t-il.
Deuxièmement, c’est les grands rendez-vous qui ont eu lieu à Bamako, ces derniers temps qui ont aussi une part de responsabilité dans la montée du nombre de cas, selon le directeur de l’INRSP.
« D’ailleurs, vous avez vu qu’après la fête du Maouloud, on a eu une remontée. Dans les deux ou trois, on va s’entende à une remontée avec les funérailles du président défunt, Amadou Toumani TOURE. Bien que nous ayons pris les dispositions à l’entrée, en prenant les températures, en appliquant le gel hydro-alcoolique aux gens, en donnant la bavette à ceux qui n’en ont pas, on s’est rendu compte que, dès que les gens rentrent, ils enlèvent la bavette », a déploré le Pr Akory.
Pour l’instant, c’est un peu prématuré de parler de l’arrivée d’une seconde vague au Mali, dira-t-il, à l’image des pays européens.
« Nous allons suivre, s’il n’y a pas suffisamment de cas importés. Pour l’instant, c’est surtout au niveau des mines où la situation est vraiment très préoccupante. Il y a une seule mine qui à elle seule représente 4,5% de l’ensemble des cas enregistrés jusqu’à maintenant. Ça, c’est énorme. Nous avons pris des dispositions pour que cette mine qui ne respecte pas les recommandations sanitaires, les respecte. Les autorités sanitaires ont du mal à pénétrer dans la mine pour chercher les contacts des cas positifs », a-t-il préconisé. Akory préfère encore se donner du temps pour observer la situation, dans les semaines à venir, avant d’apprécier s’il s’agit véritablement d’une reprise.
Pour ce qui est du vaccin, le professeur dit avoir reçu le message de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) pour demander aux pays qui souhaitent faire une commande de le faire dès maintenant.
« Nous, nous avons fait la commande. On ne sait pas à quel moment le vaccin va être mis en circulation. Mais le nombre assez élevé de cas au niveau des pays du nord, la demande est extrêmement forte, car c’est des pays extrêmement peuplés. Mais, avec le mouvement des populations, il est extrêmement important que tout le monde soit vacciné », a-t-il expliqué. En tout cas, pour ce que de notre pays, a soutenu que la commande a été faite. Toutefois, il pense que pour ce qui de l’efficacité de ce vaccin, il y a lieu de prendre du recul ‘’pour voir quel est son efficacité’’.
Par Abdoulaye OUATTARA
Source : INFO-MATIN