Le Gouvernement a organisé, ce lundi, une conférence de presse pour faire le point de ses réalisations, de ses ambitions et contraintes en matière d’infrastructures et d’équipements. L’objectif était de tenter de désamorcer la crise des routes qui est en train de s’étendre dans le pays, singulièrement dans le Nord où l’Etat ne contrôle rien du tout. Les ministres, pour ne s’être pas suffisamment concerté, la sortie censée montrer l’unité du Gouvernement dans l’action s’est soldée par une dissonance sur l’approche stratégique pour juguler la tension montante, notamment concernant Tombouctou.
Mis sous forte pression par la sortie accablante du locataire de Koulouba et le printemps de routes qui profile, le Premier ministre qui ne pouvait manquer une visite de travail, dit-on vitale (recherche de fonds pour le développement et la lutte contre le terrorisme), en France, a ordonné au Gouvernement d’aller au charbon afin d’informer et de rassurer les Maliens. L’urgence des urgences est de parvenir à apaiser la colère et l’exaspération des jeunes et cadres tombouctiens, de tous les bords, qui reçoivent chaque heure les soutiens et les bénédictions des femmes et des notables de la Cité des 333 saints.
Au pied levé, notre ancien confrère, Yaya SANGARE, dimanche soir dans le 20h de l’ORTM, a bien rendu les éléments de langage qu’il affine avec maestria lors de la conférence de presse de ce lundi qu’il avait annoncé.
Loin d’un mépris envers cette Cité millénaire, la plus connue du Mali à travers le monde et pour la mémoire des saints qui y gisent, le porte-parole du Gouvernement, en bon communicateur, a exalté la fibre patriotique et ciblé l’émotionnel des manifestants de Tombouctou.
Sur un ton grave, Yaya SANGARE dira en s’adressant aux jeunes de Tombouctou : «le Gouvernement n’a l’intention de mépriser qui que ce soit…Le Gouvernement reconnaît la légitimité de ces revendications citoyennes. (Mais) le Gouvernement n’a pas les moyens et ne peut satisfaire tout, (et) tout de suite. » Un langue d’humilité et de vérité, qu’il avait auparavant tenu au 1er leader des jeunes du Collectif avec lequel il affirme avoir échangé ce lundi matin.
Prenant le contre-pied de ce discours conciliant du ministre porte-parole du Gouvernement qui prêche l’apaisement et la concorde, son homologue du Dialogue social, Oumar Hamadoun DICKO, prend la parole pour tenir des propos guerriers, discourtois, insultants comme s’il voulait mettre de l’huile sur le feu. L’ancien membre du Directoire de campagne de Soumaila CISSE coopté dans le gouvernement de mission après avoir participé à toutes les agitation pour faire tomber le régime tacle les journalistes et les activistes : « Nous sommes dans un système de perversion de l’information. » Oumar Hamadoun DICKO veut-il la place de Yaya SANGARE ou simplement prouver à Boua qu’il fait bien la vaisselle ? Ou bien est-il là pour saboter de l’intérieur l’action du Gouvernement ?
Convié pour combler le décor d’une prise de parole du Gouvernement, l’opposant égaré dans la Majorité s’est présenté en ces termes : «je suis le Ministre du dialogue social, je suis un pompier». Un pompier pyromane ? En tout cas, il a soufflé lors cette conférence de presse sur des braises ardentes au lieu de chercher à les éteindre quand il a balayé la légitimité reconnue des doléances de Tombouctou pour dire de manière méprisante : «nous demandons aux gens de Tombouctou de savoir raison garder, aux gens de Gao, de savoir raison garder. » Un ministre soucieux de l’apaisement et de la cohésion sociale aurait employé « aux frères » au lieu de « gens » impersonnel, hautain… Pourtant ce n’est pas faute de culture ; parce qu’il paraît qu’il est « professeur » ! A moins qu’il ne s’agisse d’un professeur pacotille à la réputation surfaite et à l’expérience ratatinée.
Mais Oumar Hamadoun DICKO, comme ses semblables du Gouvernement, n’a cure des égards, du respect et de la compassion envers des populations submergées par leurs attentes et leurs angoisses. Oubliant que chez lui il n’y a pas de route, il se substitue au porte-parole du Gouvernement, au ministre de l’Administration territoriale, au ministre de la Sécurité, et à l’ensemble du Gouvernement, même au Président IBK lui-même pour décréter : « un gouvernement, c’est une programmation, une planification. Aucun État ne peut tout faire en même temps. Nous sommes un pays en guerre, fragilisé. Nous avons un problème avec la citoyenneté, les gens en abusent…
Au Mali on abuse… On participe à la faiblesse de l’autorité de l’État… Les revendications doivent se faire dans un cadre organisé…»
Sinon quoi ? Il faut gazer et mater, parce qu’on a encore en stock les lacrymos payés pour faire pleurer les opposants et les engins de maintien d’ordre qui s’enrouillent ? Que le temps passe vite ! Discours d’opportunité et de circonstance d’un ancien du COPPO (Collectif des Partis Politiques de l’Opposition) qui a fui la répression de la junte et qui brandit le glaive contre les pauvres populations de Tombouctou et Gao qui ne demandent qu’une route ! Une route mille fois promise, jamais réalisée.
PAR BERTIN DAKOUO