L’espoir d’un Mali Kura, d’un nouveau départ, est en train d’être hypothéqué par des pratiques et des gaffes au sommet de l’Etat. L’intégration à la fonction publique sans passer par un concours, la fuite des sujets à ciel ouvert et la lettre du ministre de l’Education nationale truffée de fautes désespèrent une grande partie de la population sur l’ambition des autorités de donner une nouvelle impulsion après des années de scandales.
Un an après le coup d’État contre le pouvoir dirigé par Ibrahim Boubacar KEITA, l’horizon reste toujours obscur. Jour après jour, l’espoir d’un nouveau Mali débarrassé des anciennes pratiques ayant conduit à la déliquescence de l’État prend un grand coup. Et les récentes actualités ou les gaffes des autorités du pays renfoncent ce désarroi de la population qui se pose la question si le discours de rupture n’était pas un slogan pour l’endormir.
Les faits sont têtus et sacrés. Quelques mois plutôt, des milliers de personnes se mobilisaient, à Bamako au monument de l’Indépendance et à l’intérieur du pays, pour décrier les scandales de corruption, de favoritisme dans la gestion de l’État. Des pratiques qui ont conduit à creuser l’inégalité sociale, entretenir l’injustice et à faire naître le sentiment d’abandon chez de nombreuses couches de la société. Lesdites couches pendant toute la durée des 7 ans de l’ancien régime se sont senties exclues. D’où leur soif de changement.
À ce jour, beaucoup d’entre elles sont pessimistes à cause des scandales dont des responsables de la Transition se rendent coupables, à l’image de l’intégration à la fonction publique de nombreux agents sans passer par un concours, selon certaines sources. Une approche sélective, discriminatoire, en violation des textes, mais pour autant assumée par le pouvoir. Même au temps d’IBK dont la gestion a été jugée catastrophique, une telle pratique n’a pas été tolérée. Au lieu de rassurer le peuple, ces faits entretiennent le désespoir. De quoi alimenter la méfiance d’une partie de la population sur les discours de rupture et de changement tant clamés par les auteurs du coup d’État et leur allié du M5-RFP. Ce qui est certain, on ne change pas une mauvaise pratique par une autre.
À cela s’ajoute l’organisation chaotique de l’examen du Baccalauréat avec la fuite spectaculaire des sujets. L’école censée être le premier élément de la refondation de la nation est en déconfiture sous la Transition. L’on apprend que jamais organisation de l’examen du Baccalauréat n’a été aussi mauvaise. Pendant ce temps, des acteurs en faisant fi des réalités sur le terrain, se félicitent et s’envoient des messages de remerciements. Si le déni de vérité était, en grande partie, à la base de la chute du régime d’IBK, la Transition qui a promis au peuple la vérité se professionnalise dans la négation, dans la déformation des faits, tout en miroitant un avenir radieux.
Quid de la fameuse lettre de la ministre de l’Éducation nationale, celle en charge de la formation des enfants qui humilie toute la nation, à travers ses fautes de grammaire. Ce document qui fait l’objet de tous commentaires sur les réseaux sociaux montre qu’on est loin de la promesse d’encourager l’excellence dans les postes de prise de décision. Aussi, si besoin en est, c’est la preuve que le pays est dirigé à certains égards sur l’amateurisme. Sinon, une petite lettre d’un ministre de la république ne devrait pas se retrouver sur la place publique et bourrée de fautes.
Des gaffes de trop qui assombrissent l’avenir et nous attestent que le bout du tunnel n’est pas si près comme cela est miroité dans les discours. À ce stade, le pays a juste changé de régime, mais de pas de pratiques. Les mauvaises pratiques, qui ont souillé le pouvoir IBK, continuent de plus belle.
Par Sikou BAH
Source : Info-Matin