Tout comme les ordures, la gestion des eaux usées constitue de nos jours le talon d’Achille du cadre de vie dans nos villes et campagnes, avec cependant un accent particulier pour les villes. De nos jours, les villes, surtout celles de la partie sud du pays, connaissent une explosion démographique sans précédent.
Sur les quelque 2,2 milliards de citadins dans le monde, 1,3 milliard vivent dans les villes du Sud. Le Mali n’est pas en reste, avec une population urbaine estimée à 20%. Le taux moyen annuel de croissance urbaine au Mali est de 5,7%. Cette explosion démographique au niveau des villes s’explique par le développement économique, l’amélioration des réseaux d’échanges et d’information, les économies d’agglomération, etc. Ces facteurs, caractéristiques des villes, encouragent la venue des populations, à la recherche de meilleures conditions de vie. Pour étayer cette assertion, la Banque mondiale estime que 80% de la croissance économique future aura lieu dans les villes et les agglomérations urbaines. Au Mali, dans les zones urbaines, semi-urbaines et rurales, les populations se trouvent dans des conditions d’hygiène très précaires par manque de services d’assainissement adéquat. Selon les dernières enquêtes démographiques et de santé du Mali (Edsm-III), 33% des populations disposent de système adéquat d’assainissement en zones urbaines et seulement 9% en zones rurales. D’une manière générale, les populations utilisent les ouvrages d’assainissement individuels dont les latrines et les fosses septiques. Les infrastructures d’assainissement collectif et semi-collectif sont essentiellement concentrées à Bamako et dans quelques capitales régionales et dans la plupart des cas, rejettent les effluents dans le milieu naturel sans aucun traitement. Les conditions d’évacuation des boues de vidange provenant des ouvrages d’assainissement individuels sont très souvent insatisfaisantes, car elles sont soit déversées sur les terrains vagues, dans les champs, dans les ravins ou même parfois dans les cours d’eau, sans un traitement préalable. Par ailleurs, en dehors de quelques unités industrielles, les autres déversent leurs effluents dans la nature sans traitement. Cette situation impacte considérablement la santé humaine. C’est ainsi que sur le plan sanitaire, l’insuffisance quasi générale des systèmes de collecte et de traitement des eaux usées accentue l’importance des maladies liées au péril fécal. C’est-à-dire qui désigne le danger que représentent les selles du point de vue de la transmission de maladies infectieuses. La présence des vecteurs infestés associés aux écosystèmes aquatiques entretiennent nombre de maladies endémiques.
Les matières fécales contaminent par des apports massifs les eaux usées domestiques, urbaines, industrielles qui elles-mêmes contamineront les sources, les rivières, les points d’approvisionnement en eau potable, les rizières ou les cultures maraîchères, etc. Cette pollution constitue à la fois un ensemencement du milieu qui permettra d’entamer les processus d’épuration et représente un risque sanitaire sérieux pour l’Homme et les animaux. Selon l’OMS, 80 à 85% des maladies ont un lien étroit avec l’insuffisance d’assainissement en Afrique intertropicale. La plupart des personnes affectées ou décédées par maladie le sont suite à une maladie d’origine hydrique, ou associée à un vecteur hydrique. Les principales maladies sont la typhoïde, le paludisme, les hépatites, le typhus, le choléra, les dermatoses, les maladies gastro-intestinales. D’où la nécessité d’un puissant système de gestion, d’évacuation et d’épuration des eaux usées pour réduire le taux d’infections microbiennes.
Présentée par Jean Goïta
Source: La Lettre du Peuple